Focus : lancement du programme "bioinsumos" - biointrants

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Le B de BRICS

Actualités agricoles au Brésil

1nº146 du 5 juin 2020

Focus : lancement du programme national biointrants (bioinsumos) au Brésil

Au sein du secteur de l’Agtech, fortement promu par les autorités brésiliennes, un domaine en fort développement est particulièrement mis en avant : les biointrants. La ministre de l’agriculture et ses secrétaires à l’innovation et à la sécurité sanitaire ont lancé officiellement le 28 mai 2020, le programme national « bioinsumos ». La ministre l’a qualifié de troisième vague de mutation agroenvironnementale au Brésil après le semis direct et l’agriculture intégrée. Elle a mis l’accent sur l’aspect hautement symbolique incarné par ce programme. Il prend en compte le travail de conservation et d’innovation fait patiemment par la petite agriculture en le développant encore plus largement à l’ensemble des acteurs du monde agricole. Cela lui donne ainsi une dimension économique et environnementale majeure. La ministre a insisté sur le fait que ce programme émergeait aujourd’hui grâce à la nouvelle organisation du MAPA, regroupant toutes les agricultures et permettant un dialogue constructif et à double sens.  Au-delà de cet aspect porteur pour justifier l’intégration de la petite agriculture au sein du MAPA, plusieurs aspects ont été mis en lumière pour justifier un intérêt du programme pour ce secteur :

  • premièrement son dynamisme (20 millions d’hectares déjà traités, incontournable sur certaines cultures comme la canne à sucre, nombre d’enregistrement record de nouveaux produits) lié à la biodiversité brésilienne, à la conservation et à l’amélioration des savoir-faire traditionnels ;
  • ensuite, son importance pour diminuer l’usage des pesticides traditionnels et trouver des solutions contre l’apparition de résistances à ces produits ;
  • et enfin la réduction de la dépendance brésilienne aux intrants (très majoritairement importés) en stimulant la fabrication sur place de solutions alternatives.

Le programme (décret 10.375 du 26/05/2020) est le fruit du travail du groupe créé à cet effet en 2019 (Portaria 66 du 11/04/2019) et s’articule autour de trois axes principaux :

  1. Une forte incitation, notamment financière avec l’inclusion de lignes dédiées dans le futur plano SAFRA (notamment INOVABIO) qui va être révélé d’ici peu. Ces enveloppes financeront des crédits pour l’achat de ces produits et surtout la fabrication d’unité de production. L’incitation se décline également en termes d’image avec la création d’une « marque légale » spécifique.
  2. Une meilleure connaissance : en publiant un catalogue des entreprises du secteur et un livre mettant à jour les connaissances sur ces produits ; en mettant à disposition une application mobile gratuite pour recenser les solutions disponibles ; en promouvant la formation et les partenariats nationaux et internationaux.
  3. Un cadre réglementaire facilitateur en matière d’enregistrement de ces produits, réglementant leur fabrication à la ferme (consultation sur un projet de texte régulant la fabrication à la ferme en cours) et promouvant des dispositifs d’incitation aux implantations de « biofabriques ». 

La France qui dans le domaine de l’AgTech et plus spécifiquement des biointrants dispose d’un savoir-faire et de connexions multiples établies par la Team France export et des entreprises peut trouver dans la dynamique nouvelle de ce plan une opportunité d’affaires et de nouveaux partenariats.

Agriculture et commerce

Croissance de 17,5% des exportations de l’agronégoce sur les quatre premiers mois de 2020

 

 

Le MAPA explique ce résultat par l’ouverture de nouveaux marchés, en particulier en Asie. Les produits avec la plus forte croissance d’exportation sont le soja (+29,9%) le coton brut (+69,5%), le bois brut (+28,9%), le miel (+17,2%). Dans un contexte de ralentissement de l’ensemble des exportations brésiliennes, la part des exportations de l’agronégoce dans les exportations totales passe à 22,9% (18,7% sur les quatre premiers mois de 2019).

Lancement de l’initiative “Agro.Br”

Soutenue par la Confédération nationale de l’agriculture et l’agence de promotion des exportations et investissements, Agro.Br vise à promouvoir le secteur agricole brésilien dans le monde ainsi qu’à appuyer les producteurs pour l’accès aux marchés d’exportation.

