Flash Info : Brèves N°23 - semaine du 5 au 11 juin 2020

La crise sanitaire et les effets économiques et sociaux du confinement ont abouti à une généralisation des subventions directes aux ménages dans la région, jusqu’alors phénomène réservé à des populations spécifiques (à l’exception du Venezuela, où elles s’avèrent généralisées depuis plusieurs années).

En Bolivie, le gouvernement considère quatre « bonos » comme faisant partie du paquet de transferts liés à la lutte contre la pandémie. Il s’agit de « Renta Dignidad » (50 USD pour les individus sans pension de retraite), « Bono Canasta Familiar » (57 USD pour les personnes âgées, femmes enceintes et personnes handicapées), « Bono Familia » (71,7 USD pour chaque enfant en âge scolaire) et « Bono Universal » (personnes de 18 à 59 ans ne bénéficiant pas déjà d’un programme social). L’ensemble de ces subventions a bénéficié d’un financement de 450 MUSD de la BID, 254 MUSD de la Banque Mondiale et de 100 MEUR d’un « Prêt d’assistance social d’urgence » de l’AFD. Sur les mois d’avril et mai, environ 8 M de paiements ont été réalisés, pour un total de 525 MUSD.

En Colombie, aux programmes ciblés existants (« Familia en Acción », « Jóvenes en Acción », « Colombia Mayor »…), couvrant 3,8 M de ménages, s’est notamment ajouté « Ingreso Solidario », visant 3 M de familles non couvertes par les autres subventions. Sur ce total, 2,3 M ont reçu un ou plusieurs des trois versements mensuels prévus, d’une valeur de 160.000 COP chacun (dernier versement en cours). Les autorités ont également mis en place un programme de « compensation de TVA » destiné à 1 M de ménages modestes (700.000 couverts également par « Familias en Acción »  et 300.000 par « Colombia Mayor »), consistant en une subvention bimestrielle de 75.000 COP. Ces différentes subventions, ainsi que la prise en charge publique d’une partie des factures de fluides des ménages, représentent un budget total de 4.900 Mds COP, soit 4,1% du plan gouvernemental de réponse à la crise (117.000 Mds COP, soit 11% du PIB, dont plus de la moitié en garanties).

En Equateur, le gouvernement a instauré un « bono de contingencia COVID » en avril, mai et juin, pour un total de 120 USD pour chacun des 950.000 familles visées (revenu mensuel inférieur à 400 USD). Cette opération, financée par des prêts de politique publique de la BID et de la Banque Mondiale, représente un budget de 114 MUSD. Les ménages les plus défavorisés qui touchaient déjà une aide d’Etat (subvention mensuelle de 80 USD) ne sont pas concernés par ce nouveau transfert social.

Au Pérou, un « bono » de 380 PEN (110 USD) a été initialement conçu pour les foyers modestes afin de faire face aux deux semaines initiales de confinement. Avec le prolongement de celui-ci, la subvention a doublé à 760 PEN (220 USD), soit 82% du salaire minimum, et trois autres « bonos » ont été conçus pour les indépendants, les foyers ruraux puis tous les foyers en difficulté jusqu’à recouvrir 75% des foyers du Pérou. Environ 4,7 Mds PEN (1,4 Md USD) ont été budgétés pour ces subventions, qui doivent bénéficier à 6,8 M de foyers. Fin mai, 4,7 M de foyers avaient reçu leur subvention. Au 9 juin, 4,45 Mds PEN (1,3 Md USD) soit 94% des ressources ont été dépensées.

Au Venezuela, les subventions directes versées aux ménages, à travers six primes exceptionnelles, représentent depuis le début de la crise l’équivalent de 133 MUSD financés par l’émission monétaire. Bien que la prime exceptionnelle « Disciplina y Conciencia » devrait être revalorisée de 11% sur un mois en juin (500.000 VES, soit 2,5 USD au taux de change parallèle), les transferts continueront de baisser par rapport aux mois précédents (20 MUSD en mai, contre 32 MUSD en avril et 81 MUSD en mars) du fait de l’inflation et de la reprise graduelle des activités. Les aides sont versées aux détenteurs du Carnet de la patrie (4 à 9 M de bénéficiaires selon les primes) ce qui exclut les sympathisants de l’opposition. Les bénéficiaires travaillent notamment dans le secteur informel mais les employés de certaines entreprises privées bénéficient également du versement du revenu minium par l’Etat (équivalent de 4,5 USD).