B de BRICS n°145
Focus : Covid-19, des impacts et des opportunités pour l’agriculture et l’alimentation au Brésil
Avec 28 320 cas et 1 736 décès au 15 avril dus au Covid-19, le Brésil est encore peu touché par la pandémie. Le pic épidémique est attendu vers fin avril/début mai. Ce contexte incite à la prudence dans l’estimation des impacts sur les filières agricoles. Ce numéro se risque toutefois à apporter un premier éclairage, mais tout peut évoluer rapidement dans ce contexte inédit. La pandémie a eu à ce stade un impact globalement négatif sur le secteur agricole brésilien, par une baisse de la demande. Les filières les plus touchées sont la pêche, l’aquaculture, les fleurs, le caoutchouc et l’éthanol. Cependant, l’agriculture est moins touchée que l’économie brésilienne dans son ensemble, pour laquelle la Banque mondiale prévoit une contraction de la croissance de 5% en 2020. L’agriculture, activité essentielle, qui ne s’arrête donc pas, continue d’approvisionner la population brésilienne mais aussi d’ouvrir et développer plusieurs marchés d’exportation. A l’exportation, le débouché chinois devient de plus en plus important avec 34 % des exportations agricoles sur le T1 (24% en 2015 et 32% en 2019). Il n’est donc pas étonnant que les commentaires du ministre de l’éducation brésilien sur les chinois aient fait réagir l’ambassadeur de Chine au Brésil. Il a indiqué qu’ils créaient des « influences négatives » dans les relations bilatérales. Cela amène à de la prudence sur d’éventuelles représailles chinoises dans les mois qui viennent. A l’exception de cet épisode, plusieurs signaux montrent que la croissance des exportations agricoles, au moins celles des viandes, coton, jus de fruits et soja devraient se poursuivre en 2020. Pour le soja, le coût du fret est désormais plus compétitif que celui du soja américain, une première ! Reste à voir les conséquences de l’accord USA-Chine sur les achats de soja américain. La situation sera plus compliquée pour les céréales, en particulier le maïs ainsi que les fruits. Leurs exportations se contractent sur le T1 et conduisent à une très légère baisse des exportations de l’agronégoce. Du côté des importations, la tendance à la réduction déjà amorcée se poursuit, dans un contexte de dépréciation du Réal et surtout de grande volatilité. Les perspectives sont une poursuite de la baisse au moins à court terme. Dans ce contexte, les instruments de financement à l’exportation sont accessibles aux opérateurs français et un plan français de soutien aux entreprises exportatrices a été mis en place. Pour soutenir le secteur agricole, un appui économique du Conseil monétaire national permet de proroger des échéances de prêts et aide le stockage. Le détail actualisé des mesures est disponible ici. Pour assurer le bon approvisionnement en aliments, le MAPA pilote un comité de crise et assure une coordination avec ses pays voisins. Néanmoins, la fragilité de certaines populations brésiliennes en matière d’accès à l’alimentation est souligné par certains experts comme l’ancien directeur de la FAO et brésilien, José Graziano. Le Brésil pourrait revenir sur la carte de la faim dans le monde en 2020. Dans ce contexte d’instabilité, le Brésil cherche à se positionner comme un partenaire de confiance, tant du point de vue de la sécurité alimentaire que de la sécurité sanitaire des aliments. Globalement, le secteur et les pouvoirs publics voient cette pandémie comme une opportunité pour renforcer les positions brésiliennes de deux manières. D’abord en ouvrant et développant des marchés y compris via la prise de parts de marchés aux concurrents. Mais également en matière de diplomatie agricole, notamment pour redorer le blason du Brésil auprès de partenaires comme l’Union européenne.
