Brèves

Faits saillants

► La banque centrale malaisienne abaisse son taux directeur de 25 points de base, à 1,75 %

► La banque centrale indonésienne achètera pour 40 Mds USD d’obligations d’Etat à faible rendement

► La Birmanie annonce l’entrée en vigueur immédiate de la loi « de protection contre l’augmentation du volume des importations »

Région

  • Les investissements américains dans la Tech en Asie du Sud-Est se multiplient. Dernièrement, Facebook et Paypal ont investi dans la décacorne indonésienne, Gojek. Le mois précédent, c’était Visa qui entrait au capital de la Fintech singapourienne Nium. La présence américaine dans la Tech en Asie du Sud-Est n’est pas nouvelle : Yahoo et Microsoft comptaient plus de 100 millions d’utilisateurs dans la région en 2006-2007. Même si les investissements late-stage ou les rachats par les entreprises Tech américaines ont historiquement été peu fréquents par rapport à la Chine (Alibaba avec Lazada, Tencent et Sea group, etc), le pays semble désormais regarder de plus près ces marchés. Alors que la Chine se concentre notamment sur le e-commerce et les e-wallet (Alibaba et Tencent soutiennent au moins 11 acteurs du e-wallet en Asie du Sud-Est), les Etats-Unis semblent encore chercher à gagner en visibilité dans la zone.

Indonésie

  • La banque centrale achètera pour 574 trillions IDR (40 Mds USD) d’obligations d’Etat à faible rendement pour aider au financement du programme de redressement économique. Le programme de rachat des obligations financera le déficit fiscal de l’année 2020, attendu à 6,3 % du PIB. 397,56 trillions IDR (27 Mds USD) serviront au financement de programmes d’intérêt général, entièrement pris en charge par la banque centrale.

  • La compagnie aérienne Garuda Indonesia prévoit d’ouvrir de nouvelles lignes directes entre Bali et plusieurs villes des Etats-Unis (Los Angeles, San Francisco), d’Inde (Mumbai, New Delhi) et de France, de façon à soutenir la reprise du tourisme sur l’île. Des discussions sont en cours entre la compagnie, le ministère des entreprises publiques et le ministère du tourisme. Pour rappel, une ligne directe Mumbai-Denpasar avait déjà été mise en place en 2018, avant d’être retirée en 2019.

Malaisie

  • La banque centrale a abaissé son taux directeur de 25 points de base à 1,75 %, un niveau historiquement bas. Cette décision est en ligne avec les anticipations des marchés. L‘institution a notamment justifié sa décision par les tensions sur le marché du travail et le comportement prudent des entreprises et des ménages, qui risquent de peser sur la croissance à moyen terme. Depuis janvier 2020, le taux directeur a été réduit à quatre reprises, de 125 points de base au total.
  • L’indice de la production industrielle a progressé de 18,2 % en mai par rapport au mois précédent, du fait des autorisations de plus en plus nombreuses de reprise d’activité de la part du gouvernement. L’indice accuse, par contre, une baisse de 22,1 % en comparaison avec mai 2019. Pour rappel, en avril cette baisse était 32 %. La baisse est particulièrement marquée pour les industries extractives (−22,2 %), les industries manufacturières (−23,2 %) et la production d’électricité (−10,3 %).

  • Selon le Ministre des Finances, les moratoires sur prêts accordés au titre des divers plans de soutien contre la crise ont atteint 51,4 Mds MYR (12 Mds USD). 35 % de ce montant a bénéficié à des entreprises, et 65 % à des ménages. Le Ministre des finances, Tengku Zafrul, a rappelé que le moratoire prendrait fin le 30 septembre prochain, même si plusieurs, dont le Malaysian Trades Union Congress (MTUC), souhaitent qu’il soit prolongé de six mois. A noter que 800 000 travailleurs ont perdu leur emploi en Malaisie jusqu’en avril.

Singapour

  • Un groupe d’une vingtaine de banques à Singapour travaille à l’amélioration des standards et de la transparence des pratiques dans le secteur du négoce de matières premières. Cette initiative fait suite à plusieurs cas de défaillance d’entreprises du secteur en lien avec la chute des prix du pétrole. L’entreprise Hin Leong, acteur majeur du négoce pétrolier à Singapour, a ainsi subi une perte de plus de 800 M USD, qui avait d’abord été dissimulée à ces créanciers. La banque centrale singapourienne (MAS) et l’autorité de régulation des activités commerciales et de comptabilité (ACRA) soutiennent cette initiative qui contribuera à diffuser un ensemble de bonnes pratiques pour réduire le risque de défaillance majeure dans le secteur dans le futur. 

