Actualités agricoles au Brésil n°149
Focus : le Brésil se mobilise contre le système européen de LMR
Dans le contexte de la récente publication en mai de la stratégie « farm to fork » de la Commission européenne (incluant des objectifs « ambitieux » en termes de développement durable), la Confédération nationale agricole brésilienne (CNA) a organisé une série de conférences sur le thème des Limites maximales de résidus (LMR), dont une exclusivement dédiée à la question des LMR européennes. Pour un grand pays exportateur de produits végétaux, comme le Brésil, cette question est en effet centrale car les producteurs et exportateurs doivent jongler au moment de la production et de la vente avec les LMR des différents pays ou blocs acheteurs des produits. Les autorités et professionnels brésiliens tiennent un discours en général particulièrement critique vis-à-vis du système de LMR européen. Le système européen de définition des LMR est pourtant un des plus développé dans le monde et il inclut : l’étude systématique des valeurs de LMR définies par le CODEX, la définition d’une LMR de base (0,01 ppm) pour des couples substances/production qui n’ont pas de LMR définies en Europe (produits tropicaux,..) et la possibilité de faire une demande de tolérance à l’importation (TI) pour définir des LMR spécifiques. Depuis 2009, l’Union européenne (UE) via ce canal a approuvé 83% des presque 500 demandes de tolérance à l’importation formulées en majorité par les Etats-Unis, le Canada et plus accessoirement le Brésil (top 3 des pays demandeurs). Le discours critique des brésiliens à l’égard des LMR européennes, comme indiqué lors de la conférence dédiée à ce thème, tient donc plus au système général d’approbation des produits phytosanitaires dans l’UE qu’au règlement spécifique sur les LMR. En effet, l’UE, évalue les risques des substances à visée phytosanitaires mais certaines substances jugées soit mutagènes (cat 1A et 1B), soit perturbatrices endocriniennes ou à caractère de polluant organique persistant sont exclues de l’analyse. En effet, l’UE juge que, face à ces dangers particuliers, il n’y a pas de mesures de réduction des risques véritablement satisfaisantes et qu’une évaluation de risques ne pourrait vraisemblablement pas conclure à la sécurité humaine ou environnementale de ces substances. De fait, dans un discours particulièrement caricatural les opposants à cette vision, dont le Brésil, affirment que l’UE pratique une évaluation des dangers et pas des risques, comme s’il s’agissait d’un modèle archaïque, non scientifique et incohérent avec les directives internationales. La crainte de ces pays est qu’au gré de la mise en place des textes d’application de la stratégie « farm to fork » la Commission revienne sur les tolérances à l’importation pour les substances interdites d’utilisation dans l’UE. Ces pays font donc front commun pour critiquer l’UE au sein des instances internationales sur ce sujet et exercer ainsi une pression maximum pour conserver cette possibilité.
Information COVID-19 : La veille d’actualités COVID-19 sur la zone Brésil – Argentine - Chili, avec un focus sur les secteurs de l’agriculture, l’alimentation, la forêt et la pêche est désormais accessible via ce lien.
