1. SITUATION SANITAIRE (COVID-19)
L'Espagne durcit les mesures sanitaires à Madrid et dans les zones les plus touchées. Après un bras de fer entre le gouvernement central et la région de Madrid sur les mesures restrictives nécessaires pour freiner l’expansion de la pandémie, le ministère de la Santé a adopté hier et publié ce 1er octobre de nouvelles restrictions pour les villes de plus de 100 000 habitants les plus touchées par la pandémie. Ces mesures s’appliqueront dès le 3 octobre dans 10 villes de la région de Madrid, dont la capitale : restrictions de mobilité, limitations plus strictes des regroupements de personnes. Le gouvernement régional de Madrid a d’ores et déjà annoncé un recours en justice. L’Espagne enregistre 31 973 décès (24 décès lors les dernières 24 heures et 547 lors des 7 derniers jours) pour 778 607 cas positifs (+3 715/+0,5%) au 1er octobre.
 
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a classé le Portugal en « tendance inquiétante », mais « risque modéré ». Le 30 septembre, le ministère portugais de la Santé a fait état de 825 cas supplémentaires, portant le total des infections à 25 041. La région de Lisbonne et Bord du Tage compte pour 48% des nouvelles infections. Sur l’ensemble de l’année, les projections de BPI research estiment que le domaine artistique et le secteur des loisirs seront les premiers touchés (-30%), suivi des transports et de l’hôtellerie (25%). Ces mauvaises performances se sont traduites par une augmentation du chômage pour ces secteurs, avec plus d’un quart des employés de ces secteurs désormais concernés.
 
La situation sanitaire s’améliore en agriculture. Les cas groupés de Covid associés au secteur agricole sont en baisse. Ils ne représentent plus que 9% des cas détectés en Espagne.
2. ACTUALITES AGRICOLES ET FORESTIERES
 
  • Politiques agricoles – Future PAC
Le Ministre Planas confirme le changement de cap. Le ministre espagnol de l’Agriculture, de la pêche et de l’alimentation, Luis Planas, multiplie les interventions pour confirmer le changement de philosophie de la future PAC, recadrant ainsi certaines Communautés autonomes (notamment l’Andalousie) qui restent arc-boutées sur les droits historiques des aides du premier pilier. Il a rappelé à cette occasion les priorités du Plan stratégique espagnol : durabilité environnementale, lutte contre le changement climatique, digitalisation, renouvellement des générations.
 
Le Portugal espère un accord politique sur la réforme de la PAC lors du Conseil d’octobre. Selon la ministre de l’Agriculture, bien qu’il y ait encore quelques points à améliorer, comme les conditions d’aide à l’irrigation, les modifications apportées à la proposition de la Commission sont positives. Elle a également soutenu qu’il devrait y avoir un traitement adéquat pour la « petite agriculture », et a souligné l’importance du programme POSEI pour les régions ultra-périphériques, défendant une fois de plus le maintien de son enveloppe financière.
 
Augmenter la production agroalimentaire, une priorité pour le gouvernement portugais. Le ministère de l’Agriculture a défini les objectifs de la stratégie agricole pour la prochaine décennie, financés majoritairement par les fonds européens et alignés sur les objectifs du Pacte vert européen et dans la stratégie « De la ferme à la table ». L’un des objectifs est d’augmenter la valeur de la production agroalimentaire de 15% et de promouvoir les produits agroalimentaires portugais, l’organisation de la production et la transition agro-énergétique dans les chaînes de valeur.
 
  • Santé animale
Peste porcine africaine : plan de prévention au Portugal, analyse commerciale en Espagne. Après la détection récente d’un cas de peste porcine africaine (PPA) en Allemagne, le ministère portugais de l’Agriculture a demandé aux producteurs, commerçants, industriels, transporteurs, chasseurs et vétérinaires de renforcer les mesures de biosécurité, dans le cadre du plan d’action pour la prévention de la PPA 2019-2021. En Espagne, les producteurs s’attendent à un report sur l’UE des exportations allemandes de viande de porc destinées aux marchés asiatiques, avec un impact significatif sur les prix. Ils estiment qu’ils seront en mesure de combler le vide laissé par l’Allemagne en Asie, mais de manière progressive. Toutefois, ils redoutent une possible distorsion du marché du porc si les mouvements d’animaux vivants allemands à destination de l’Espagne s’intensifient.
 
