Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

 

Faits saillants: 

- Nigéria : le gouvernement ratifie l’accord de libre-échange continental africain ; l’accès au crédit s’améliore mais la récession pourrait fragiliser le secteur bancaire ; le Nigéria enregistre 26 millions de nouvelles souscriptions téléphoniques en un an ; la banque digitale nigériane Kuda a réalisé une levée de fonds 10 MUSD ;

-  Ghana : signature de deux prêts avec la Chine pour le développement de la téléphonie et du système de gestion du trafic ; le gouvernement souhaite développer les exportations d’huile de palme.

 

Le chiffre de la semaine: 

83 609

C’est le nombre de développeurs informatiques au Nigéria, soit le premier effectif d’Afrique où on en compterait environ 700 000.

Source: Étude de Google et de la International Finance Corporation

Nigéria

Le gouvernement ratifie l’accord de libre-échange continental africain.

Ce mercredi 11 novembre, le Conseil exécutif fédéral du Nigéria a ratifié son adhésion à la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). La signature de cet accord par le Nigéria était intervenue le 7 juillet 2019, lors du 12ème Sommet extraordinaire de l’Union Africaine. Initié en 2010, ce projet a pour objectif de réduire les tarifs douaniers de 90% pour les États signataires d’ici quinze ans. Les pays signataires ont jusqu’au 5 décembre pour le ratifier avant le lancement effectif de la ZLECAf le premier janvier 2021. Il s’agira de la plus grande zone de libre-échange au monde, par le nombre de pays participants, représentant un PIB de plus de 2 500 Mds USD et rassemblant plus de 1,2 milliard de personnes. Le Nigéria comptant à lui seul 17,1% du PIB du continent. Pour rappel, il est aujourd’hui plus coûteux de commercer au sein du continent africain qu’avec l’extérieur. Le commerce continental ne représentait ainsi que 9,2% du commerce du Nigéria avec l’ensemble de ses partenaires en 2018 et seules 3,5% des importations du Nigéria proviennent de pays africains. Alors que le Nigéria maintient toujours ces frontières terrestres fermées depuis août 2020, des autorisations exceptionnelles viennent d’être accordées aux groupes Dangote et BUA pour exporter du ciment vers le Niger et le Togo, ce qui laisse présager un infléchissement de la politique nigériane à cet égard, sans qu’aucune annonce officielle n’ait cependant été faite dans ce sens par les autorités.

L’accès au crédit s’améliore mais la récession pourrait fragiliser le secteur bancaire.

D’après l’enquête sur les conditions de crédit menée par la Banque centrale auprès des ménages et des entreprises, l’accès au crédit se serait amélioré en ce troisième trimestre 2020. Le crédit disponible devrait à nouveau progresser lors du dernier trimestre de l’année. En ce qui concerne les ménages il est à noter une baisse de la demande de crédits immobiliers de 10,3% alors que la demande de prêts non garantis est en hausse (+19,1%). Quant aux entreprises, la demande de crédit est repartie à la hausse (+34,9 pour les PME) et cela devrait être également le cas au quatrième trimestre. Par ailleurs, le taux de défaut a diminué ce trimestre mais les préteurs s’attendent à un repart à la hausse des défauts dans le trimestre à venir. Pour rappel, d’après la Banque centrale le taux de prêts non performants atteignait 6,1% fin août. De plus, d’après Bloomberg, les tests de résistance bancaire conduits par la Banque centrale, indiqueraient que les institutions de crédit pourraient être en difficulté en cas de récession aggravée en cette fin d’année 2020. En cas de contraction de l’activité économique de 3,5% au troisième trimestre, le ratio de fonds propres passerait de 15% à 11,2%. Dans le cas où la chute atteindrait 4% lors du dernier trimestre, les réserves passeraient alors sous la barre des 10% (9,3%). Pour rappel, la législation nigériane demande aux banques qui opèrent à l’international d’avoir un ratio de fonds propres de 15% et de 10% pour celles qui ne sont présentes que sur le marché domestique.

Le Nigéria enregistre 26 millions de nouvelles souscriptions téléphoniques en un an.

Selon la Nigerian Communication Commission, le Nigéria comptait 205 millions d’abonnés téléphoniques actifs en septembre 2020, contre 179 millions en septembre 2019. Avec 82,6 millions d’abonnés et 40,3% de part de marché (en hausse +3,8 points en un an), la branche locale du sud-africain MTN accentue sa domination du secteur, suivi par la filiale nigériane de l’indien Airtel avec 55,3 millions d’abonnés et 27% de part de marché (-0,3 point sur les 12 derniers mois) en concurrence avec Glo (54,2 millions d’abonnés et 26,5% de part de marché, soit une baisse d’un point sur l’année). Enfin 9mobile compte 12,7 millions d’abonnés soit 6,2% du marché (-2,3 points par rapport à l’an passé). Le nombre d’abonnés internet a également connu une hausse sensible (+23%) : de 122,8 millions en septembre 2019 à 151,1 millions en septembre 2020. Par ailleurs la télédensité, le nombre de lignes actives pour 100 habitants, a dépassé 100 en mai dernier : le Nigéria compte désormais plus d’abonnements actifs que d’habitants. Le marché des télécommunications nigérian pèse aujourd’hui plus de 6 Mds USD, soit 14,3% du PIB national, ce qui en fait le premier marché d’Afrique.

