Focus : une croissance de la déforestation qui risque encore de durer ?

Les dernières données du suivi de la déforestation en Amazonie arrêtées fin juillet par l’Institut de recherches spatiales (INPE) font état d’une croissance de 34% au cours des douze derniers mois (août-juillet) par rapport à la même période de l’année précédente qui enregistrait déjà une croissance de 50%. Ce sont 9 200 km² de forêt amazonienne qui ont été supprimés sur les douze derniers mois. Selon des données issues du projet MapBiomas, la déforestation est quasiment systématiquement illégale. Elle est soit faite sans autorisation préalable, ou dans une zone interdite.

Face à ce problème, le vice-président de la République, également pilote de la force environnementale en Amazonie, a adopté ces dernières semaines un discours reconnaissant la nécessité d’agir. Une interdiction de réaliser des feux en forêt a été décrétée (cf. B de BRICS n°149) ainsi qu’une prolongation jusqu’au mois de novembre du déploiement militaire en Amazonie pour lutter contre la déforestation. Néanmoins, plusieurs experts estiment que l’envoi de militaires ne donnera pas les résultats escomptés car les efforts devraient porter sur un renforcement des équipes spécialisées dans les feux de forêts et les délits environnementaux. A ce stade, le vice-président communique sur tout chiffre qu’il peut présenter comme positif.

Le fait est que la croissance de la déforestation place le Brésil dans une situation délicate. Tout d’abord vis-à-vis de sa politique nationale sur le changement climatique. Un décret de 2018 fixe un objectif de réduction de 80% des taux annuels de déforestation par rapport à la période 1996-2005 (19 500 km2/an). Cela équivaut à un taux de déforestation qui ne devrait pas dépasser 3 900 km2 en 2020. Ensuite, le Brésil se place en position de fragilité vis-à-vis de ses engagements internationaux dans le cadre de l’Accord de Paris. Ils prévoient en effet une suppression de la déforestation illégale d’ici 2030. En outre, pour le secteur agricole, la déforestation induit des effets indirects qui sont déjà visibles dans certaines zones du sous-continent : réchauffement et modification du régime des pluies. Cela génère un coût potentiellement important pour le secteur agricole brésilien. A moyen terme, il s’agit d’une menace pour un pays qui souhaite se placer comme un fournisseur mondial de confiance. Par ailleurs, des menaces de boycott pourraient être mises à exécution, ainsi que le développement de politiques plus strictes de lutte contre la déforestation importée de la part des principaux clients du Brésil.

La ministre chargée de l’agriculture rappelle que la déforestation n’est pas causée par l’agronégoce exportateur et que la grande majorité des producteurs ruraux sont en conformité avec le code forestier. Cela va dans le sens des conclusions d’une étude publiée récemment dans la revue Science qui affirme que 2% des producteurs sont responsables de 60% de la déforestation illégale en Amazonie et dans le Cerrado. Cette production illégale représenterait 20% des exportations de soja et 17% des exportations de viande bovine vers l’Union européenne. Face à ces chiffres, il n’a pas été noté, à ce jour, de plan d’actions consensuel pour que le Brésil se remette sur le chemin du respect de ses engagements internationaux et nationaux en la matière. Il ne serait pas surprenant qu’une posture davantage tournée vers les résultats et plus pragmatique se mette en place si les menaces venaient à devenir réalité.

Agriculture et commerce

L’EMBRAPA et Agri-Food Canada (AAFC) signent un MOU

 

Signé le 22 juillet, le document formalise une coopération technique entre les deux institutions. Les principales thématiques sont l’amélioration génétique du blé et le changement climatique ainsi que l’édition génétique et l’agriculture de précision.

La banque du développement du Minas Gérais prépare l’émission de 90 M€ de titres verts avec l’appui de la banque interaméricaine de développement

L’émission devrait intervenir dans les mois qui viennent et sera la première pour cette banque d’un grand Etat agricole brésilien. Le secteur de l’agriculture durable est listé dans les objectifs de financement. Les titres émis devraient avoir une durée de vie de 5 ans et seraient cotés à la bourse de Londres ou du Luxembourg.

