Intensification des échanges surtout vers la Chine et les EUA, creusant le déficit de la balance commerciale. Forte concentration des exportations sur quelques matières premières et sur quelques pays. Très forte progression des importations de produits pétroliers et de blé.

Malgré la situation instable qu’a connue le Soudan en 2019, son commerce extérieur a fortement augmenté avec un total échangé de 13,2 Md USD (soit +16% par rapport à 2018). Cette augmentation a surtout profité aux importations, ce qui s’est traduit par un creusement du déficit commercial, qui a atteint 5,22 Md USD. La Chine et les EAU restent les deux principaux partenaires commerciaux avec respectivement 2,55 et 2,48 Md USD échangés, soit 38% des échanges extérieurs.

1. Intensification des échanges surtout vers la Chine et les EUA, creusant le déficit de la balance commerciale

Malgré une situation très volatile, le Soudan a connu, en 2019, une forte progression de ses échanges, qui ont augmenté de +16% pour atteindre 13,16 Md USD. Bien qu’ayant été mis au ban des nations pendant une trentaine d’années, le Soudan reste statistiquement, avec un ratio commerce extérieur / PIB  de 21%, une économie relativement ouverte[1],

Négative depuis la sécession du Sud Soudan en 2012, la balance commerciale a enregistré en 2019 un nouveau déficit de 5,22 Mds USD, contre 4,4 Mds USD en 2018, soit le deuxième moins bon résultat de cette décennie (cf tableau 1). Ce mauvais score est surtout dû à la très forte progression des importations de produits pétroliers (+ 81% et qui atteignent 1,8 md USD) et de blé (+50%, 1,1 Md USD). Malgré une reprise des exportations non pétrolières (tableau 2), notamment l’or, depuis 2012, celles-ci sont loin de combler l’écart laissé par la perte des recettes pétrolières intervenues lors de cette sécession.

La situation politique[2] explique que les échanges extérieurs du Soudan soient orientés principalement vers les pays asiatiques et arabes. Ainsi, les principaux partenaires commerciaux restent, par ordre d’importance décroissante : la Chine (2,55 Mrds USD, +4%), les Emirats Arabes Unis (2,4 Mds USD, +51%), l’Arabie Saoudite (1,51 Mds USD, +28%), l’Egypte (862 M USD +87%), l’Inde (834 M USD, +4%) et la Russie (809 M USD, +37%). Ces six pays concentrent presque 70% des échanges réalisés par le Soudan (tableau 3). Les échanges avec la France s’élèvent, selon les statistiques de la Banque Centrale du Soudan, à 125 M USD en 2019 (+23%), soit une part de marché[3] de 0,9%. 

2. Une forte concentration des exportations sur quelques matières premières  et sur quelques pays

Les exportations ont progressé de 14% pour atteindre 3,97 Mds USD, retrouvant ainsi leur niveau de 2017. Compte tenu de la faiblesse du secteur industriel, dont l’outil de production est orienté vers le marché intérieur, elles sont constituées de matières premières non transformées, dont les 8 principales (or, sésame, animaux vivants, pétrole, coton, arachides, fourrage et gomme arabique) représentent 93% du total exporté, soit 6 points de mieux qu’en 2018. Dès la constitution du nouveau gouvernement de transition début septembre 2019, le Premier Ministre ainsi que le ministre du commerce et de l’industrie ont à de nombreuses reprises insisté sur la nécessité de transformer ces matières premières afin d’augmenter la valeur ajoutée des exportations.

Après la sécession du Soudan du Sud, l’or est devenu, avec des ventes atteignant 1,2 Md USD, la principale source de devises[4]. Elle représentait en 2019 à elle seule 31% du volume total exporté[5]. L’an dernier, les ventes de sésame se sont hissées au second rang, dépassant les animaux vivants, dont les ventes ont connu une baisse de 24%. Les moutons restent le principal poste d’exportations d’animaux vivants[6], avec 67% du total de ventes d’animaux, suivis par les chameaux (21%), le bétail (10%) et enfin les chèvres (2%). Ces quatre postes d’exportation ont connu une baisse aussi bien en valeur[7] qu’en volume (-19% avec 3,4 M de têtes) dû en partie à la fièvre du Rift qui s’est déclarée au mois d’octobre 2019. Le pétrole constitue, avec 20 550 b/j exportés (en croissance de +17% par rapport à 2018), la quatrième source de devises[8].

