Aides et politiques gouvernementales

Au cours des trois prochaines années, le gouvernement va créer 3 500 organisations de producteurs agricoles (FPO) sur la base d'une initiative "un produit, un département", afin de garantir aux agriculteurs des prix avantageux pour leurs produits. Avec cette initiative, les FPO vont principalement promouvoir et commercialiser un produit particulier. Une FPO est formée par un groupe de producteurs agricoles et s'occupe de leurs activités commerciales et leur apporte un pouvoir de négociation collectif. Son rôle va désormais s'élargir, car le gouvernement a autorisé le commerce agricole en dehors des marchés agricoles (Mandis) approuvés par le gouvernement. Il existe actuellement environ 5 000 FPO fonctionnelles dans le pays.

 

Réformes agricoles

Annoncés en mai dans le cadre du plan de relance économique de 235 milliards d'euros, Self-reliant India,  les amendements à la loi sur les produits essentiels et  deux ordonnances ont été approuvés par le cabinet de l'Union le 5 juin et ont été promulgués par le président.

La loi de 1955 sur les produits essentiels, a été modifiée pour déréglementer les produits alimentaires comme les céréales, les légumineuses, les oléagineux, l'huile comestible, et pour supprimer les restrictions sur le stockage de ces produits par les transformateurs, les meuniers, les commerçants et les négociants, sauf dans des circonstances exceptionnelles comme les calamités naturelles et les famines.

La première ordonnance annoncée sur la promotion et la facilitation du commerce des produits agricoles - "The Farming Produce Trade and Commerce (Promotion and Facilitation) Ordinance, 2020", encouragera les échanges et le commerce entre les Etats en dehors des marchés agricoles notifiés par le gouvernement.

La deuxième ordonnance sur la garantie des prix et l'ordonnance sur les services agricoles - "Farmers (Empowerment and Protection) Agreement on Price Assurance and Farm Services Ordinance, 2020" - fourniront un cadre national pour les accords agricoles qui protègent et habilitent les agriculteurs à s'engager avec les entreprises agroalimentaires, les transformateurs, les grossistes, les exportateurs ou les grands détaillants pour les services agricoles et la vente de produits agricoles. Les agriculteurs pourront s'engager avec les grands transformateurs pour une période minimale d'une saison de culture et maximale de cinq ans.

Le programme "TOP to TOTAL", doté d'une enveloppe de 58 millions d'euros, annoncé dans le cadre du plan économique Self-reliant India, prévoit une subvention de 50 % des coûts de stockage et de transport de tous les fruits et légumes lorsque les prix sont inférieurs au prix moyen. La subvention sera applicable au transport routier, ferroviaire et aérien. Il s'agira d'un projet pilote de six mois et la distance minimale entre le centre de production et de consommation sera de 100 km.

Comme le coût du transport continue d'être 30 % plus élevé qu'avant le confinement en raison de l'indisponibilité des camionneurs et du prix élevé du gazole, cette subvention aidera les agriculteurs à obtenir un bon prix pour leurs produits sur les marchés lointains ou à les stocker en attendant l’augmentation des prix.

 

Commerce

La première phase du programme Faceless Assessment of Cargo ou l'évaluation virtuelle a été lancée le 8 juin dans les ports de Chennai et de Bengaluru, dans le sud du pays. Lancée dans le cadre des réformes pour faciliter des affaires, "Turant Customs" qui visent à accélérer le dédouanement des marchandises dans les ports aériens et maritimes, l’évaluation virtuelle sera mise en œuvre dans tout le pays d'ici la fin de l'année. Dans un premier temps, les importations des machines, les appareils mécaniques, et les équipements électriques, seront autorisées à faire l'objet d'une évaluation virtuelle lors de leur passage en douane.

