Actualités du transport aérien Inde du 13 au 25 juin 2020

Actualités du transport aérien Inde du 13 au 25 juin 2020

 

  1. Crise du Covid-19 :

Vols de rapatriement des citoyens indiens Vande Bharat Mission :

Le gouvernement indique qu’il va mettre en place une 4ème phase de son plan de vols de rapatriement des citoyens indiens et ouvrir à d’autres compagnies qu’Air India qui était en situation de quasi-monopole jusqu’ici. 750 vols vers les pays du Golfe et l’Asie du Sud-Est seront proposés aux compagnies indiennes privées.

Suspension de vols :

Les vols de fret internationaux poursuivent leurs activités, sans restriction de vol.

Le gouvernement indien annonce avoir autorisé 870 vols spéciaux d’évacuation. (Voir article page 44 de la Revue de presse associée pour le nombre de vols opérés par compagnie, bien qu’il ne soit pas précisé la période de référence pour le décompte…)

Si les vols domestiques ont progressivement repris le 25 mai, pour un tiers de la capacité préalable à la date du 25 mars, marquant l'interdiction des vols par le Ministère de l'aviation civile indien, les vols commerciaux à l’international demeurent suspendus.

Aucun vol commercial international n’a atterri en Inde entre le 22 mars (01h00 GMT). La suspension reste valable pour l’instant jusqu’au 30 juin 2020 (mais la situation peut évoluer en fonction de la crise sanitaire que traverse l’Inde en ce moment).

Dans ce contexte, Air France/KLM opère depuis fin mars des vols spéciaux au départ de Bangalore, Bombay et Delhi. Ces vols ont permis de maintenir une continuité territoriale avec l’Europe malgré la suspension des vols commerciaux. Ils ont permis le retour de nombreux Français même après le départ des deniers vols affrétés par l’Etat pour les opérations de rapatriement. Ils sont également largement utilisés par les citoyens européens, canadiens et américains qui ne disposent d’aucune autre alternative pour regagner leur pays (les passagers en continuation pour les Etats-Unis et le Canada dans les 24 heures de leur arrivée dans l’espace Schengen sont autorisés par la réglementation européenne)

Ces vols spéciaux se sont déroulés dans un cadre strict imposé par les autorités indiennes : toute publicité est interdite et les billets ne peuvent être mis en vente en ligne qu’après délivrance des autorisations de vol, sans passagers au départ de Paris.

Il faut d'abord obtenir l’accord du MEA pour que le transporteur puisse présenter sa demande de permis à la DGCA indienne. Ces permis  définissent avec précision les catégories de personnes autorisées à embarquer, de façon souvent plus restrictive que la réglementation française en vigueur.

Récemment, les autorités indiennes, dont il faut rappeler qu’elles sont elles-mêmes à l’origine de la suspension des vols commerciaux, ont mis en place un programme de rapatriement des ressortissants indiens appelé Vande Bharat Mission.

Or, quand Air India présente des demandes d’autorisations aux autorités d’aviation civile étrangères des pays vers lesquels elle souhaite voler, elle demande systématiquement la possibilité d'opérer des vols passagers à l'aller et au retour, avec un nombre de fréquences important et pour toutes les catégories autorisées, sans restriction.

Dans ce contexte, certaines autorités d’aviation civile, comme celles des Etats-Unis, des UAE et de la France, ont donc décidé d’appliquer une stricte réciprocité et d’étudier les demandes indiennes au cas par cas.

Le Ministre de l’aviation civile indien a alors annoncé dans un tweet que l’Inde souhaitait mettre en place des dispositions bilatérales (« bilateral bubbles ») avec certains partenaires, dont les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Il s’agirait de définir un modus operandi, qui ne se substituerait pas aux accords aériens bilatéraux mais préciserait les modalités de la mise en place des vols spéciaux jusqu'à la date effective de la reprise des vols commerciaux.

Une proposition de schéma ad hoc qui permettrait de fluidifier la délivrance des autorisations, d’obtenir l’embarquement de passagers dans les deux sens et pour toutes les catégories de passagers autorisées par les réglementations du pays de destination, est donc à l'étude. Les liaisons aériennes seraient donc maintenues et sécurisées, jusqu’à la reprise des vols commerciaux, sans avantage concurrentiel indu pour le pavillon indien au détriment des pavillons étrangers.

Nouvelles normes sanitaires :

Les passagers doivent être munis de masques, de protection faciale et de gel. Les compagnies n’offrent plus de service de restauration ni de boisson à bord sur les vols commerciaux domestiques.

La DGCA demande désormais aux équipages des vols domestiques de télécharger l’application de traçage du Covid-19 Arogya Setu (déjà imposée aux passagers) et rappelle que l’évaluation du risque des personnels incombe aux docteurs des compagnies aériennes, qui peuvent décider, ou non, d’imposer une quarantaine.