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Alimentation et sécurité sanitaire |
Alimentation animale : centralisation des enregistrements d’établissements et de produits |
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Un nouveau texte concernant les conditions d’enregistrement des établissements et des produits du secteur de l’alimentation animale est paru le 22 avril 2020 (IN 17 du 15 avril 2020). Celui-ci sans changer les textes fondateurs du secteur réorganise les modalités d’organisation des enregistrements. Désormais les demandes que cela soit d’enregistrement des établissements ou des produits ainsi que les notifications (cadastro pour les produits exemptés d’enregistrement) ne seront plus faites au niveau des superintendances fédérales mais seront centralisées au niveau du MAPA via un dépôt complètement informatisé dans le logiciel SIPEAGRO. Les établissements d’ores et déjà enregistrés ont un délai de 6 mois pour faire une nouvelle demande via ce nouveau canal. Délai d’approbation tacite des produits phytosanitairesDans le cadre de la déclinaison pour le ministère de l’agriculture de la loi brésilienne de « libération économique » un arrêté ministériel a été adopté (Portaria 43/2020) fixant des délais très courts d’approbation tacite pour les produits phytosanitaires. Un projet de décret-loi (65/20) est en cours d’étude par le parlement pour revenir sur ces dispositions. En effet, certains parlementaires sont très critiques vis-à-vis de l’application de cette loi dans des secteurs pouvant impliquer la santé humaine. Pour autant, les juristes considèrent que le texte adopté par le MAPA est sans conséquence car celui-ci ne se prononce que sur l’efficacité agronomique et ne peut enregistrer un produit sans les avis de l’IBAMA et l’ANVISA. Or l’IBAMA a refusé d’appliquer un tel délai aux produits phytosanitaires. Nouvelles dispositions facilitant l’enregistrement des produits biofertilisantsLe MAPA a publié le 15 juillet 2020, l’IN 61 du 8 juillet 2020 fixant les critères auxquels doivent répondre les produits biofertilisants pour faire l’objet d’un enregistrement au Brésil. Ce texte ne concerne pas les « inoculants » (produits fertilisants à base de bactéries) qui feront l’objet d’une instruction spécifique. Ce texte en clarifiant les conditions d’enregistrement de ces produits s’inscrit dans les objectifs du plan « bioinsumos » qui vise à favoriser le développement des intrants biologiques au Brésil. |
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Environnement |
Ratification du protocole de Nagoya |
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Le Brésil est entré dans le groupe des pays ayant ratifié le protocole de Nagoya. Ce texte prévoit de gérer les règles d’utilisation des ressources génétiques et les bénéfices qui découlent de leur utilisation. La ratification de ce protocole est l’une des conditions pour la participation à la COP15 sur la biodiversité prévue en 2021 en Chine. Moratoire sur les feuxDans un contexte de croissance des feux de forêt en Amazonie durant le premier semestre 2020, un décret a mis en place un moratoire sur les feux réalisés dans le cadre de pratiques agricoles ou forestières dans les régions de l’Amazonie légale et du Pantanal, jusqu’à la mi-novembre 2020. Les feux restent permis dans les autres biomes sous réserve d’autorisation préalable, ainsi que dans certains cas particuliers (populations traditionnelles et autochtones, recherche…) Un manque de politiques de soutien à la régénération des forêtsDans un contexte de croissance de la déforestation dans le pays qui se poursuit, des chercheurs de l'Initiative pour la politique climatique (CPI) ont mis en évidence un manque de surveillance et de politiques publiques dédiées aux terres déboisées au Brésil. Or ces terres, dont la surface est estimée à 17 millions d’hectares, représentent un enjeu pour le stockage du carbone, la régulation du climat et la biodiversité qui devrait être accompagné par des politiques environnementales spécifiques selon ces chercheurs. |
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EntreprisesClub Agro |
Le groupe Carrefour Brésil enregistre un résultat historique au second trimestre |
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Les informations publiées par le groupe Carrefour Brésil pour le second trimestre 2020 font état d’une croissance du résultat net de 74,6% avec un développement exceptionnel du e-commerce dans un contexte de pandémie. JBS développe un service de fret dématérialisé pour les éleveursL’entreprise JBS Transportadora, filiale du géant JBS a annoncé le lancement de l’application Uboi à la suite d’un investissement de 170 000€. Son objectif est de contractualiser en ligne le transport des animaux destinés aux phases d’élevage et d’engraissement. L’application est présentée comme offrant une traçabilité en temps réel du fret et utilisant des chauffeurs certifiés en matière de protection animale. Piracanjuba investit près de 14 M€ dans une unité de production de fromageL’objectif annoncé est de construire la plus grande unité de production de fromage du Brésil. Elle sera située dans le Sud du pays, à São Jorge D'Oeste dans l’Etat du Paraná. Investissements dans la filière du poulet dans le TocantinsL’entreprise Frango Americano, appartenant au groupe Santa Izabel Alimentos a annoncé investir plus de 19 M€ pour développer sa production de poulet ainsi que d’aliments pour poulets au sein de son unité basée à Paraíso do Tocantins, dans l’Etat du Tocantins.
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