Entretien avec Ioulia SAUTHIER, Chef du Service Économique de Tbilissi
Entretien avec Ioulia SAUTHIER, Chef du Service Économique de Tbilissi.
Quel est le rôle du SE de Tbilissi ? Quels sont les projets et dossiers suivis par le SE ?
A l’exception de la mission de promotion de l’attractivité du territoire France, le service économique de Tbilissi couvre les trois missions classiques dévolues au réseau, à savoir rendre compte de la trajectoire économique de la Géorgie et de l’Arménie et des résultats des politiques publiques ; apporter son soutien aux entreprises françaises et promouvoir nos positions et suivre la mise en œuvre des accords avec l’Union européenne (DCFTA et CEPA).
En période de crise du Covid-19, la contribution du Service Économique a été cruciale. Le Service économique s’est mobilisé pour faire connaitre aux autorités les mesures adoptées en France pour faire entendre la nécessité de mesures fortes de soutien aux entreprises touchées. De nombreux entretiens avec les autorités et des interventions ont été nécessaires en faveur de nos entreprises et nous avons apporté à nos acteurs un éclairage précis et quotidien sur les mesures nationales et régionales mises en place (transit de marchandises, règles de sécurité au travail, demandes de réouvertures, demandes de prêts bancaires de transition, demandes de remboursement accéléré de TVA etc.) ainsi que les dispositifs de continuité de l’activité pour les entreprises qui le souhaitaient. Plus globalement, le Service Économique de Tbilissi assure le suivi de dossiers difficiles qui requièrent une relation étroite avec les autorités.
En Géorgie et Arménie, l’Union Européenne joue un rôle clé dans leur développement, de ce fait, le Service Économique participe activement au travail de suivi de la mise en œuvre des accords DCFTA pour la Géorgie et CEPA pour l’Arménie. Un suivi rapproché assure aussi le succès des projets sur financements bilatéraux, européens ou internationaux (FASEP: 4 projets ont abouti avec succès sur 6 engagés, jumelages : 2 en cours avec la participation française, suivi des appels d’offres et projets des IFIs).
L’année 2020 a été marquée par le lancement du dialogue bilatéral structuré Amilakhvari dans lequel s’inscrivent les actions françaises. Le Service Économique a assuré l’organisation de la séquence économique (réunion entreprises, table ronde officielle). Dans ce cadre, la Géorgie et l’Arménie accueilleront probablement des missions Medef/Business France qui ont été reportées pour cause de crise du Covid-19.
Le Service Économique est un rouage essentiel de l’ambassade qui doit faire preuve de disponibilité, de pédagogie et servir de force de proposions.
Où en sont les relations économiques entre la France et la Géorgie ?
Notre relation économique bilatérale s’inscrit dans le cadre du dialogue bilatéral Amilakhvari lancé en décembre 2019 à Paris par les Ministres des Affaires étrangères. Une mission MEDEF ainsi qu’une mission multisectorielle de Business France auront probablement lieu en 2020.
La Géorgie est notre premier marché du Caucase avec des exportations de 153M€ en 2019 et des importations de 35M€. La relation économique s’appuie sur les échanges courants avec quelques livraisons d’équipements dans le cadre de grands contrats dans le domaine de l’énergie hydroélectrique. Notre solde bilatéral, structurellement excédentaire (+119M€), a tendance à diminuer (-27M€ en 2019). La France totalise 2% de part de marché en Géorgie, le pays étant un petit marché, ouvert et très compétitif.
Selon les chiffres de la Banque centrale, le stock d’IDE français en Géorgie s’établissait en 2015 à 95,4M€. Ce stock connaissait depuis 10 ans, à l’exception des années 2011 et 2012, une progression constante. Les investissements français sont concentrés dans les secteurs des transports, de l’agroalimentaire, les matériaux de construction, des équipements industriels, la grande distribution et enfin de l’immobilier commercial. A noter que la France avait investi dans le secteur bancaire avant de céder cet actif à la banque géorgienne TBC en octobre 2016.
L’Etat français conduit en Géorgie une politique d’assurance-crédit ouverte et a mobilisé ses fonds pour accompagner la modernisation d’infrastructures. Deux projets, lancés en 2011 et 2014 bénéficient de prêts concessionnels de l’État français (RPE) : la construction de remontées mécaniques de sports d’hiver à Mestia, en Svanetie, et de transport urbain par cable à Chiatura, ville minière du centre du pays. La France a octroyé un fonds FASEP au développement de la filière de viande bovine en 2017 qui aboutira en 2020-21 sur un investissement privé dans une ferme de 2000 têtes associant des investisseurs français et géorgiens. Un second FASEP innovation sur le traitement des eaux pluviales de Tbilissi est actuellement à l’étude.
L’AFD intervient en Géorgie depuis 2014 sur 3 prêts de politiques publiques en support des réformes des retraites, de la protection sociale et de l’énergie ainsi que 5 projets d’assistance technique financés par l’UE (transport, eau et assainissement, agriculture).
Parallèlement, trois projets de jumelage européens dans les domaines économiques sont en cours avec la participation de la France en tant que partenaire junior (Indicateurs Géographiques ; efficacité énergétique et mise en œuvre de compteurs intelligents ; droit de la concurrence et lutte contre les monopoles).