A noter la très forte progression des ventes d’arachides (+243% en valeur et +275% en volume). Elles représentent dorénavant le 5ème poste d’exportation avec 206 M USD et ont dépassé deux cultures emblématiques : le coton et la gomme arabique, dont les ventes stagnent (+1% pour le premier et -7% pour le second).

En termes de clients, les Emirats Arabes Unis restent, et de loin, le premier acheteur du Soudan (1,04 Md USD dont 940 M USD d’or), suivis par la Chine (750 MUSD dont 474 M USD de produits pétroliers et 139 M USD de sésame), l’Arabie Saoudite (510 MUSD, dont 411 MUSD d’animaux vivants[9]), l’Egypte (366 M USD, dont 168 M USD d’animaux vivants[10] et 64 M USD de sésame), la Suisse (176 M USD dont 88 M USD de sésame et 45 M USD d’arachides) et enfin l’Inde (152 M USD, dont 90 M de sésame). Ces 6 principaux clients absorbent 75% des ventes extérieures du Soudan.

3. Très forte progression des importations de produits pétroliers et de blé

Depuis la sécession du Soudan du Sud, la balance commerciale soudanaise est structurellement déficitaire. En 2019, les importations ont atteint 9,19 Mds USD, en progression de 17% par rapport à 2018. Elles sont revenues au niveau moyen de cette décennie. Le pays importe la quasi-totalité des produits manufacturés qu’il utilise : machines, produits pétroliers, métallurgie, textiles.

Parmi les postes d’importation, les produits alimentaires arrivent en tête, avec un montant total de 2,2 Md USD, dont 1,1 Md USD de blé (+50% par rapport à 2018)  et 335 MUSD de sucre (-40% par rapport à 2018). En deuxième place figurent les produits pétroliers pour 1,8 Md USD (+81% par rapport à l’année dernière) suivi par les produits manufacturés, pour 1,55 Md USD (+9% par rapport à 2018) et les machines et équipements (1,4 Mds USD) (tableau 5).

Les principaux fournisseurs restent la Chine (1,7 Mds USD dont 562 MUSD machines et équipements, 538 M USD de produits manufacturés et 295 MUSD de moyens de transport), les Emirats Arabes Unis [11] (1,44 Md USD dont 1,1 Md en produits pétroliers), l’Arabie Saoudite (1 Md USD, dont 546 MUSD de produits pétroliers et 91 MUSD de produits manufacturés), la Russie (809 MUSD, dont 716 MUSD de blé), l’Inde (682 MUSD dont 225 MUSD de produits alimentaires) et enfin l’Egypte (496 MUSD). Ces 6 principaux pays fournissent presque 70% des besoins extérieurs du Soudan.

 

Annexes (source Banque Centrale)

Tableau 1 Evolution de la balance commerciale entre 2010 et 2019 (en Md  USD)

Evolution balance commercial

 

Tableau 2 Evolution des exportations non pétrolières entre 2005 et 2019 (en Md  USD)

Evolution exportations

[1] Ce bon résultat relatif provient du fait que le PIB, depuis une dizaine d’années, décroît régulièrement.

[2] Les sanctions américaines contre le Soudan mises en place en 1997 n’ont été levées qu’en octobre 2017. Cependant le maintien du Soudan sur la liste des États soutenant le terrorisme par les États-Unis interdit de facto le rétablissement des correspondances bancaires.

[3] la part de marché de la France représentait 0,9% du total des importations soudanaises, et 1,4  % du total exporté, alors que en 2018, ces pourcentages étaient respectivement de 1% et 2 %. . 

[4] Quant aux exportations officielles (soit 21,7 tonnes en 2019 et 20 tonnes en 2018), elles sont surtout orientées vers les EUA, qui absorbent respectivement 78% et 98% des valeurs exportées.

[5] Cependant avec un peu plus de 2 Mds USD, en progression de +15% par rapport à 2018, les exportations agricoles et animales représentaient l’an dernier, avec 52 % des recettes, le principal secteur générateur de devises

[6] 396 M USD pour 3 millions de têtes,

[7] (respectivement -15%, -44%, -11% et -24%)

[8] exportés vers la Chine par la société chinoise CNPC, actionnaire principal de la compagnie pétrolière. 

[9] Essentiellement des moutons

[10] Essentiellement des chameaux

[11] Qui a ravi la seconde place à l’Inde et a doublé ses ventes par rapport à 2018 grâce à la bonne tenue du prix des hydrocarbures