|
|||||||
Politique de l’alimentation |
Le Brésil accepte la présentation de copies de certificats vétérinaires et phytosanitaires pendant la période de Covid-19 |
||||||
|
Le MAPA a accepté, suite aux demandes françaises et européennes, de déroger temporairement à l’obligation de présenter les certificats sanitaires originaux au moment de l’inspection des marchandises importées. Les copies des certificats concernés devront dans ce cas être envoyées, avec mention du point d’entrée, à l’adresse SPS.BSB-SER@dgtresor.gouv.fr pour un transfert aux autorités brésiliennes. Parution d’une nouvelle base réglementaire pour l’importation de végétauxL’IN 25 du 9 avril 2020 fixe les nouvelles procédures préalables à l’importation de végétaux au Brésil. Le principe de l’Analyse de risques phytosanitaires (ARP), qui a posé de nombreux problèmes compte tenu des délais de réalisation de ces ARP, est maintenu mais assoupli. Il y a désormais, en plus de l’exemption pour certains produits de faible risque (qui ne sont plus spécifiquement définis à ce jour du fait de l’abrogation du texte précédent), possibilité pour le MAPA d’exclure certains produits de cette obligation si des mesures de réduction du risque reconnues internationalement sont mises en œuvre. Le Brésil fait donc ainsi un pas vers le système en vigueur dans l’UE. Enfin ce nouveau texte introduit la possibilité de remplacer cette ARP par un rapport (dont le MAPA va fixer la forme) rédigé par une entreprise ou une institution requérante. Extension de la mise en place du « portail unique du commerce extérieur » aux importations de produits végétauxLe nouveau système de contrôle via le portail unique jusque-là mis en place pour les exportations vient d’être élargi aux importations de produits végétaux. Les formalités administratives seront désormais faites via cet outil qui classera l’importation dans un des trois niveaux différents d’inspection : canal vert, jaune ou rouge, en prenant notamment en compte le code douanier. Ceci devrait permettre pour les canaux vert et jaune une accélération des procédures de libération des marchandises. Ce nouveau protocole est une étape avant la mise en place de la déclaration unique à l’importation. Nouvelles dispositions sur les conditions hygiéniques et sanitaires de fabrication des produits végétauxLe MAPA a publié le 26 mars l’IN 23, qui établit en droit brésilien, les dispositions de la résolution MERCOSUR/GMC/80/96 sur les conditions d’hygiène pour les établissements produisant ou commercialisant des produits végétaux et leurs sous-produits. Vaccination contre la peste porcine classiqueL’IN 10/2020 du MAPA autorise la vaccination à compter du 4 mai 2020 contre la peste porcine classique dans onze Etats de la zone infectée. Prolongation des contrats de 269 vétérinaires inspecteursLe Sénat a approuvé la prolongation de contrats pour une durée de deux ans de 269 vétérinaires inspecteurs qui avait été recrutés par voie de concours en 2017 et dont les contrats arrivaient à échéance. Ils sont essentiellement affectés dans différents abattoirs et entreprises. Le MAPA a déjà budgété le paiement de leur salaire pour l’année à venir. Le MAPA a mis en place un nouvel outil informatique pour accélérer le versement des primes d’abattage sanitairesLes demandes d’indemnisation suite à des abattages d’animaux pour des motifs sanitaires ont été informatisées via le portail gouvernemental et une application spécifique. Le MAPA indique que cette informatisation a permis de réduire les délais qui étaient de six mois auparavant à environ un mois. Effet Covid-19 : croissance des achats de vins en ligne de 20% au BrésilUne croissance de 20% du chiffre d’affaires de ventes en ligne de vin a été notée dans le contexte du Covid-19. Ce canal de distribution a été utilisé pour la première fois par 32% des acheteurs. Des analystes considèrent que les consommateurs ont eu une réaction de stockage de vins alors que cela ne s’est pas observé pour les spiritueux ou la bière. Le phénomène aurait également touché les achats en supermarchés. Néanmoins il est possible qu’à la suite de cette hausse, les achats de vins se tassent à moyen terme. |
||||||
Politique environnementale |
Covid-19 et déforestation en Amazonie brésilienne |
||||||
|
Le nombre d’alertes de déforestation en Amazonie brésilienne pour le premier trimestre 2020 établit un nouveau record, avec une croissance de 51 % (cf. évolution ci-contre). Les zones les plus touchées sont la forêt nationale de Jamanxim dans le Para, l’aire de préservation environnementale de Tapajos dans le Para et la réserve extractiviste Chico Mendes dans l’Acre. Des experts y voient un effet de l’épidémie de Covid-19 avec une anticipation d’une baisse de contrôles de l’IBAMA. Ils prévoient une poursuite de la hausse de la déforestation dans les mois qui viennent. Le vice-président de la République, pilote du conseil de l’Amazonie légale a réuni ses membres pour poursuivre les actions de protection de la forêt amazonienne. Le détail des actions n’a pas été précisé. En complément, il est à noter le limogeage, le 14 avril, du directeur de la protection environnementale de l’IBAMA par le ministre de l’environnement, à la suite d’une opération de démantèlement d’un campement se livrant à diverses activités illégales en zone protégée. Il n’y a pas à ce stade d’explications publiques. |
||||||
EntreprisesClub Agro |
BRF lance une plateforme d’innovation ouverte |
||||||
|
Premier exportateur de poulet au monde, BRF a lancé cette plateforme pour identifier des startups, scale-ups et recherches académiques permettant de répondre aux défis de la chaîne alimentaire. L’objectif de BRF est que d’ici 2023, 10% de son revenu opérationnel brut soit issu de l’innovation et cette plateforme doit y contribuer. Carrefour lance un recrutement dématérialisé pour 5000 emploisLes postes sont ouverts pour une variété de métiers tels de des boulangers, agents de caisse, vendeurs en électroménager, etc… Salon Wine South America – 23 au 25 septembre 2020Ce salon international se tiendra à Bento Gonçalves, cœur de la viticulture brésilienne. Il a l’ambition d’être le premier salon vinicole d’Amérique latine et intègrera cette année en plus des vins, les huiles d’olive, spiritueux et tourisme œnologique. |
||||||
Copyright : Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du Service Économique Régional de Brasilia (adresser les demandes à : julien.barre@dgtresor.gouv.fr Clause de non-responsabilité : le Service Économique Régional s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. |
|
Auteurs : Julien BARRE et Franck FOURES Service Économique Régional de Brasília Adresse : Ambassade de France au Brésil SES- Av. das Nações lote 04 – Quadra 801 CEP: 70404-900 – Brasilia –D.F Abonnement par e-mail à Julien.barre@dgtresor.gouv.fr |
|||||