Le gouvernement cherche à faire de l'Inde une puissance industrielle, à augmenter les exportations et à réduire la dépendance aux importations dans les prochaines années. 12 secteurs ont été identifiés, dont l'agroalimentaire, l'agriculture biologique, le cuir, les machines industrielles, où l'accent serait mis en vue de faire de l'Inde un pays autonome et un fournisseur mondial.

Pour réduire sa dépendance aux importations, l'Inde envisage d'augmenter les taxes à l'importation sur les huiles comestibles et de stimuler la production locale d'oléagineux. L'Inde est le plus grand importateur d'huiles comestibles au monde et en importe environ 15 millions de tonnes pour une valeur de 9 milliards d'euros chaque année. L'augmentation des taxes contribuera à rendre l'huile importée plus coûteuse, ce qui permettra de freiner les importations et d'augmenter les prix locaux des graines oléagineuses telles que le colza, le soja et les arachides.

Afin d'augmenter les exportations de cuirs et de peaux de bovins, le gouvernement indien envisage de réduire le tarif dounaier, actuellement à 40%, sur les exportations de ces produits. Mais les fabricants nationaux de produits en cuir sont contre cette idée et veulent que la matière première soit disponible pour les fabricants nationaux afin que les produits à valeur ajoutée puissent être exportés.

Les exportations de viande de buffle ont subi une perte de 622 millions d'euros depuis le début du confinement en mars 2020. Alors que les unités d'exportation du nord de l'Inde ont commencé à rouvrir, les États du Maharashtra et de Telangana doivent encore rouvrir des bureaux et des usines. Le Maharashtra est l'État le plus touché par la crise du Covid-19 à ce jour, mais les exportateurs s'attendent à un certain relâchement des activités à partir du 8 juin. L'Inde exporte entre 100 et 120 milles tonnes de viande de buffle, soit une valeur de 2,35 milliards d'euros par an.

 

Sécurité alimentaire

La Food Safety and Standards Authority of India (FSSAI) a lancé sa nouvelle plateforme de conformité à la sécurité alimentaire en ligne, basée sur le cloud - Food Safety Compliance System (FoSCoS), qui remplace l'actuel Food Licensing and Registration System (FLRS). Le FoSCoS servira de point de contact unique pour toutes les transactions de conformité réglementaire pour les opérateurs du secteur alimentaire (FBOs). Le déroulement du processus sera essentiellement similaire au FLRS, sauf que la méthodologie d'octroi de licences aux fabricants sera désormais basée sur une liste de produits standardisée. Cela signifie que tous les fabricants titulaires d'une licence FSSAI valide devront modifier leur licence pour choisir parmi la liste de produits standardisés disponible avant le 31 décembre 2020.

Règlements

Les aliments fortifiés seront désormais régis par le règlement sur la fortification des aliments -  Food Safety and Standards (Fortification of Foods) Regulations. Avant, il y avait une duplicité des règlementions avec des clauses sur l'enrichissement des produits alimentaires présentes aussi dans les règlements pour les produits et additifs alimentaires (Food Safety and Standards - Food Product and Food Additive Regulations).

Le FSSAI a modifié la clause interdisant la vente de légumineuses contenant la présence fortuite de Khesari gram (lathyrus sativus) ou de toute céréale comestible dans le règlement sur les restrictions des ventes - Food Safety and Standards (Prohibition and Restriction on Sales). La présence de ces céréales est désormais limitée à 2 % en masse. Selon les commerçants, le Khesari gram pousse comme une mauvaise herbe avec les plantes des légumineuses et comme les agriculteurs ne disposent pas d'équipements modernes pour séparer les deux, il devient extrêmement difficile de le faire manuellement après la récolte.