  • Singapour a conclu 3 des 5 plus grosses opérations en capital privé (Private Equity) et capital-risque (Venture Capital) du premier trimestre en Asie du Sud-Est. La plus grosse opération demeure celle de l’investissement par Krungsri Finnovate et MUFG Innovation Partners dans Grab Holding pour un montant de 706 M USD. Selon Ernst & Young, il y aurait eu 141 opérations, d’un montant total de 1,4 Mds USD, dans la région sur la période. Cela correspond à une baisse de 9 % en volume d’opérations et de 65 % en valeur par rapport à l’année précédente. Le second trimestre devrait également suivre cette trajectoire lente.      

  • Les entrées de touristes étrangers à Singapour ont fortement chuté en glissement annuel en mai, à 880 (contre 1,49 million en mai 2019), selon le Singapore Tourism Board. Sur les cinq premiers mois de l’année, le nombre de visiteurs entrant à Singapour s’élève à 2,7 millions, une chute de 65 % en glissement annuel. Par ailleurs, la durée de séjour s’est fortement accrue, à 51,7 jours en moyenne, contre 4 jours avant février, compte tenu de l’interdiction des entrées de visiteurs de court terme depuis fin mars. A noter que les hôtels peuvent désormais faire une demande d’autorisation pour proposer une offre de loisir, y compris pour les staycations (tourisme domestique). Le taux d’occupation des hôtels était de 57 % en mai (après 40,3 % en avril mais contre 82 % en mai 2019), un taux relativement élevé en comparaison d’autres pays de la région, qui s’explique par la transformation des hôtels de la cité-Etat en installations dédiées pour les quatorzaines.

Vietnam

  • La valeur des exportations de riz du Vietnam s’est élevée à 1,7 Md USD au premier semestre, avec près de 3,5 millions de tonnes de riz exportées, en hausse de 17,9 % en valeur et de 4,4 % en volume en glissement annuel. En juin seulement, 409 000 tonnes de riz d'une valeur de 207 M USD ont été expédiées à l'étranger, selon l'Agro Processing and Market Development Authority (Agrotrade) du ministère de l'Agriculture et du Développement rural (MARD). La ratification de l’accord de libre-échange UE-Vietnam (EVFTA), entrant en vigueur en août, offre encore plus d’opportunités pour le secteur selon Agrotrade.

  • Les prêts affectés par la crise du COVID-19 représentaient 23 % du total des prêts en cours à la fin du premier trimestre, selon la Banque d'État du Vietnam (SBV). Les experts estiment que le ratio des prêts non performants (NPL) augmenterait de 1 à 2 % sur l’année, ce qui se traduirait par une hausse du coût du crédit. Mi-juin, le taux de croissance du crédit a atteint son plus bas de la période 2016-2020, à 2,5 %.

  • Le décaissement des investissements publics au Vietnam au premier semestre 2020 est estimé à 6,7 Mds USD, selon le Ministère du Plan et de l'Investissement (MPI). Ce montant équivaut à 33,1 % de l'objectif fixé par l'Assemblée nationale, supérieur aux 28,6 % enregistrés au cours de la même période en 2019. Le MPI a affirmé que le décaissement des capitaux nationaux était estimé à 6,1 Mds USD et celui des capitaux étrangers était de 250 000 USD.

Thaïlande

  • L’Autorité du tourisme de Thaïlande (TAT) anticipe désormais une baisse de 80 % des arrivées de touristes internationaux en glissement annuel en 2020, à 8,2 millions de personnes. Les revenus liés au tourisme suivent la même tendance à la baisse de 80 % et sont estimés à 396,5 Mds THB (12,7 Mds USD) en 2020. Entre janvier et mars, la Thaïlande a accueilli 6,7 millions de touristes, et prévoit d’en accueillir 300 000 au troisième trimestre, et 1,2 million au quatrième trimestre.

  • Selon la Banque de Thaïlande, la dette des ménages thaïlandais s’est élevée à 80,1 % du PIB au premier trimestre 2020 à 13 479 Mds THB (431 Mds USD), son plus haut niveau depuis quatre ans. Ce ratio pourrait atteindre un niveau compris entre 88 % et 90 % du PIB d’ici la fin de l’année, en raison de la crise économique, son plus haut niveau depuis 18 ans.

  • Le projet de loi de finances pour l’année fiscale 2021 (débutant en octobre) a été voté en première lecture au Parlement. Une deuxième et troisième lectures auront lieu en septembre. Le budget, d’un montant de 3 300 Mds THB (105 Mds USD), prévoit une hausse des dépenses de 3,1 %. Le déficit est estimé à 623 Mds THB (19 Mds USD), en hausse de 33 % par rapport à l’année fiscale 2020. A noter que le projet se base sur des prévisions de récession comprise entre 5 et 6 % cette année (contre −8,1 % anticipé par la banque centrale) et de croissance entre 4 et 5 % en 2021.