 

  1. Aviation commerciale :

IATA vient de lancer TIMATIC, une carte interactive avec l’ensemble des restrictions d’entrée par pays.

L’agence de notation ICRA indique que le temps où le trafic domestique affichait une croissance à 2 chiffres est bel et bien révolu et qu’il est peu probable que les choses ne s’arrangent avant le deuxième semestre 2021, pour autant que la situation sanitaire se stabilise.

En l’absence d’un plan de relance du gouvernement indien pour aider le transport aérien, les compagnies aériennes font tout ce qu’elles peuvent pour réduire leurs coûts au maximum. Elles essaient d’obtenir des conditions plus avantageuses de la part des loueurs sous la forme de report de loyers, de négocier avec les constructeurs et les motoristes pour obtenir des gestes commerciaux. Elles essaient également de renégocier leurs polices d’assurance.

Bilan de la 1ère semaine de reprise des vols domestiques, capés à 33% du trafic pré Covid-19, en parts de marché : IndiGo 50,6%, Air India & Spice Jet 11,7%, Vistara & Air Asia India, 14,3%, et 0,7% pour les autres compagnies (semaine du 25 au 31 mai 2020).

Le ministre Puri estime que le gouvernement indien pourrait continuer à caper le prix des billets domestiques au-delà du 24 août initialement annoncé le 25 mai, au moment où 33% des vols domestiques étaient de nouveau autorisés. Il pense qu’il faudra attendre que les vols domestiques aient repris au moins 55% de leurs capacités antérieures avant d’envisager la reprise des vols commerciaux internationaux et rappelle que ceux-ci sont soumis à la levée des restrictions d’entrée par pays et à une demande réelle de voyages. En effet, qui souhaitera voyager une fois que tous les pays auront rapatrié leurs citoyens en raison de l’épidémie de Covid-19 ?

Les loueurs d’avion (lessors) réfléchissent à leur nouveau positionnement sur le marché indien. En Inde, 80% de la flotte est louée, contre 43% au plan mondial. Avec la fragilisation des compagnies (imputable à la crise du Covid-19 et à l’absence de plan d’aide du gouvernement), les loueurs ont décidé de ré évaluer le risque de défaut de paiement des compagnies indiennes.

Les compagnies indiennes n’opèrent que 5% de l’offre de fret, se désole le patron de Spice Jet, Ajay Singh, qui estime qu’à la différence des autres pays, le gouvernement indien n’a pas considéré le transport aérien comme une ressource stratégique.

Globalement, les pilotes des compagnies indiennes ne sont pas à la fête : entre réduction salariale et congé sans solde, ils sont très inquiets quant à leur devenir. Les compagnies essaient, en l’absence d’un plan de relance gouvernemental, de maîtriser leurs coûts, à commencer par les charges de personnel. A titre d’illustration, depuis avril, les pilotes de Spice Jet, sont payés exclusivement en fonction du nombre d’heures de vol effectives au tarif horaire de Rs. 6 025. La compagnie annonce qu’il en sera ainsi jusqu’au moment où la compagnie atteindra 26 000 heures de vol mensuelles.

Le renchérissement, pour la 2ème fois depuis début juin, du prix du baril de pétrole (+16,3% à Delhi pour le kérosène par exemple), pourrait se traduire par une limitation de l’augmentation des vols domestiques pour les compagnies indiennes qui essaient de couvrir leurs charges variables. Rappelons que le kérosène n’est toujours pas soumis à la GST (TVA) malgré les demandes réitérées des compagnies aériennes et du ministère de l’aviation civile.

Depuis le début de la crise du Covid-19 en Inde, 940 tonnes de fret ont été acheminées.

16 routes ont été identifiées pour dans le cadre du programme UDAN pour des voyages en hydravion. Reste à mettre en place des waterports, des infrastructures aéroportuaires dédiées, comme cela est déjà le cas aux USA, au Canada, aux Maldives et en Australie.

IndiGo :

La compagnie pourrait tirer entre Rs 3 000 et Rs 5 000 crore si elle mettait ses avions à la location (ATR 72-600 et A320).

IndiGo prendra possession de 30 aéronefs de la famille A320 d’ici la fin du semestre, et fera un bilan ensuite pour la poursuite de sa politique d’achat. Parallèlement, elle retirera 120 A320 Ceo du service dans les 2 prochaines années, permettant ainsi de minimiser les coûts de maintenance et de consommation de kérosène. Depuis le début du lockdown, IndiGo a réceptionné 4 aéronefs de la famille A320Neo.

Jet Airways :

Annonce de la vente aux enchères des bureaux de Jet Airways à Mumbai pour Rs. 490 crore le 26 juin.

Air Asia India :

La DGCA a ouvert une enquête après qu’un pilote de la compagnie a annoncé sur les réseaux sociaux des manquements à la sécurité. Ce pilote a été mis à pied par la compagnie.

La compagnie lance FlyPorter, le service de prise en charge des bagages de porte à porte.