Les questions de régularisation foncière en débat à la chambre des députés

La chambre des députés n’a pas approuvé la mesure provisoire 910 du gouvernement qui visait à faciliter la régularisation foncière. La mesure n’a pas été mise au vote par le président de la chambre des députés qui la jugeait comme polarisant trop les environnementalistes et la bancada ruralista. Depuis, une proposition de loi a été déposée (2633/20). Elle prévoit une régularisation pour les propriétés d’une taille maximale de 6 modules fiscaux (36 à 660 hectares selon la zone) et dont la date d’occupation remonte au moins à juillet 2008. Cela permettrait de traiter la régularisation de 92% des propriétés localisées sur des terres publiques. Un des points les plus polémiques est la dispense de visite préalable par l’Institut national de la colonisation et de la réforme agraire (INCRA).

Selon un spécialiste universitaire, la proposition de loi permettrait la régularisation de 150 M ha correspondant à 827 000 propriétés, dont 272 000 situées en Amazonie légale, 31 333 dans le Nord-Est, 5 537 dans le Centre-Ouest, 127 921 dans le Sud et 20 443 dans le Sud-Est. Il estime que la demande de l’agronégoce consistant à augmenter la taille limite de régularisation à 15 modules fiscaux, entrainerait une augmentation du risque d’appropriation des terres et de déforestation. Dans le cadre de ce débat, des chaînes de supermarchés britanniques ont alerté sur la possibilité de boycotter des produits brésiliens si le législateur adoptait des mesures encourageant la déforestation et conversion des terres en Amazonie.

90 M€ pour l’achat d’aliments la distribution à des personnes dans le besoin

Le dispositif, porté par les ministères chargés de l’agriculture et de la citoyenneté consiste à abonder le programme national d’acquisition des aliments (PAA). 39 M€ seront gérés par la CONAB (équivalent de FAM en France) qui achètera des aliments aux agriculteurs familiaux et coopératives, et réalisera une donation aux structures d’appui aux personnes en vulnérabilité sociale. 27 M€ seront mis à la disposition des Etats et municipalités pour l’achat d’aliments aux agriculteurs familiaux. 24 M€ seront mobilisés pour l’achat de lait aux agriculteurs familiaux des régions semi-arides. 85 000 agriculteurs familiaux bénéficieraient de ces mesures ainsi que 12 500 structures d’appui aux personnes.

Le ministère public fédéral lance une action à l’encontre de mesures qu’il juge favorables à l’accaparement des terres et à la déforestation

L’action lancée à l’encontre de la fondation nationale de l’Indien (FUNAI) et de l’Institut national de colonisation et de réforme agraire (INCRA) conteste la norme 09/2020. Elle créerait un régime d’origine des propriétés privées en opposition avec le principe de démarcation des terres, violerait la sécurité juridique et serait contraire aux droits des peuples indigènes.

 

Alimentation et sécurité sanitaire

Fièvre aphteuse : bilan d’étape du programme national d’éradication et de prévention (PNFEA)

 

Après deux ans et demi d’’exécution de ce programme sur dix ans, les autorités ont organisé il y a peu une réunion de bilan. Il apparaît qu’au-delà de l’Etat de Santa Catarina (4 millions de têtes) déjà reconnu officiellement indemne de fièvre aphteuse sans vaccination, Les Etats du Rio Grande do Sul, de l’Acre, du Rondônia et une partie de l’Amazonas et du Mato grosso (représentant 40 millions de têtes) pourraient obtenir la reconnaissance de ce statut en mai 2021.

Nouveau laboratoire agréé pour faire les sérologies rage au Brésil

Le retour des carnivores domestiques dans l’UE est soumis à certaines conditions dont la vaccination rage à jour des animaux et la réalisation de sérologie rage datant de plus de trois mois. Le Brésil n’avait plus, depuis la fin 2019, de laboratoire agréé. Cela conduisait à l’envoi d’échantillons dans d’autres pays. L’agrément du nouveau laboratoire brésilien pour faire les sérologies rage est désormais paru (décision UE 2020/528 du 14 avril 2020). Il s’agit du Núcleo de Pesquisas em Raiva Laboratório de Virologia Clínica e Molecular do Instituto de Ciências Biomédicas/Universidade de São Paulo. Rappel si vous avez un projet de revenir em France depuis le Brésil avec un animal, faîtes sans attendre cette sérologie valable toute la vie de l’animal si vous maintenez la vaccination rage à jour.

Biocontrôle : ouverture de deux consultations importantes

Le MAPA a mis en consultation (Portaria 102 et 103) du 26 mai 2020 deux textes sur les futures dispositions applicables aux produits de biocontrôle dérivés de plantes (phytochimiques) et microbiologiques.

Prolongation de la consultation publique sur les règles relatives aux vins et dérivés du vin

Le délai de cette consultation publique a été prorogé de 60 jours, jusqu’au 19 juin en raison du contexte de pandémie. Les commentaires sont à adresser via ce lien.

