Agriculture

L'Association indienne des sucreries (ISMA) a estimé que la superficie de canne à sucre de l'Inde en 2020-21 (octobre-septembre) augmentera de 8 % pour atteindre 5,2 millions d'hectares, tandis que la production de sucre augmentera de plus de 12 % pour atteindre 30,5 millions de tonnes, contre 27,2 millions de tonnes prévues pour la saison actuelle. La superficie cultivée en canne à sucre augmentera dans le Maharashtra et le Karnataka de 43 % et 15 % respectivement. La production de sucre dans le Maharashtra est estimée à environ 10,1 millions de tonnes en 2020-21, contre 6,2 millions de tonnes produites en 2019-20, et dans le Karnataka, elle devrait passer à 4,3 millions de tonnes contre 3,4 millions de tonnes prévues en 2019-20. La superficie consacrée à la canne à sucre devrait diminuer de 1 % dans l'Uttar Pradesh, l'un des principaux États producteurs de sucre.

Selon un rapport de la société d'analyse Fitch Solutions, le commerce agricole de l'Inde, qui a été perturbé pendant la période du confinement devrait rebondir au second semestre 2020. Toutefois, les volumes totaux sur 2020 seront conformes ou inférieurs aux niveaux de 2019. Les échanges agricoles ont été fortement perturbés pendant le confinement en raison de problèmes logistiques, les exportations (riz, sucre) et les importations (huile de palme) s'étant effondrées en mars-juin. Bien que le travail agricole et les opérations portuaires aient pu continuer à fonctionner pendant le confinement, les perturbations du transport et de la disponibilité de la main-d'œuvre ont eu un impact sur le commerce et la production agricole.

Le secteur de la production animale est également fortement touché, car le transport du bétail a été limité. Le prix de l’alimentation animale a augmenté et les producteurs de viande ont eu du mal à vendre leurs produits en raison des perturbations du transport. La production de viande devrait diminuer en 2020. Le secteur laitier s'est beaucoup mieux comporté, l'approvisionnement en lait des consommateurs indiens étant régulier, contrairement à celui des denrées périssables comme les fruits et légumes, qui a connu une volatilité récurrente des prix. Bien que les coopératives fonctionnent normalement, les producteurs indépendants ont du mal à vendre leurs produits.

 

Invasion de criquets pèlerins

Une nouvelle vague de criquets pèlerins est arrivée au Rajasthan, à l'ouest de l'Inde, en provenance du Pakistan et se dirige vers d'autres États. Le gouvernement a renforcé les mesures pour contrôler la menace en utilisant diverses méthodes, dont les drones, mais n'a pu tuer que 50 % des essaims. Les criquets pèlerins sont à au stade adulte rose immature, qui est l’âge le plus actif et ils peuvent voler rapidement, échappant ainsi aux pulvérisations de pesticides. Les États de Madhya Pradesh, Uttar Pradesh, Punjab, Haryana et Gujarat sont en état d'alerte et ont déjà vu les premières attaques d'essaims il y a quelques semaines. L'opération de contrôle se poursuit avec la coopération et la coordination des départements agricoles des États, de l'administration locale et des forces de sécurité frontalière (BSF). Le gouvernement du Rajasthan a jusqu'à présent déployé un total de 2142 tracteurs et 46 véhicules de pompiers, le Madhya Pradesh - 83 tracteurs et 47 véhicules de pompiers, l'Uttar Pradesh -4 tracteurs et 16 véhicules de pompiers, le Punjab - 50 tracteurs et 6 véhicules de pompiers et le Gujarat a déployé 38 tracteurs pour la lutte antiacridienne. Une commande de 60 pulvérisateurs a été passée à l’entreprise anglaise Micron. Une commande de 5 kits d'atomiseurs CD avec des trackers GPS pour des capacités de pulvérisation aérienne a également été faite. Au 21 juin 2020, la lutte contre les criquets a été entreprise sur une superficie de 114 026 hectares au Rajasthan, au Pendjab, au Gujarat, en Uttar Pradesh, au Maharashtra, au Madhya Pradesh et au Chhattisgarh.

 

Le progrès de la mousson et de la culture kharif

La superficie agricole sous la culture d’été, Kharif, a augmenté 40% par rapport à la même période l’année dernière, aidée par le fort début de la mousson. Les graines oléagineuses et les céréales secondaires ont connu la plus grande augmentation. Depuis le 1er juin, les précipitations ont augmenté de 31 % par rapport à l'année précédente, ce qui a aidé le semis. La superficie totale cultivée est passée de 9,42 millions d'hectares il y a un an à 13,13 millions d'hectares à ce jour. Le gouvernement s'attend à une nouvelle récolte exceptionnelle cette année.

La mousson a avancé pour couvrir l'ensemble du pays deux semaines plus tôt que la date prévue. La mousson arrive généralement au Kerala le 1er juin et met environ 45 jours pour atteindre Sriganganagar, dans l'ouest du Rajasthan.

 

Aides et politiques gouvernementales

Le Fonds de développement de l'infrastructure de l'élevage (AHIDF), doté de 1,8 milliard d'euros, a été introduit dans le cadre du plan de relance d’économie de 235 milliards d'euros annoncé en mai pour aider les personnes touchées par le confinement dû au Covid 19. Une subvention d'intérêt de 3 à 4 % sera accordée aux organisations de producteurs agricoles (Farmers Producer Organisations/FPO), aux MPME et aux acteurs privés pour la mise en place d'usines de produits laitiers, de transformation de la viande et d'alimentation animale. Elle devrait permettre de créer 3,5 millions d'emplois. Les bénéficiaires devront contribuer à hauteur de 10 % à la marge du projet d'infrastructure proposé et les 90 % restants seront constitués par un prêt qui sera mis à leur disposition par les banques prévues. Le programme devrait contribuer à accroître les revenus des agriculteurs et à promouvoir les exportations grâce à l'amélioration des infrastructures de transformation et de valorisation.