Philippines

  • Sur les cinq premiers mois de l'année, les importations et exportations philippines ont respectivement chuté de 30 % et de 21 % en glissement annuel. Sur la période janvier-mai, le déficit commercial des Philippines s'est ainsi amélioré, s'établissant à  ̶ 9,8 Mds USD (contre  ̶ 17,8 Mds USD sur la même période en 2019). Pour le seul mois de mai, les importations ont baissé de 41 % en glissement annuel (après  ̶ 65,3 % en avril) et les exportations, de 36 % (après  ̶ 50 %). Le principal produit d'exportation reste les composants électroniques (43 % des exportations philippines), dont les ventes ont baissé de 14 % en g.a. sur la période.

  • L’inflation a légèrement augmenté en juin à 2,5 % après quatre mois consécutifs de baisse (2,1 % en mai). Elle s’inscrit dans la bande de fluctuation ciblée par la banque centrale (2 à 4 %). La baisse de l'inflation s’explique par la légère reprise de la demande (passage du régime de confinement renforcé à celui de confinement général). L’inflation alimentaire a toutefois ralenti à 2,7 % (après 2,9 % en mai). La banque centrale anticipe une inflation à 2 % pour 2020, après 2,5 % en 2019.

Cambodge

  • Le Roi du Cambodge, Norodom Sihamoni, a promulgué une loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme et une autre sur le financement de la prolifération des armes de destruction massive. Ces lois interviennent en réponse à la décision prise en février 2019 par le Groupe d’action financière (GAFI) de placer le Cambodge sur sa « liste grise », après l’en avoir retiré en 2015. Elles avaient été approuvées par le Conseil des ministres et votées par l’Assemblée nationale et le Sénat en juin.

  • Le Cambodge a reporté à la mi-2021 le 13ème sommet de l'Asia-Europe Meeting (ASEM) en raison de la pandémie COVID-19. Cette décision a été soutenue unanimement par les hauts fonctionnaires de l’ASEM. Ce rassemblement était initialement prévu les 16 et 17 novembre prochains à Phnom Penh avec pour thème « renforcer le multilatéralisme pour une croissance partagée ». 

  • Le gouvernement cambodgien a autorisé la réouverture des casinos à Phnom Penh, Sihanoukville et dans les provinces frontalières, à condition qu’ils répondent aux exigences sanitaires visant à prévenir l’épidémie de Covid-19. D’autres lieux de loisirs comme les discothèques ou les karaokés resteront fermés, à moins qu’ils se transforment en restaurants. De même, la réouverture des écoles pourrait s’effectuer en trois étapes à partir du mois d’août. Ainsi, une quinzaine d’écoles internationales particulièrement bien préparées (dont des écoles françaises, japonaises, britanniques et américaines) seraient autorisées à rouvrir en premier, selon le ministère de l’Education.

Laos

  • Les recettes fiscales devraient diminuer de 6 322 Mds LAK (700 M USD) cette année selon le ministère des Finances. Les recettes provenant des entreprises publiques devraient de leur côté baisser à 830 Mds LAK (93 M USD), contre 2 340 Mds LAK (260 M USD) prévus initialement, en raison notamment de la situation financière dégradée d'Electricité du Laos (EDL). Parallèlement à la baisse des revenus, le gouvernement devrait réduire ses dépenses d'au moins 2 600 Mds LAK (289 M USD).

  • Le Premier ministre a fait un point d'étape avec le groupe de travail chargé d'évaluer la mise en œuvre des projets d’investissement public. Au total 4 601 projets d'investissement public d'une valeur de 103 187 Mds LAK (11,5 Mds USD) seraient inspectés. Jusqu'à présent, ce groupe de travail a enquêté sur 672 projets représentant un investissement de 43 538 Mds LAK (4,84 Mds USD). Suite à l’évaluation, le gouvernement pourrait économiser 1 213 Mds LAK (134 M USD), avec 89,4 Mds LAK (10 M USD) d'impôts en souffrance, qui doivent être versés à l'État.

Birmanie

  • Le gouvernement birman a alloué, entre avril et juillet, un prêt de soutien à 3 393 PME et entreprises des secteurs hôtelier, touristique et du textile, pour un total de 101 Mds MMK (74 M USD). Ces prêts d’un an à un taux de 1 % sont issus du fonds Covid-19 créé pour soutenir les PME et les secteurs particulièrement touchés par la crise économique provoquée par la pandémie, et doté initialement de 70 M USD. Au 8 juillet, seules 15 % des entreprises ayant fait une demande ont reçu un prêt. Le gouvernement a annoncé une dotation additionnelle de 70 M USD afin d’allouer des prêts supplémentaires.

  • Le gouvernement a annoncé, par une notification le 1er juillet, l’entrée en vigueur immédiate de la loi « de protection contre l’augmentation du volume des importations » promulguée en décembre 2019. Cette loi permet à des PME et entreprises birmanes de faire une requête auprès du comité créé par la loi afin qu’un produit importé similaire à leurs produits manufacturés en Birmanie et impactant leurs ventes soit soumis à des tarifs douaniers supplémentaires, voire à des quotas d’importation, pour une période de 4 ans renouvelable.  Cette loi protectionniste a pour objectif de protéger les PME birmanes dans un contexte de crise économique.