Report de la possible cession des 49% des parts de la compagnie détenues par le groupe malaisien Berhard tant que l’enquête pour corruption et blanchiment d’argent à l’encontre de Tony Fernandes est en cours. Le groupe Tata, détenteur des 51% restant, ne serait de toutes façons par forcément acquéreur pour l’instant, préférant redistribuer ses priorités d’investissement sur d’autres businesses, comme par ex Vistara, en JV avec Singapore Airlines.

Vistara :

Une équipe de 4 pilotes et 2 ingénieurs de maintenance s’est rendue à Seattle sur un vol charter pour aller réceptionner son premier Boeing 737-9. Un 2ème appareil du même type devrait être livré prochainement. Pour mémoire, 6 appareils de la famille A320 sont également réputés rejoindre la flotte pendant l’exrecice budgétaire 2021.

Air India : (hors Vande Bharat Mission) :

50 pilotes au moins ont été testés positifs au Covid-19, avec un commandant de 58 ans tout juste à la retraite qui vient de décéder, malgré 3 tests Covid-19 obligatoires (pré embarquement, post vol, et 5 jours après le vol).

Dans le même temps, au vu de la pénurie de pilotes, la compagnie a décidé d’assouplir la quarantaine de 14 jours pour tous les équipages ayant volé sur un vol avec 1 cas de Covid-19 à bord (détecté rétrospectivement).

Un passager de 42 ans est décédé à bord sur le trajet Lagos Mumbai.

La compagnie lance un AO pour la fourniture de 600 000 kits de protection. Date limite de soumission des offres le 18 juin.

Air India pourrait lever ses poursuites contre Atul Chandra, l’un de ses employés mis à disposition de la DGCA en tant que chef des inspecteurs opérations aériennes (CFOI), si la DGCA renouvelle son contrat au-delà du 30 juin. Pour mémoire, ce monsieur a cumulé entre 2017 et 2019 un salaire Air India et son salaire DGCA…

Le ministre Puri affirme haut et fort qu’Air India est une compagnie extraordinaire qui devrait donc trouver facilement preneur lorsque le gouvernement lancera le nouvel appel à manifestation d’intérêt pour l’acquérir.

Air India a proposé à ses employés (hors équipage) de travailler 3 jours par semaine avec un salaire de 60% pendant 1 an, avec interdiction de cumuler avec un autre emploi, espérant ainsi améliorer la trésorerie de la compagnie.

Un inspecteur de la DGCA a porté plainte contre un pilote d’Air India pour attitude déplacée et agressive pendant un test en simulateur.

  1. Aviation générale

Un homme d’affaires a affrété à Bangalore un avion 6 places de la compagnie charter Accretion Aviation pour aller chercher un bébé Golden retriever à Mumbai (Rs. 906 lakh)

 

  1. Aéroports & navigation aérienne :

L’agence de notation Moody a rétrogradé sa note pour l’aéroport d’Hyderabad (géré par HIAL) de Ba1 à Ba2, et maintenu à Ba3 sa note pour l’aéroport de Delhi (géré par DIAL).

GMR n’a jamais reçu la lettre d’attribution de la concession de l’aéroport Mihan de Nagpur.Le gouvernement a décidé de lancer un nouvel AO, estimant que la proposition de GMR n’était pas intéressante en termes de revenus proposés au gouvernement. Toutefois, GMR pourra présenter une nouvelle offre si elle le souhaite.

Le projet de nouvel aéroport à Shivamogga dans le Karnataka pour un montant estimé de Rs. 220 crore a été approuvé par l’Etat fédéré et la première pierre posée.

Zurich Airports, qui a invoqué la force majeure et demandé un report de 120 jours pour le début des opérations pour le futur aéroport de Jewar, devra commencer les travaux dans les 45 jours de la reprise des vols internationaux.

Airports Authority of India n’acceptera pas de reporter de 6 mois le transfert de la concession des 3 premiers aéroports que le groupe Adani a obtenus à l’issue de l’appel d’offres de novembre 2018. AAI a indiqué la date butoir du 12 novembre 2020 pour la transaction.

AAI fait des tests de mise en place de l’ADS-B (Automatic Dependent Surveillance – Broadcast) acquis auprès de la société Aireon sur les FIR (flight information regions) de Mumbai et Chennai.. Une fois le système déployé au-dessus des routes océaniques et l’espace aérien indien, AAI sera le premier ANSP (Air navigation services provider) de l’Asie du Sud à l’utiliser.

  1. OEM & MRO :

Le gouvernement pourrait permettre à nouveau l’ouverture du serveur Digital Sky pour l’inscription de nouveaux drones, lesquels doivent être équipés de traceurs.

 

Nomination, au 1er septembre, de M. Rémy MAIILARD à la tête d'Aribus India Pvt Ltd, qui succède à M. Anand Stanley, qui part à Singapour.