La banque digitale nigériane Kuda a réalisé une levée de fonds 10 MUSD.

Kuda est une banque digitale, licenciée auprès de la CBN (Banque centrale du Nigéria) qui propose des services bancaires complets accessibles (gestion de compte courant, épargne, virement, carte de débit…) à tous les détenteurs de téléphone mobile, elle vise les particuliers et bientôt les PME. Fort de sa licence de banque digitale auprès de la CBN, Kuda n’est pas seulement une application fintech (de services financiers digitaux) ou un portefeuille mobile qui se greffe à des banques existantes mais bien une banque à part entière. Kuda est d’ailleurs la première banque nigériane totalement digitale, à l’instar de ses homologues européens Revolut ou N26. Lancée en septembre 2019 par Babs Ogundeyi et Musty Mustapha, elle compte déjà 300 000 clients et traite en moyenne plus de 500 MUSD de transactions chaque mois. Les fonds levés serviront à améliorer leurs services et réaliser des recrutements afin de mieux répondre à la demande de leurs clients au Nigéria. Cette levée de fonds représente le premier montant d’Afrique levé en seed-stage (premier tour de table avec des investisseurs permettant de définir et de valider le concept vis-à-vis du marché). Cette opération a été dirigée par le fonds capital-risque allemand, Target Global, en collaboration avec le fonds anglais Entrée Capital et le japonais SBI Investment.

 

Ghana

Signature de deux prêts avec la Chine pour le développement de la téléphonie et du système de gestion du trafic.

Le Ghana va bénéficier de deux financements octroyés par la Chine, le premier sera dédié au développement du système de gestion du trafic urbain à Accra (100 MUSD) et le second au déploiement du réseau téléphonique dans les régions rurales (155 MUSD). Le financement de 100 MUSD destiné à la gestion du trafic dans le grand Accra sera octroyé par la China Development Bank. En qualité d’aide publique au développement, le projet financé bénéficiera d’exonérations fiscales approuvées par le Parlement ghanéen. Il consiste en la seconde phase d’installation d’un système intégré de caméras de surveillance, dont une partie est destinée à la surveillance des infractions routières, dans la ville d’Accra. La première phase du développement de la gestion du trafic, grâce à l’appui de caméras installées dans la ville, a été réalisée par l’AFD de 2011 à 2020. Huawei devrait fournir une partie du matériel nécessaire. Par ailleurs, Huawei mènera le développement du réseau téléphonique dans les zones rurales du pays. Ce contrat sera financé par un prêt de 155 MUSD de la China Exim Bank au Ghana Investment Fund for Electronic Communications (GIFEC), la structure publique ghanéenne chargée du développement des télécommunications dans le pays. Pour permettre à 3,4 millions de ghanéen d’être connectés au réseau téléphonique national, le projet devrait permettre la construction de 200 sites télécoms. Depuis 2016, le GIFEC a permis à 2000 communautés rurales, soit près de 1,2 millions de ghanéens, d’avoir une connexion au réseau téléphonique dans le cadre du Rural Telephony Project. A terme, ce projet devrait permettre de faire passer la couverture du réseau téléphonique de 83 à 95%. La Chine est le premier fournisseur du Ghana : avec 18% de part de marché, ses exportations vers le Ghana s’élevaient ainsi à 1,9 Mds USD en 2019.

Le gouvernement souhaite développer les exportations d’huile de palme.

Le ministère du Commerce et de l’Industrie et son agence chargée du soutien aux exportations, la Ghana Export Promotion Authority (GEPA), estiment que le Ghana pourrait exporter annuellement 134 MUSD d’huile de palme au cours des 10 prochaines années. En 2018, la production domestique d’huile de palme était inférieure à la consommation locale. Alors que le pays exportait 100 000 tonnes d’huile de palme, il en importait ainsi 320 000 tonnes. Dans son ensemble, la CEDEAO connaîtrait une situation analogue, avec une demande non couverte de 850 000 tonnes. La Stratégie nationale de développement des exportations mise en place par les autorités ghanéennes prévoit de s’appuyer sur les besoins de la sous-région comme débouchés au développement de la filière au Ghana. La GEPA en est le principal acteur, l’établissement a pour mission de soutenir les exportations non-traditionnelles du Ghana, c’est-à-dire de l’intégralité des produits exportables à l’exception des principaux postes d’exportations que représentent l’or, les hydrocarbures et le cacao non-transformé. Afin de pousser à la hausse les exportations d’huile de palme, la GEPA souhaite mettre en avant les exportations d’huile de palme transformée. Celles-ci se sont élevées à 71,3 MUSD en 2018, dont 96% étaient à destination de pays de la CEDEAO, le Sénégal représentant le premier marché à l’export pour l’huile de palme transformée ghanéenne. L’implication d’investisseurs étrangers participe aussi au développement des capacités productives de la filière : en 2019, le sud-coréen Posco et le groupe SocFin, détenu en partie par le groupe Bolloré, avaient chacun investi dans le secteur. Posco s’est impliqué dans le développement d’une raffinerie de palmier à huile quand la SocFin a investi 20 MUSD dans une usine de traitement des palmiers à huile.

 

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