Lumière Turquoise est la publication trimestrielle du SER d'Ankara.

Ce numéro est évidemment largement consacré à l’impact de la crise sanitaire sur les économies régionales et les réponses apportées par les autorités afin de soutenir les entreprises et les ménages.

En Turquie, les autorités se sont abstenues durant cette crise de déclarer un couvre-feu total afin de préserver une partie de l’économie des conséquences de la pandémie. Elles considèrent dorénavant que le pic de l’épidémie a été atteint (7ème pays comptant le plus grand nombre de cas) et envisagent une sortie du confinement progressive afin d’accompagner une relance de l’activité au mois de mai. Le choc de demande interne et externe engendré par la crise sanitaire s’est rapidement répercuté sur plusieurs secteurs clés de l’économie Turque (cf. p 21) entrainant le pays dans une récession dont il est encore difficile d’anticiper la profondeur (cf. p 2). Le paquet de soutien de l’activité mis en œuvre par le gouvernement turc, dit « bouclier économique » (cf. p 6), s’élèverait, à ce stade, à 200 Mds TRY (26,4 Mds EUR), soit deux fois plus qu’initialement annoncé. S’il apporte des réponses aux problèmes de trésorerie des entreprises, notamment aux PME, et, dans une moindre mesure, aux conséquences sociales (cf. p 4) de la crise dans un pays où le filet social est faible, il apparaît peu ambitieux au regard des défis à relever. La baisse marquée des rentrées en devises (arrêt du tourisme et des IDE) ainsi que l’accélération des sorties de capitaux internationaux (cf. p 8) limitent la capacité d’intervention des autorités pour soutenir l’activité et défendre la monnaie (qui a perdu environ 15% de sa valeur depuis le début de l’année) et pourraient faire apparaître un risque de besoin de financement non assuré.

Depuis le 31 mars, la Géorgie a mis en place un plan de confinement très strict qui a été prolongé jusqu’au 22 mai. La crise du coronavirus a un impact très significatif sur ce pays ouvert et largement dépendant du tourisme et des entrées de fonds de migrants (remittance). Le gouvernement, qui prévoit une baisse de 4% du PIB cette année (contre 5% de croissance d’avant crise), en ligne avec la prévision du FMI (cf. p 12), met en œuvre un plan de relance de l’économie d’un montant de 1,2 Md USD (soit 8% du PIB) qui fera l’objet d’un soutien massif des bailleurs. Le plan est largement orienté vers les plus vulnérables, ceux qui ont perdu leurs revenus et leur emploi.

De leur côté, les économies azerbaïdjanaise et turkmène, dont les revenus en devises étrangères dépendent quasi-exclusivement des exportations d’hydrocarbures, sont particulièrement affectées par la chute des cours, conséquence de la baisse de la demande mondiale. En Azerbaïdjan, la crise sanitaire mondiale met un coup d’arrêt à l’amélioration de la situation économique et financière après la crise des années 2016-2017. Les autorités ont annoncé un programme de soutien à l’économie de 2,1 Mds USD, soit 4,3% du PIB (cf. p 16), qui doit répondre aux besoins en liquidité des entreprises et à la croissance des dépenses sociales. Mais, si les comptes publics connaissent une dégradation accélérée, la situation financière du pays n’appellerait pas d’ajustement du taux de change dans les prochains mois en raison de solides réserves. Néanmoins, bien sûr, tout repose sur le cours du baril à court et moyen-terme. La situation apparaît plus fragile au Turkménistan où l’état des finances publiques impose la mise en œuvre de mesures de contrôle des changes renforcées et de réduction des dépenses, notamment en matière de rationalisation des grands projets (cf. p 19).