Consultation publique sur la stratégie nationale de propriété intellectuelle

Elle est lancée jusqu’au 13 septembre 2020. Les autorités indiquent que l’objectif est d’améliorer le système national de propriété intellectuelle et de développer son utilisation par la société brésilienne. Pour accéder à la consultation, les étrangers peuvent indiquer leur numéro de passeport dans le champ « CPF ».

Publication de la liste des entreprises pouvant continuer à utiliser des noms d’IG protégés

Conformément aux dispositions prévues dans le cadre de l’accord UE-Mercosur, les autorités brésiliennes ont publié le 25 août (Portaria N°2) la liste des entreprises du pays qui, au nom de l’antériorité de l’utilisation du nom d’une IG protégée, pourront continuer à l’utiliser suite à la mise en œuvre de l’accord.

Viande bovine « zéro carbone » : lancement de VIVA la première ligne de production officielle par MARFRIG

Sur la base des travaux conduits par l’EMBRAPA bétail, concluant à la capacité de 200 arbres/hectares en système agropastoral d’absorber le méthane produit par 11 bovins, l’entreprise MARFRIG a mis officiellement en production fin août sa ligne « VIVA » certifiée « carbone neutre ». Dans un premier temps la gamme des différentes pièces sera distribuée sur le marché brésilien au sein de l’enseigne Pão de Açúcar.

 

Alimentation et sécurité sanitaire

Publication de l’agenda réglementaire du secrétariat sanitaire (SDA) du MAPA

 

Le MAPA a publié la Portaria 277 du 7 août 2020 fixant les priorités réglementaires de la SDA pour la période 2020-2021. A noter : quelques thèmes majeurs comme la révision du système de contrôle aux frontières, l’analyse de risques d’importation de produits agro-alimentaires, la loi sur les vins et le décret général sur les boissons, etc…

Actualisation du décret de base sur l’inspection des denrées animales (RISPOA)

Le MAPA a mis à jour le 18 août 2020 (décret 10.648) le décret nommé RISPOA (décret 9013 du 29 mars 2017) servant de base à l’ensemble du système d’inspection des produits animaux afin d’y apporter certaines modernisations. Celles-ci concernent notamment les modalités d’attribution de l’agrément aux établissements producteurs et les systèmes d’inspection.

Publication du règlement d’identité et de qualité (RTIQ) du lactosérum

Le MAPA a publié le 17 août, suite à la publication en consultation précédemment signalée, l’IN 80 qui établit le règlement d’identité et de qualité (RTIQ) s’appliquant aux lactosérums.

Actualisation de la liste des organismes de quarantaine végétaux absents du Brésil

Suite à une nouvelle analyse de risques de l’organisation de protection des végétaux du cône sud, le Brésil a récemment actualisé (IN 80 du 24/08/2020) la liste des nuisibles des végétaux absents du territoire. Douze nuisibles (tous des insectes) ont été ajoutés et sont donc désormais réglementés, pouvant à l’avenir entrainer certaines exigences pour les pays exportateurs qui n’en seraient pas exempts.

Un nouveau stimulant des végétaux à base de nanoparticules de carbone

L’Embrapa et l’UNB ont révélé les résultats d’une recherche montrant l’efficacité en matière de stimulation des plantes potagères d’un fertilisant à base de nanoparticules de carbone dénommé Krill A 32. Les résultats sont présentés comme prometteurs au Brésil où les nanoparticules ne font pas l’objet d’une polémique forte comme en Europe.

Intensification de l’enregistrement des produits de biocontrôle en 2020

Dans la lignée du volontarisme du ministère de l’agriculture brésilien à favoriser le secteur du biocontrôle, dont témoigne la parution récente du plan national bioinsumos, le MAPA continue en 2020 sur cette lancée. Ainsi, de 2015 à 2019, 41 biointrants ont été enregistrés en moyenne par an soit 5 fois plus que la moyenne des 15 années précédentes. En août 2020, suite à la publication d’une nouvelle liste de produits le 20 août (Ato 48), 56 produits de biocontrôle ont déjà été enregistrés montrant une accélération importante des enregistrements cette année.

