Focus : quelques éléments sur la souveraineté alimentaire au Brésil en temps de pandémie

La question de la souveraineté alimentaire au Brésil n’est pas posée dans les mêmes termes que la réflexion actuelle au sein de l’Union européenne ou de la France. A ce jour, il n’y a pas eu de difficulté majeure d’approvisionnement alimentaire signalée par le MAPA.

Il est vrai que le pays est autosuffisant à plus de 100% pour une grande diversité de produits. Pour autant il doit structurellement recourir à certaines importations pour certains produits agricoles comme le blé. Il n’a pas été noté d’alerte relative aux approvisionnements en intrants pour l’agriculture ou l’industrie agroalimentaire, mais le pays reste vigilant sur ces approvisionnements dont il est le premier importateur mondial pour plusieurs d’entre eux.

Ce panorama ne doit pas pour autant faire oublier les difficultés d’accès aux aliments pour une partie de la population brésilienne (dont 4,5% est en situation de sous-nutrition en 2018 selon la FAO). Le pays pourrait revenir sur la carte de la faim dans le monde cette année (cf. B de BRICS n°145). Le déblocage d’une enveloppe de 90 M€ pour développer la distribution d’aliments aux populations en difficulté vise à répondre à cet enjeu, mais il s’agit probablement d’une réponse partielle dans un contexte où le gouvernement vient d’annoncer l’extension d’une des principales politiques sociales, la Bolsa familia.

Le MAPA et l’ensemble du secteur se placent clairement sur le registre d’un Brésil souverain au plan alimentaire, capable de répondre à la demande mondiale en aliments tant sur le plan de la quantité que de la qualité, sans oublier les garanties de développement durable. La pandémie est vue comme une opportunité pour renforcer la place du pays sur la scène alimentaire mondiale. Pour y parvenir, outre l’ouverture et le développement des marchés, le Brésil rappelle la nécessaire suppression des restrictions injustifiées aux échanges et des aides publiques agricoles distorsives. Il souhaite développer les certifications de produits, diversifier son offre et finaliser des accords commerciaux.

Agriculture et commerce

Des associations vitivinicoles demandent la mise en place de barrières à l’importation de vin au Brésil

 

Dans un document adressé au ministère de l’économie le 27 mai 2020, trois associations vitivinicoles (Uvibra, représentant les producteurs de raisin ; Agave et Fecovinho, représentant les producteurs de vins communs ainsi que les coopératives du Sud du Brésil) demandent la mise en place des mesures suivantes pendant au moins 5 ans :

  • Un droit d’importation de 27% pour les vins et mousseux (principalement ceux provenant du Chili bénéficiant d’un droit nul) ;
  • La mise en place d’un mécanisme de contrôle des importations via une approbation préalable des licences d’importation.

Les associations demandent un strict alignement sur les règles appliquées aux vins produits sur le territoire national. La demande aurait fait réagir les deux associations défendant les importateurs brésiliens (Abrabe et ABBA). La demande est en cours d’examen par le ministère de l’économie. La dernière demande de ce type remonterait à 2012. Elle n’avait pas débouché sur la mise en place de mesures de restriction.

Publication du plan stratégique du MAPA 2020 2027

Le MAPA a mis en ligne une nouvelle version de son plan stratégique pour 2020-2027. Celui-ci est constitué sur la base d’une « vision du futur souhaité par le MAPA » (être reconnu pour l’innovation, l’agilité et la qualité de sa mise en place des politiques publiques et des services pour le développement durable des filières) et de valeurs déclinées en objectifs stratégiques et indicateurs de succès. Il aboutit à 16 programmes stratégiques dont (autocontrôles, image de l’agriculture brésilienne, défense sanitaire aux frontières, irrigation,….). Le programme complet est accessible via ce lien.

Le gouverneur de l’Etat du Ceará met en place une exonération de taxes pour l’introduction d’intrants agricoles

Le décret 33.620 du 10 juin 2020 du gouverneur de l’Etat du Ceará met en place une exemption de la taxe ICMS (taxe sur les échanges inter-Etats) pour les introductions d’intrants agricoles à des fins de production de fertilisants, aliments pour animaux, fongicides et insecticides. La mesure est applicable jusqu’au 31 décembre 2021. L’objectif est de favoriser le développement du secteur agricole de l’Etat qui est en croissance.

