Veille mensuelle sur la situation économique et financière de l’Autriche (janvier 2020)
Une coalition inédite entre Conservateurs et Verts
Cent jours après les élections, le nouveau gouvernement Conservateurs-Verts dirigé par le Chancelier Sebastian Kurz a prêté serment le 7 janvier devant le président fédéral de la République. L’accord de coalition porte la marque des deux partis : une ligne ferme sur l’immigration et la poursuite des allègements d’impôts pour les Conservateurs ; des ambitions fortes sur le climat pour les Verts ainsi que de nombreuses références à l’action européenne. Comme le décrivait S. Kurz, lors de la présentation de l’accord de coalition le 2 janvier aux côtés de son nouvel allié M. Werner Kogler « le programme comporte le meilleur des deux mondes ». Le Vice-chancelier Kogler a obtenu de son côté l’approbation du congrès des Verts, au nom de la responsabilité historique qui incombait à leur parti de gouverner et d’avoir ainsi l’opportunité d’infléchir le cours des choses en Autriche mais aussi en Europe.
Le programme de coalition a pour ambition de convaincre que l’économie et l’écologie peuvent aller de pair et de faire de l’Autriche un pionnier en Europe dans ce domaine. Le gouvernement affiche l’objectif de la neutralité carbone en 2040 soit 10 ans avant l’objectif européen. Toutefois, les Verts ont dû renoncer à la taxe nationale CO2 au profit d’un groupe de travail sur la réforme fiscale « ökosoziale » promise pour 2022. Ils ont obtenu une taxe unique de 12 EUR sur les billets d’avion qui devrait voir le jour en 2021. Si les engagements en matière de lutte contre le changement climatiques sont relativement précis, notamment les volets énergie et mobilité, le financement des mesures inscrites dans ce programme reste flou. Sur de nombreux aspects, le programme traduit l’approche des milieux économiques qui voient dans la transition écologique une opportunité pour développer des nouveaux produits et services. Cependant, les partis coalisés ont réitéré dans cet accord leur opposition nette à l’accord « en l’état » de libre-échange avec les pays du Mercosur.
La présentation du premier budget de la nouvelle coalition mi-mars devrait apporter des précisions sur l’ampleur et le calendrier de la mise en œuvre des mesures annoncées.
Les négociations ont par ailleurs débouché sur une nouvelle répartition des portefeuilles ministériels et un nouveau découpage des compétences. Ainsi Mme Leonore Gewessler, n° 2 sur la liste des Verts, a obtenu un « super-ministère », héritier du ministère des transports, mais qui intègre également les attributions environnementales et climatiques. L’agenda de l’emploi n’incombe plus au ministère des affaires sociales, dirigé par Rudolf Anschober (Vert) mais rejoint le ministère de la famille et de la jeunesse, sous la direction de Mme Christine Aschbacher (conservatrice). Enfin, Mme Elisabeth Köstinger retrouve son ministère de l’agriculture, amputé de l’environnement, mais maintenant compétent pour l’aménagement du territoire et le tourisme, tout comme le déploiement des réseaux de télécommunications.