Dans son allocation télévisée du 22 mars dernier, Nicolas Maduro a annoncé une série de mesures économiques visant essentiellement à protéger les employés face à l’arrêt des activités, suite à l’imposition d’un confinement sur l’ensemble du territoire.

La protection des employés et les transferts monétaires directs aux ménages constituent l’essentiel des mesures de soutien du plan de relance. L’interdiction de licencier est prolongé jusqu'à décembre 2020. Cette mesure de protection des employés s’accompagne d’une promesse du gouvernement de prendre en charge les salaires des petites et moyennes entreprises (hors primes en devises) au cours des six prochains mois. Le gouvernement continuera également de verser les primes sociales exceptionnelles « bonos » aux détenteurs du carnet de la Patrie. 

Par ailleurs, le gouvernement impose un moratoire de 6 mois sur le paiement des loyers (maisons et entreprises), services de télécommunication et crédits bancaires. Les établissements bancaires auront l’obligation de diriger les prêts vers les secteurs prioritaires (alimentation, pharmacie, industrie d’hygiène) afin d’accélérer la mise en œuvre du plan d’investissement agricole. 

Le plan de relance ne prévoit aucune incitation fiscale pour les entreprises. Cette contrainte de payer l’impôt pèsera sur la trésorerie des entreprises déjà fragilisées par l’arrêt des activités et le durcissement des crédits bancaires. Aucun soutien spécifique n’a par ailleurs été annoncé pour les secteurs en difficulté, ni pour les travailleurs de la santé, pourtant en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. 

Les économistes tablent sur un recul du PIB de 21 % en 2020 alors que les services du FMI envisageaient, jusqu’à présent, un repli de 10 %. Cette dégradation des perspectives économiques s’explique par les chocs externes (Covid-19, guerre des prix, sanctions américaines), l’imposition du confinement et l’absence de mesures pour soulager la trésorerie des entreprises. Dans l’hypothèse d’un redémarrage de l’économie mondiale à partir du 4ème trimestre de 2020, qui s’accompagnerait d’une remontée du cours du pétrole, la contraction serait moins forte en 2021, avec une prévision à -6,4 %. 

En absence de financements extérieurs, la crise sanitaire s’accompagnera d’une crise de la balance des paiements en raison de la chute des recettes pétrolières et probablement aussi du tassement des transferts privésconséquences de la dégradation de l’économie mondiale. Dans ce contexte, la hausse attendue des dépenses publiques intensifiera les tensions inflationnistes et la dépréciation du bolivar. La dégradation économique et sociale pourrait, dès lors, se traduire par une augmentation des flux migratoires avec des départs qui pourraient dépasser 900.000 migrants en 2020 (prévisions initiales), contre 1,4 million en 2019 et 1,7 million en 2018.