Flash Info : Brèves N° 10 - semaine du 6 au 12 mars 2020

Les monnaies sud-américaines avec régime de change flottant ont enregistré une volatilité particulièrement élevée en 2019 face au dollar, dans le contexte notamment du ralentissement économique du continent et des incertitudes sur la demande chinoise de matières premières. Cette volatilité s’est renouvelée au cours des dernières semaines, avec le renforcement des craintes de ralentissement global (coronavirus et effondrement des prix du baril de pétrole).

En Bolivie, le taux de change face au dollar reste fixé depuis 2011 à 6,96 pour la vente et 6,86 pour l’achat. Face à des rentrées de devises décroissantes, la Banque Centrale utilise ses réserves de change pour conserver ce taux. Actuellement, le boliviano serait surévalué ; une proposition venue du monde académique suggère de dévaluer la monnaie à une rythme annuel de 3% jusqu’à atteindre 15% de dévaluation par rapport à aujourd’hui.

En Colombie, les autorités n’ont pas particulièrement réagi aux deux épisodes de dépréciation du COP de 2019, y compris lorsque celui-ci a atteint des plus bas historiques face au dollar début décembre, à 3.520 COP pour un USD. Les réserves de change du pays sont en effet confortables et l’économie (dont le moteur est la consommation domestique, et dont les exportations sont très majoritairement libellées en dollars) reste relativement préservée de l’effet change. Un nouveau plus bas historique a cependant été atteint début mars 2020, dans le contexte du fort recul du prix du baril.

En Equateur, malgré la dollarisation et compte tenu de la volatilité des monnaies de la région, le gouvernement a annoncé de nouveaux financements afin de rétablir l’équilibre de la balance des paiements et la trajectoire du déficit budgétaire initialement prévu pour 2020.

Au Guyana, le taux de change est resté relativement stable tout a long de l’année, malgré une très légère dépréciation. La perspective d’une dépendance progressive de l’économie aux prix du pétrole, ainsi que les incertitudes autour de l’issue de l’élection du 2 mars, ne semblent pas affecter le taux de change sur la période récente.

Au Pérou, la BCRP est intervenue sur les marchés de change pendant 10 jours en décembre (4 sur les marchés spot et 6 sur le change à terme) pour un total de 640 MUSD demandés. Depuis le début de l’année 2020, l’USD s’est apprécié de 6% en passant de 3,31 PEN à 3,52 PEN au 11 mars (le maximum atteint en 4 ans). Le 9 mars, la BCRP a placé des swaps pour 300 M PEN afin d’atténuer la monté de l’USD.

Le Suriname affiche comme le Guyana un taux de change stable, malgré les fortes incertitudes politiques dans le contexte de la campagne électorale (condamnation du Président Bouterse, financements de la Banque centrale…).

Au Venezuela, les sanctions américaines à l’encontre de la Banque centrale en avril dernier ont forcé les autorités monétaires à libéraliser les opérations cambiaires pour les entités privées. Depuis le mois de mai, les établissements bancaires mènent les opérations de change à travers la « mesa de cambio » et accroissent l’offre de services en devises (compte de dépôt, transferts intra-groupe). Les frais bancaires demeurent élevés (entre 1 et 2% des montants concernés) en raison de l’immobilisation des capitaux. Les interventions ponctuelles de la BCV (10 MEUR la 1ère semaine de janvier) réduisent les écarts entre les taux parallèle et officiel (5 % la 2ème semaine de janvier, contre 26 % la semaine précédente) et permettent une légère stabilisation du change (+2,4 % sur un mois pour l’USD en février, après +89 % en janvier). 

xxxxx

Note : un niveau supérieur à 100 indique une dépréciation de la monnaie locale par rapport à son niveau du 1er janvier 2019.