 

L'impact du Covid-19

Les ventes d'alcool sont une source importante de revenus pour les États indiens. Mais en raison du confinement lié au Covid19, tous les magasins d'alcool ont été fermés pendant de fin mars jusqu’à fin avril. Début mai, avec l'assouplissement des règles de confinement, les magasins d'alcool ont commencé à ouvrir dans certains États, mais avec des prix élevés. Une "taxe spéciale" a été imposée sur le prix maximum de vente au détail (MRP) des bouteilles d'alcool, les gouvernements des États cherchant à gagner des revenus supplémentaires et à compenser les pertes de revenus dues au confinement. À Delhi, une taxe spéciale de 70 % a été imposée sur l'alcool, qui a été supprimée au bout d'un mois. La décision d'imposer cette taxe s'est avérée contre-productive car, malgré une augmentation initiale, les ventes d'alcool ont chuté de manière drastique en mai. Le gouvernement de l'État a cependant augmenté la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur toutes les catégories d'alcool de 20 à 25 %.

 

L'industrie

Le marché indien des produits surgelés, qui était évalué à environ 860 millions d'euros en 2018 et devrait atteindre une valeur de 2,2 milliards d'euros d'ici 2024, connaîtra un taux de croissance annuel moyen d'environ 17 % entre 2019 et 2024. Les habitudes alimentaires et les modes de vie des Indiens dans les zones urbains changent sous l'influence de la culture occidentale. Le secteur du commerce électronique, qui offre des plateformes en ligne ayant une grande visibilité des produits par rapport aux plateformes traditionnelles, a également facilité une plus grande pénétration des produits alimentaires surgelés en Inde. Ces derniers temps, les gens ne peuvent pas commander de nourriture dans les restaurants et restent à domicile en raison du Covid-19. Cela a encore augmenté la demande de produits alimentaires surgelés. L'offre standard de produits surgelés, qui se limitait auparavant à des options comme les petits pois, les frites et les saucisses, est également en pleine évolution, les entreprises proposant de nouvelles variantes indiennes de produits surgelés, comme les samosas, les côtelettes, les brochettes et les parathas.

Les fabricants de tracteurs Mahindra, Tractors and Farm Equipment (Tafe) et Sonalika cherchent à intensifier les services de location car il y a une demande croissante de la part des migrants qui sont retournés chez eux des grandes villes suite au confinement. Les migrants auront moins d'argent en main pour posséder un tracteur et le louer augmentera immédiatement la productivité. Avec une bonne récolte d'hiver et la promesse d'une récolte exceptionnelle due à une mousson normale et l'approvisionnement des cultures par le gouvernement, les travailleurs migrants voient un avenir dans l'agriculture. Selon certains experts du secteur, ils pourraient rester dans leur Etat d'origine jusqu'en novembre. Jusqu'à présent, 65 à 70 % des districts restent libres de Covid-19, ce qui poursse à penser que les activités agricoles vont connaître une augmentation.

 

Sucre

Les sucreries indiennes ont produit 27 millions de tonnes de sucre jusqu'à présent au cours de la saison 2019-20 (octobre-septembre), et la production en 2020-21 devrait être d'environ 31 millions de tonnes. Cependant, les sucreries sont à court d'argent et doivent 2,5 milliards d'euros aux agriculteurs pour la saison en cours.

L'argent gagné par les exportations, qui sont plus importantes cette année par rapport à l’année dernière, devrait aider les sucreries à régler les cotisations des agriculteurs. 4,3 millions de tonnes de sucre ont été déjà exportées par rapport au quota d'exportation obligatoire de 6 millions de tonnes pour la saison en cours. L'industrie sucrière s'attend que le gouvernement annonce une nouvelle politique d'exportation de sucre pour 2020-21 (octobre-septembre). Etant donné la réduction de la consommation intérieure et la production excédentaire de sucre, l’Inde devra augmenter ses exportations pour écouler ses stocks de sucre.

Actuellement, le gouvernement fournit une aide de 122 euros par tonne aux sucreries pour couvrir les dépenses liées à l'exportation de 6 millions de tonnes de sucre, avec des dépenses probables d'environ 729 millions d'euros. Cette subvention devrait se poursuivre l'année prochaine.