Bien que l’Argentine soit parvenue, avec succès, à restructurer sa dette obligataire en devises, améliorant ainsi très nettement le profil des remboursements sur la période 2021-2023, la solvabilité de l’État n’est pas encore jugée satisfaisante. Les déséquilibres macroéconomiques font craindre un ajustement brutal du change et des prix.

Après six mois de négociations avec les créanciers, le ministre de l’économie Martin Guzman a annoncé la restructuration de 99,01 % de la dette obligataire en devises sous législation étrangère (65 Mds USD). Le taux d’adhésion élevé (93,4 %) a permis l’activation des clauses d’action collective dans la majorité des séries.

 

La restructuration de la dette externe détenue par les créanciers privés permet à l’Argentine d’économiser 37,7 Mds USD sur la période 2020-2030, grâce notamment à la baisse du taux d’intérêt moyen de 7 % à 3,07 % et à la réduction du capital de 1,9 %. Le haircut pour les créanciers, calculé avec un taux de sortie de 10%, ressort ainsi à 45,2% en moyenne. L’émission des nouveaux titres vendredi, pour 63,2 Mds USD, s’est accompagnée d’une envolée de la cotation moyenne à 51 USD (+14 % pour les titres sous loi new-yorkaise), ce qui correspond à un taux de sortie de 11 %.

 

Le succès de la restructuration de la dette obligataire (un tiers de la dette publique qui s’élève à 324 Mds USD) permet au gouvernement d’entamer les discussions avec le FMI pour notamment refinancer la dette (environ 45 Mds USD). Un nouvel accord avec le Fonds pourrait s’accompagner d’un programme économique visant à soutenir la stabilisation macroéconomique. Dans cette perspective, le gouvernement prévoit une consolidation budgétaire graduelle avec un objectif de déficit primaire à 4,5 % du PIB en 2021. L’amélioration des équilibres budgétaire et monétaire sera l’un des principaux enjeux des discussions, car la poursuite d’une forte croissance de la masse monétaire (+79 % en g.a en juillet 2020), à un rythme qui serait supérieur à celui de la reprise économique, pourrait accroître les tensions inflationnistes (prévisions d’inflation à 40 % en 2020) et le risque d’un ajustement brutal du change.