  • Vin
Les exportations espagnoles de vin ont chuté de 7,1% en valeur et 11,6% en volume au premier semestre 2020, d'après l'Observatoire espagnol du marché du vin. Le secteur espère une légère reprise au second semestre, grâce à la forte diversification des marchés à l'exportation.
 
Prévisions de vendanges : une année « normale » sur la péninsule. L’Espagne devrait produire entre 42 et 44 Mhl de vin, soit 14% à 19% de plus que l’an dernier (37 Mhl). Le gouvernement régional de Castille-la-Manche, principal bassin de production, prévoit une récolte « normale », de 23 Mhl de vin et de moût, en dépit de la crise sanitaire du coronavirus. Au Portugal, le rendement des vendanges 2020 devrait baisser d’environ 5% par rapport à 2019, à environ 6 Mhl, avec des disparités régionales importantes. Les baisses pourraient atteindre 20% à 30% dans le nord et le centre du Portugal, régions affectées par de mauvaises conditions météorologiques.
 
Des volumes espagnols disponibles 2020/2021 supérieurs à la moyenne. Les sorties totales des bodegas lors de la campagne 2019/2020 sont inférieures de 5% à celle de la campagne précédente. Les stocks de fin de saison s'établissent à 34,6 Mhl, soit 6,7% de moins que les 37,1 de la campagne précédente et 6,8% de plus que la moyenne des cinq dernières campagnes. Ces données de stock, ajoutées aux prévisions de vendanges établies par le secteur, conduisent à des disponibilités 2020/2021 de 72,1 Mhl, 2,3% de plus que la moyenne des cinq dernières campagnes. Pour alléger le marché, le ministère envisage, en complément de la limitation des rendements dans les parcelles à raisins de cuve et des mesures exceptionnelles qui ont mobilisé 91,5 M€ en trois mois (distillation de crise, stockage privé, vendange en vert), d'augmenter de 10 à 15% le volume d'alcool obligatoire que doivent contenir les sous-produits du vin.
 
  • Huile d’olive
Un projet de décret espagnol pour palier l’instabilité du marché de l'huile d'olive. Le ministère de l'Agriculture a soumis à consultation jusqu'au 28 septembre prochain un projet de décret royal, qui établit les règles de base pour l'application de l'article 167 bis du règlement (UE) 1308/2013, régissant les normes de commercialisation de l'huile d'olive. Cette nouvelle norme de commercialisation sera activée dès que la situation du marché le nécessitera (notamment si les stocks sont supérieurs d’au moins 25% à la moyenne des stocks des 6 dernières campagnes et d’au moins 15% de la campagne antérieure), afin de rétablir sa stabilité. Elle prévoit des mesures concrètes de régulation de l’offre, telles que le retrait temporaire de l'huile d'olive, la transformation pour usages non alimentaires et la planification de la production par une récolte précoce. Il sera également possible de limiter les rendements des parcelles d’oliviers (à l’hectare) et de réguler le rendement d’extraction de l’huile.
 
  • Céréales
Céréales automne/hiver : des prévisions en hausse en Espagne, en baisse au Portugal. Le ministère espagnol de l’Agriculture a revu à la hausse les prévisions de récolte de céréales automne-hiver pour cette année, à 21,23 millions de tonnes, soit une hausse de près de 43% par rapport à la récolte 2019 (qui n’avait pas dépassé 15 Mt). Au Portugal en revanche, la récolte devrait rester inférieure à 200 000 tonnes, pour la deuxième année consécutive. Les baisses de production concernent principalement le blé tendre et l’avoine (-10%), ainsi que le blé dur et le triticale (-5%).
 