 

Commerce

Les exportations indiennes de thé ont diminué de 5,6 %, passant de 254,50 millions de kg en 2018-19 à 240 millions de kg en 2019-20. La diminution des exportations a été attribuée au ralentissement économique mondial. Alors que les exportations vers la Communauté d'États indépendants (Commonwealth Independent States) ont légèrement diminué, passant de 60,72 millions de kg à 59,40 millions de kg en 2019-20, les exportations vers l'Iran et la Chine ont augmenté. L'Iran a continué à être le deuxième importateur en achetant 46,47 millions de kg en 2019-20, contre 41,02 millions de kg l'année précédente. Les exportations vers le Pakistan ont connu une baisse significative, passant de 14,6 millions de kg en 2018-19 à 3,3 millions de kg en 2019-20.

Les exportateurs indiens de café pourraient avoir perdu des parts de marché en Europe au profit du Brésil, qui a pu exporter davantage de quantités en raison d'une récolte plus importante, de prix plus bas et de la dévaluation de la monnaie brésilienne depuis le début de la pandémie, tandis que les exportateurs indiens ont été confrontés à des problèmes de liquidités et à des prix plus élevés. L'Inde est le deuxième vendeur de café en Italie après le Brésil. L'Allemagne, la Belgique et la Russie sont également de gros acheteurs de café indien. L'exportation de café indien a diminué de 17 %, passant à 167 445 tonnes pour la période du 1er janvier au 23 juin 2020, par rapport à la même période de l'année précédente. Le secteur du café a demandé une augmentation de l'incitation à l'exportation de 3 % à 5 % et une augmentation de 20 % du fonds de roulement et une subvention de 2 % des intérêts sur les prêts pour redresser la situation.

Pour l'année 2020-21, le gouvernement a autorisé l'importation de 500 000 tonnes de maïs dans le cadre du contingent tarifaire (CT) à une taxe d'importation de 15% pour stimuler l'approvisionnement de l'industrie de la volaille et des secteurs d'approvisionnement en amidon. L'Inde impose normalement une taxe à l'importation de 60 % sur le grain. Grand exportateur de maïs jusqu'à il y a quelques années, le pays est devenu importateur, car la production a diminué et la demande intérieure a augmenté. Les importations de maïs de l'Inde sont passées de 30 962 tonnes en 2018 à 312 389 tonnes en 2019.

Le pays a également autorisé des quotas d'importation de 150 000 tonnes chacun pour l'huile de colza et l'huile de tournesol, avec des taxes d'importation de 45 % et 50 % respectivement. L'Inde importe principalement de l'huile de colza/canola du Canada et de l'huile de tournesol d'Ukraine et de Russie. Toutefois, il est peu probable que les raffineurs indiens importent de l'huile de colza et de l'huile de tournesol dans le cadre de ces contingents tarifaires, car la taxe à l'importation sur les importations régulières est en fait inférieure, à 35 %.

Des importations de 10 000 tonnes de lait et de crème en poudre dans le cadre de contingents tarifaires à une taxe d'importation de 15 % ont également été annoncées pour cette année. Cette décision n'a pas été accueillie favorablement par les agriculteurs et certains membres de l'industrie qui craignent que les prix du lait écrémé en poudre (LEP) continuent à baisser dans le pays. Actuellement, les prix du LEP ont considérablement diminué, passant de 3,65 euros par kg en février à 2,12 euros par kg en juin, en raison du manque de demande suite au confinement. Cependant, le Conseil national de développement laitier (National Dairy Development Board) a qualifié cette décision de stratégique qui permettra au gouvernement d'importer du lait en poudre pour stabiliser le marché intérieur si les prix augmentent. Notamment, seuls les organismes gouvernementaux seront autorisés à importer du lait écrémé en poudre.

 

Sécurité alimentaire

L'Autorité indienne de la sécurité alimentaire et des normes (Food Safety and Standards Authority of India/FSSAI) a demandé aux autorités centrales et étatiques chargées de l'octroi des licences d'appliquer strictement la limitation relative à l'apport journalier recommandé (AJR) prescrite par le Conseil indien de la recherche médicale (Indian Council for Medical Research/ICMR) pour les nutriments tout en accordant des licences aux opérateurs pour des produits tels que les compléments alimentaires et les nutraceutiques régis par la section 22 de la loi sur la sécurité alimentaire. Le FSSAI a reçu plusieurs plaintes selon lesquelles de nombreuses entreprises bafouaient les normes relatives à l'AJR. Bien que l'Inde ne représente actuellement que 2 % du marché mondial des nutraceutiques, évalué à 186 milliards d'euros, elle dispose d'un énorme potentiel de croissance. Le marché est encore en phase de développement, avec des intervenants anciens et nouveaux.

 

Tendances

Les produits destinés à renforcer l'immunité connaissent une popularité croissante dans le pays qui commence à s'ouvrir après le confinement. Les entreprises du secteur de l'alimentation et des boissons ont lancé des produits de renforcement de l'immunité tels que des biscuits, des jus, des barres protéinées et une variété de snacks indiens. De nouveaux produits innovants comme les biscuits aux herbes, les biscuits protéinés au soja, la poudre de lait de chamelle et la poudre de colostrum sont également lancés par ces entreprises. Selon des spécialistes du secteur, les ventes d'aliments renforçant l'immunité ont augmenté de 20 à 40 % au cours des dernières semaines et les recherches en ligne pour ces produits ont augmenté environ six fois.