UE/Mercosur : cinq ONG ont demandé la suspension du processus de ratification de l'accord entre l'Union européenne et le Mercosur

La demande a été déposée le 15 juin par 5 ONGs (fédération internationale des droits humains, ClientEarth, Fern, Institut Veblen et Fondation Nicolas Hulot) auprès de la Défenseuse publique de l’UE, Emily O'Reilly. Le communiqué de presse de ces ONG indique que la Commission européenne n’a pas respecté son obligation légale de garantir l’absence de dégradation sociale, économique et environnementale ou de violation des droits humains avec cet accord. Les ONG demandent qu’avant de poursuivre le processus de ratification, la Commission finalise l’étude d’impact incluant la consultation de la société civile sur les conclusions et recommandations.

Chute des abattages de bovins sur le T1 et records pour les poulets et porcs

Les abattages de bovins au Brésil ont baissé de 8,5% par rapport au T1 2019 dans un contexte de chute de la demande intérieure. Les abattages de poulets et porcs, établissent un nouveau record, en croissance de 5% par rapport au T1 2019 pour les poulets et à 5,2% pour les porcs, poussés par la demande chinoise.

Prévision d’importations records de blé au Brésil en 2020

La CONAB (équivalent de FAM en France) prévoit une plus faible offre en blé issu du marché intérieur en 2020 ainsi qu’une hausse de la demande intérieure, qui s’établirait à 12,513 millions de t n 2020. Cela va nécessiter des importations à hauteur de 7,3 millions de tonnes. Il s’agirait du plus haut niveau d’importation de blé depuis 2006.

Une pétition en Allemagne appelle au boycott de produits brésiliens

La pétition lancée le 9 juin vise à mettre la pression sur les principaux réseaux de supermarchés allemands (Lidl, Edeka et Aldi Nord) du fait de la déforestation en Amazonie. Les produits agricoles sont les principaux visés. Organisée à l’initiative de l’ONG Campact dont le siège est basé à Berlin, la pétition aurait recueilli plus de 300 000 signatures selon la presse brésilienne. Elle s’inscrit dans la ligne de la menace de boycott formulée en mai dernier par le BRC au Royaume-Uni. L’objectif de l’ONG est l’abandon des régularisations foncières détruisent des écosystèmes. Pour mémoire, un projet de régularisation foncière est en cours de discussion au Congrès (cf. B de BRICS n’° 146).

Chute sensible de la production de vin au Brésil en 2019

La baisse de production s’établit à -34% avec 2 millions d’hL contre 3,1 millions d’hL en 2018. Le Brésil est le 18ème pays producteur de vins dans le monde. Il perd 3 places par rapport à 2018 selon les données de l’OIV. Le marché maintien son rang de 17eme marché de consommation dans le monde (3,3 millions d’hL).

Importations de vin au Brésil : la France première de la croissance en valeur

L’année 2019 est un bon cru pour les importations de vins français au Brésil : première de la croissance en valeur (+17,2%) et seconde de la croissance en volume derrière l’Argentine (+8,2%) [cf. graphiques ci-dessous de l’observatoire espagnol du marché du vin relayés par l’opérateur E Vino].

 

 

 

 

 

 

 

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Alimentation et sécurité sanitaire

Un projet de loi pour créer un programme d’appui à la commercialisation de fruits et légumes durant la pandémie

 

Le projet, en discussion à la chambre des députés, vise à appuyer le développement de la commercialisation des fruits et légumes non transformés par des agricultures familiaux ainsi que les structures agricoles de petite et moyenne taille par les moyens suivants :

  • La mise en place d’achats institutionnels de ces produits à ces producteurs est proposée, avec mise à disposition gratuite des aliments acquis aux populations en situation d’insécurité alimentaire. Cela permettrait de répondre aux pertes actuelles de production en l’absence de débouchés.
  • La mise en place de crédits ruraux spécifiques pour ces producteurs.

Ouverture du marché thaïlandais aux produits laitiers brésiliens ainsi qu’à la viande bovine et aux abats

Ces nouvelles ouvertures de marché portent à 60 le nombre de nouveaux marchés ouverts aux produits agricoles brésiliens depuis janvier 2019.

