Région Amérique Andine : Le marché de l'emploi dans le contexte du Covid-19
Flash Info : Brèves N° 34 - semaine du 21 au 27 août 2020
Le confinement et les restrictions à l’activité économique ont engendré dans l’ensemble des pays de la région une forte hausse du chômage et/ou de l’informalité. Plusieurs de ces pays ont cependant vu le chômage reculer à mesure que de nouveaux secteurs économiques étaient rouverts par les autorités.
En Bolivie, où des mesures de confinement ont été prises dès fin mars, les chiffres du T2 ne sont pas disponibles (l’institut national des statistiques a indiqué qu’il ne publierait plus de données relatives à l’emploi avant la fin de l’année). A titre de référence, en mars, le pays comptait 5,8 M d’actifs soit 70,9% de la population en âge de travailler, pour un taux de chômage de 4,3% et un taux de sous-emploi de 4,4%.
En Colombie, après un plus haut en mai (à 21,4%), le chômage a reculé à 19,8% de la population active en juin (contre 9,4% un an plus tôt et 12,6% en moyenne au 1er trimestre 2020). La population active occupée rebondit également depuis un point bas en avril (18,3 M contre 16,5 M et 21,4 M au T1), tandis que celle des inactifs recule (17 M contre 19,1 M au pic d’avril et 15,2 M au T1). Cette amélioration générale du panorama est cependant essentiellement attribuable à la reprise de l’activité dans les communes rurales et de petite taille (moins touchées par la pandémie et à la réactivation sectorielle plus rapide), le chômage poursuivant sa progression dans les treize grandes villes (24,9% en moyenne en juin contre 23,5% en avril, 24,5% en mai et 12,6% en moyenne au T1).
En Equateur, le taux de chômage a atteint 13,3% de la population active en juin (3,9% en décembre 2019). Selon la Banque Centrale, 335.000 personnes auraient perdu leur emploi entre mars et mai. Les secteurs les plus touchés sont le commerce (-105.000 emplois), le transport (-43.800), l’industrie manufacturière (-36.700) et les professions libérales (-28.000). Le sous-emploi (au sens large, emploi partiel compris) est de 70% et le taux d’emploi plein de la population active avoisine seulement 17% en juin.
Au Pérou, le taux de chômage a atteint au T2 un plus haut depuis au moins 2012, à 8,8% des actifs (contre 3,6% en avril-juin 2019). Ce chiffre relativement bas du chômage cache cependant la réduction considérable de la population active, passé de 17,4 M au T1 (70,2% de la population en âge de travailler) à 11,3 M (45,3%) au T2. L’emploi dans tous les secteurs non-primaires ainsi que les mines et la pêche s’est effondré au T2 (en g.a.), avec des reculs allant de -55% pour le commerce à -68% pour la construction. Dans le secteur agricole, principal employeur, l’emploi a augmenté de 17,3%, ramenant la perte d’emplois pour tous les secteurs à -39,6%.
Au Venezuela, en l’absence de données officielles, les témoignages se multiplient faisant état de licenciements massifs et d’une montée des activités informelles, en particulier dans la restauration. Pourtant, lors de l’adoption des mesures de confinement en mars dernier, le gouvernement avait prolongé l’interdiction de licencier, en vigueur depuis 2002, jusqu’en décembre 2020 et promis de prendre en charge les salaires des employés du secteur privé inscrits sur la plateforme publique Patria. Néanmoins, en l’absence de mesures de soutien, les entreprises privées réduisent leur activité et 60% d’entre elles estiment qu’elles pourraient tomber en faillite à l’horizon d’une année si les mesures de confinement sont maintenues (enquête de Conindustria au T1). Dès lors, le taux de chômage dans le secteur formel pourrait dépasser 50% en 2020, selon l’économiste Jesús Casique, après 35% en 2018 selon les estimations du FMI.