Consultation sur les textes régissant la sécurité sanitaire

Le MAPA a lancé une consultation sur une liste Excel par thématique des textes régissant le secteur de la santé animale et de la sécurité sanitaire. Le fichier Excel qui peut être utile pour des recherches réglementaires est téléchargeable sur le site du MAPA.

Nouveaux enregistrements de produits phytopharmaceutiques

Ces enregistrements, au nombre de 38 ont été officialisés par le Journal officiel du 27 avril (Ato 29) et du 12 mai 2020 (Ato 38). Ils couvrent très majoritairement des molécules déjà autorisées (produits techniques équivalents) et des produits de biocontrôles (3).

Décision judiciaire sur le foie-gras à Sao Paulo

Après un long processus judiciaire, le suprême tribunal fédéral a tranché en considérant compatible avec la constitution brésilienne, la loi 16.222 de la municipalité de Sao Paulo (avis plénier RE1030732RG/SP du 05/03/2020). La production et la commercialisation de foie gras frais ou en conserve sur le périmètre de la ville de Sao Paulo sont interdits.

Environnement

Le gouvernement annonce qu’il recréera un comité d’orientation du Fonds Amazonie, présidé par le vice-président de la République

 

Après le départ de la Norvège et de l’Allemagne, principaux financeurs du Fonds Amazonie destiné à lutter contre la déforestation dans la plus grande forêt tropicale au monde, le vice-président Mourão a réuni les ambassadeurs d’Allemagne et de Norvège, en présence du président de la Banque nationale du développement social (BNDES) pour recréer l’instance. A ce jour, il n’y a pas confirmation d’une participation allemande ou norvégienne dans cette instance recréée.

L’institut de protection de l’environnement estime que les feux de forêt en Amazonie devraient être plus intenses que l’année dernière

Cette estimation est basée sur l’observation du nombre de foyers observés à la fin du mois d’avril 2020 (points rouges sur la carte ci-contre) et sur le maintien sur place des coupes, déchets inflammables et matériels de déforestation laissés l’année dernière.

L’armée va être envoyée en Amazonie pour lutter contre la déforestation

Le décret formalisant cette mobilisation a été signé le 6 mai par le président de la République. Il sera applicable du 11 mai au 10 juin 2020. Il s’agit de la même force armée que celle envoyée l’année dernière à la suite des feux en Amazonie.

Blocage des amendes pour déforestation illégale en Amazonie

Human Rights Watch indique que les amendes pour déforestation illégale en Amazonie sont pratiquement suspendues depuis le mois d’octobre 2019 par le biais d’un décret. Ce texte a instauré le passage en revue des amendes environnementales devant un comité de conciliation pouvant accorder des réductions ou suppressions. Depuis cette date, des milliers de procès-verbaux pour déforestation illégale et autres infractions environnementales auraient été adressés par des agents de l’Institut de l’environnement et des ressources naturelles (IBAMA). Ils représenteraient une somme de près de 100 M€. Néanmoins, seuls 5 d’entre eux auraient donné lieu à une obligation de payer l’amende.

Entreprises

Club Agro

Marfrig et ADM annoncent la création d’une joint-venture pour développer des produits d’origine végétale

 

Baptisée PlantPlusFood, la joint-venture développera des produits d’origine végétale sur l’ensemble du continent américain. Les produits seront distribués en supermarchés et en food service. Elle sera détenue à 70% par Marfrig qui assurera la production et la distribution des produits.

Investissement de 5M€ chez Proteinorte dans le secteur avicole

L’objectif est de développer et moderniser la chaîne d’abattage et de fabrication d’aliments pour animaux de l’usine de Linhares dans l’Etat d’Espirito Santo.

Victória Indústria e Comércio de Álcool investit 6 M€

L’objectif est d’installer une ligne de production d’alcool à 70% dans l’Etat du Mato Grosso do Sul ainsi que de produire de la glycérine et autres produits chimiques issus de l’extraction des graisses végétales.

La Codevasp prévoit d’investir 6 M€ dans un projet d’irrigation.

La compagnie de développement des vallées du São Francisco et du Parnaíba (CODEVASP) développera ce projet dans la ville de Pétrolina.

Maracajá Bioenergia va construire une usine d’éthanol de maïs

L’investissement de 50 M€ sera réalisé à Matupá dans l’Etat du Mato Grosso. L’objectif est la production de 216 millions de litres d’éthanol par an en utilisant 500 000 t de maïs. Le projet est actuellement en phase de demande de licence environnementale, avec un objectif de mise en production en 2022.

 

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Auteurs : Julien BARRE et Franck FOURES

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