Croissance de la consommation de vin au Brésil sur les quatre premiers mois de l’année et développement des ventes en ligne

Des enquêtes de comportement du consommateur durant les quatre premiers mois de l’année 2020 font état d’une accentuation de la croissance de la consommation de vin au Brésil. Les supermarchés restent le circuit de distribution majoritaire avec près de 40% des parts de marché devant les ventes en ligne à environ 35%. L’expert Marcello Copello note une forte croissance des ventes via l’application WhatsApp qui représenterait environ 20% des parts de marché. WhatsApp se confirme comme un canal d’achat spécifique et pas seulement pour les vins. Il faut d’ailleurs noter que l’application est en train de tester un système de paiement direct en première mondiale au Brésil preuve du dynamisme de ce pays avec ce mode d’achat. Les perspectives pour les mois qui viennent sont une poursuite de la tendance de la croissance de consommation de vin au Brésil.

Les ventes de produits “Bio” au Brésil en croissance pendant la pandémie

Le secteur des produits « Bio » a connu une augmentation sensible de ses ventes durant la pandémie, en particulier via le canal des ventes en ligne directement du producteur au consommateur. L’Association de promotion de la production biologique et durable établit la part de marché des aliments “Bio” au Brésil à 1%, représentant 22 000 producteurs et un chiffre d’affaires annuel d’environ 1 milliard d’€ en croissance de près de 20% par an.

Environnement

Un nouveau plan de lutte contre la déforestation illégale doit être annoncé

 

Le gouvernement a indiqué qu’il rendra ce plan public dans les prochains jours. Son contenu ne serait pas limité à l'Amazonie mais porterait sur tous les biomes brésiliens. Cinq axes y seraient développés : tolérance zéro face à la déforestation illégale, régularisation des terres, gestion des terres, paiement pour services environnementaux et bio-économie. L'idée serait d'inverser la logique de la déforestation illégale, en favorisant les activités légales et formelles. Le plan souligne l'importance d'améliorer les outils actuels de contrôle et d'alerte de la déforestation.

Prolongation de l'utilisation de la force nationale en Amazonie légale

Cette mesure annoncée dans le B de BRICS n° 146 pour lutter contre les feux de forêt et la déforestation est prolongée jusqu’au 10 juillet prochain.

Réduction des dépenses contre la déforestation et le changement climatique

Par rapport à 2019, sur les cinq premiers mois de 2020 les dépenses publiques destinées aux activités d'inspection et contrôle des forêts menées par l'Institut brésilien de l'environnement (Ibama) ont chuté de 68% selon l'Institut d'études socio-économiques (Inesc). La baisse est également sensible (-40%) pour les actions du plan climatique visant à respecter l'engagement du Brésil dans le cadre de l'Accord de Paris.

Entreprises

Club Agro

Tereos Açucar e Energia Brasil emprunte 90 M€ avec des objectifs “verts”

 

Il s’agit d’une ligne de crédit à 5 ans auprès d’un pool de sept banques. Elle permettrait à l’entreprise d’économiser entre 90 à 135 M€ par an. Une partie sert à refinancer des dettes et l’autre est destinée à augmenter la note de développement durable de l’entreprise via des investissements dans les domaines suivants :

  • réduction des émissions de gaz à effet de serre et remplacement d’une partie des flux en camion par l’usage du réseau ferré ;
  • réduction de la consommation d’eau par unité de canne à sucre broyée ;
  • augmentation des approvisionnements avec la certification « bonsucro ».

L’industriel de la viande Marfrig enregistre le meilleur T1 de son histoire

En comparaison avec le T1 2019, le chiffre d’affaires de l’entreprise a cru de plus de 26 % et l’EBITDA ajusté de 109%. Ces résultats sont expliqués par l’entreprise en raison d’une forte réduction des coûts et une croissance des exportations de 65%.

Utilisation de la Blockchain pour des exportations brésiliennes

L’utilisation de la Blockchain va débuter en juillet pour les exportations de soja et maïs depuis le port de Santos. Le projet est développé conjointement par ADM, Bunge, Cargill, Glencore, LDC et COFCO qui souhaitent des processus plus efficients. Le Brésil a été retenu par ce pool d’entreprises car il est un grand exportateur agricole et il connaît un processus d’exportation relativement compliqué. La plateforme blockchain sera déployée par l’entreprise Covantis et devrait supporter plus de 2000 transactions par seconde.