  • Agrumes
Consommation et prix producteurs record depuis la crise sanitaire en Espagne. En raison de leur qualité de conservation et de leurs effets bénéfiques pour la santé, les agrumes ont tiré leur épingle du jeu. La consommation espagnole de janvier à mai a augmenté de 5,1% en volume et 17% en valeur tous agrumes confondus, le citron arrivant largement en tête (consommation en hausse de 11,2%). Les prix aux producteurs ont suivi, notamment l’orange dont le prix moyen sur la campagne a été multiplié par 2 par rapport au prix moyen 2018/19.
 
Des volumes espagnols élevés (près de 7 Mt) attendus pour la campagne 2020/21. Selon des premières estimations du ministère de l’Agriculture, la production espagnole d’agrumes pour la campagne 2020/21 s’élèverait à 6,93 Mt, en hausse de 12% par rapport à la campagne antérieure et de 5% par rapport à la moyenne des 5 dernières campagnes.
 
Lancement d’un programme portugais de lutte biologique contre le greening. L’expérimentation menée fin 2019 ayant été conclusive, le ministère portugais de l‘Agriculture lance un programme national de lutte biologique contre le Psylle africain (Trioza erytreae), vecteur de la bactérie responsable du greening des agrumes (ou HLB).
 
  • Fruits à pépins
Volumes 2020 en net repli au Portugal. La productivité des vergers de fruits à pépins devrait fortement se dégrader, en raison notamment d’épisodes de grêle et de températures élevées. Les prévisions indiquent une chute de 35% pour la poire (une des campagnes les moins faibles des 20 dernières années) et 20% pour la pomme.
 
  • Secteur Forêt-bois
Le pin portugais a le vent en poupe. Tous produits confondus, les exportations de pins ont augmenté de 3% en 2019 pour atteindre 1,8 Md€, avec une forte progression des ventes de granulés, à 99 M€ (+45% en glissement annuel). Selon l’association du secteur, les exportations de panneaux ont augmenté de 13% (209 M€), et celles de mobilier de 2% (745 M€). A l’inverse, les exportations résineuses globales ont baissé de 6% (103 M€), ainsi que les pâtes et papiers (-2%, 347 M€). La filière du pin a représenté 36% des exportations des industries de la forêt et du bois en 2019.
 
Le Portugal produit 50% du liège mondial et représente plus de 60% des exportations. La France, les États-Unis et l’Espagne sont les principaux marchés de destination des exportations portugaises. Le secteur a une dynamique de croissance, tiré par la demande de son principal marché de destination, le vin.
3. COMMERCE EXTERIEUR
 
États-Unis : l’Espagne et le Portugal vent debout contre l’arrivée sur le marché du « jambon ibérique américain ». L’importation par deux sociétés nord-américaines de porcs noirs de la péninsule ibérique pour produire, au Texas et en Géorgie, un jambon dénommé « jambon ibérique américain », suscite de vives inquiétudes dans les filières porcines espagnoles et portugaises.
 
États-Unis : pour contourner les sanctions douanières américaines, les industriels espagnols importent. Avec une production moyenne de 1,5 Mt, l’Espagne assure à elle-seule presque la moitié de la production mondiale. Toutefois, lors de cette campagne, le pays a importé pas moins de 230 000 t d’huile d’olive (principalement du Portugal et d’Afrique du nord), soit un bond de 63% par rapport à la campagne 2018/2019, devenant ainsi le 3ème importateur derrière l’Italie (500 000 t) et les États-Unis (320 000 t). C’est en effet la parade qu’ont trouvée les industriels espagnols pour rester présents sur le marché américain, dans le contexte des sanctions douanières imposées par l’administration Trump à l’huile d’olive espagnole depuis le 18 octobre 2019, dans le cadre du conflit Airbus.
 
Brexit : sans accord entre l’UE et le Royaume-Uni, seulement 39% des exportations portugaises seraient exonérés de droits. Selon la Direction Générale des Activités Economiques, la liste des produits portugais exonérés comprendrait les médicaments, les produits chimiques, le bois et le liège, les plastiques, le papier et la pâte à papier, les produits en aluminium, le fer, l’acier ainsi que les machines et les appareils.
 