Six nouveaux états considérés libres de fièvre aphteuse sans vaccination

Dans le cadre du programme national brésilien de lutte contre la fièvre aphteuse, le MAPA a reconnu le 14 août, 6 nouveaux états comme libres de fièvre aphteuse sans vaccination (IN 52 du 11 août 2020). Il s’agit des Etats de l’Acre, du Paraná, du Rio Grande do Sul et du Rondônia. Certaines zones de l’Amazonas et du Mato grosso ont également acquis ce statut.

Environnement

Campagne de sensibilisation « Dites oui à la vie et non aux feux »

 

Lancée par le vice-président de la République, elle vise à ce que la population amazonienne prenne conscience des risques inhérents à la pratique du brûlis en la sensibilisant afin de remplacer cette technique par d’autres jugées plus sûres.

Première émission de titres verts pour le secteur agricole

Elle visera au développement de la production de produits biologiques et l’investissement en irrigation et dans une fabrique de biofertilisants par l’entreprise Rizoma. Il s’agit du leader de la production de graines et de légumineuses biologiques au Brésil. L’emprunt d’une valeur d’environ 4 M€ et est encadré par la Climate Bond Initiative. Cette dernière estime le marché des titres vers à une valeur d’environ 100 Mds€ d’ici 10 ans.

Entreprises

Club Agro

Forte croissance des exportations de mousseux pour Salton

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Les exportations de vin brésilien se développent et parmi les produits les plus compétitifs, le mousseux est au premier plan. L’entreprise vitivinicole Salton a développé ses ventes à l’exportation de 30% sur le premier semestre 2020 par rapport à 2019, grâce à la signature d’un contrat avec un réseau de distributeurs aux Etats-Unis.

L’entreprise de travaux agricoles GDR Agroindustrial investit 33 M€

Dans le cadre du développement des grandes cultures au Brésil, GDR Agroindustrial a mobilisé un financement de la Banque nationale de développement (BNDES) visant à acquérir de nouvelles machines agricoles et équipements embarqués et accroître sa zone de cultures de 75 000 ha actuellement à 150 000 ha dans les Etats du Mato Grosso, Bahia, Tocantins et Pará. L’objectif est de terminer l’année 2021 avec un chiffre d’affaires d’environ 150 M€.

DB Genética Suína investit dans deux nouveaux bâtiments de reproducteurs porcins

Le montant de l’investissement et le nombre de place n’ont pas été précisés par l’entreprise partenaire du danois DanBred. Les femelles reproductrices qui y seront installées seront importées du Danemark en provenance de l’entreprise DanBred.

Partenariat entre Business France et le programme TechStart Food Innovation

Ce programme issu d’une initiative conjointe d’acteurs brésiliens débutera sa phase en ligne en octobre 2020 et son programme physique en 2021. Le partenariat récemment noué s'inscrit dans le cadre de la mission d'accélération française FoodNEST. Il vise la présentation de solutions et expertises d'entreprises françaises au secteur brésilien de l’innovation pour l'industrie alimentaire, ainsi que la découverte d'initiatives brésiliennes intéressées par un développement dans l'écosystème alimentaire français.

Festival des vins du Portugal

Des entreprises regroupées sous la bannière de ViniPortugal vont investir dans un plan de promotion du vin portugais dans des supermarchés du Brésil. Il mobilisera 500 000€ et consistera en la réalisation d’un festival des vins du Portugal en partenariat avec l’association brésilienne des supermarchés. Des dégustations viseront à faire découvrir de nouveaux cépages et régions et des formations seront données à des spécialistes en vin des supermarchés. Elle devrait se dérouler du 23 octobre au 1er novembre 2020 dans environ 3 000 supermarchés sur les 96 000 que compte le pays.