Brexit : les marques « Porto », « Port » et « Douro » resteront protégées. L’Institut des Vins du Douro et Porto (IVDP) a annoncé que ces appellations d’origine sont protégées au Royaume-Uni, depuis leur enregistrement auprès du « UK Intellectual Property Office », et le resteront.
 
Brexit : les exportations agroalimentaires espagnoles vers le R-U ont dépassé 4 Md€ en 2019, soit près de 11% du total des exportations agroalimentaires du pays. Le Royaume-Uni est ainsi le 5ème marché pour les produits espagnols, derrière la France, l’Allemagne, l’Italie et le Portugal. Les fruits et légumes constituent plus de la moitié des ventes espagnoles vers le R-U. Les importations espagnoles de produits agroalimentaires britanniques représentaient seulement 2,3 Md€, permettant à l’Espagne de dégager un excédent commercial de 1,7 Md€.
 
L’Espagne a perdu 25% de ses ventes de vin en Asie au premier semestre 2020. En pleine crise due à la pandémie mondiale de coronavirus, les exportations espagnoles de vin vers l'Asie ont chuté de près d’un quart, notamment en raison de l'effondrement du marché chinois. Le Japon – qui enregistre des pertes inférieures à la moyenne – dépasse la Chine et devient le premier débouché asiatique pour le vin espagnol en valeur.
 
Malgré la crise, les exportations portugaises de fruits, légumes et fleurs battent des records. À la fin du 1er semestre 2020, les exportations de fruits, légumes et fleurs ont augmenté en valeur de 6,2 % en g.a., à 826 M€, et de 4,6 % en volume.
4. PECHE MARITIME ET AQUACULTURE
 
Prévention des captures accidentelles de cétacés : des aides en Galice, des recommandations au Portugal. Après la mise en demeure, en juillet dernier, de l’Espagne par la Commission pour sa protection insuffisante des cétacés pris dans les filets de pêche, le ministère régional des pêches de la Galice (principale région de pêche, totalisant plus de la moitié des captures du pays), a annoncé la mise en place d’aides visant à limiter les pêches accidentelles des mammifères. Cofinancées par le FEAMP, elles encouragent les chalutiers hauturiers opérant en mer Cantabrique et Gran Sol, ainsi qu’aux palangriers opérant dans l'Atlantique nord-est, à investir dans les nouveaux équipements et technologies permettant d’éviter ces captures accidentelles. Au Portugal, l’Institut de la Mer et de l’Atmosphère recommande l’installation d’équipements de dissuasion des dauphins (« pingers »), actuellement obligatoires uniquement entre Espinho (Nord du Portugal) et Praia da Vieira (Leiria). Les données du suivi de l’Institut de Conservation de la Nature et de la Forêt réalisé entre 2015 et 2019 ont montré qu’en moyenne 277 cétacés morts sont comptabilisés chaque année, principalement des dauphins et des marsouins, capturés dans les filets portugais. Par ailleurs, des groupes de cétacés apparaissent de plus en plus fréquemment dans le Tage et d’autres fleuves nationaux.
 
Patriotisme alimentaire : le ministre portugais de la Mer soutient la conserve de poisson. Lors d’une intervention récente au Parlement, le ministre a salué l’initiative de l’Association nationale des fabricants de conserves de poisson, qui a lancé une campagne « Conserves du Portugal - Conservons ce qui est à nous », visant à encourager la consommation de conserves nationales de poisson sur le marché intérieur. Environ 70% de la production portugaise de conserves est exportée chaque année (43 000 t, 226 M€).
 
Des aides exceptionnelles pour pallier l’impact du Coronavirus sur la pêche et l’aquaculture portugaises. Selon les données fournies par le ministère de la Mer, 91 demandes d’aides ont été approuvées et 18 M€ ont été demandés. Un appel à candidatures pour les entreprises de transformation du poisson a également été lancé, avec un budget de 1,5 M€. Cette aide a fait l’objet de 8 candidatures, pour une demande globale d’investissement de 1,7 M€.