Le Japon fait face à une situation de vieillissement de sa population et de déclin démographique qui pèse financièrement sur son système de santé et se traduit par une pénurie du personnel soignant. Pour répondre à ces défis, le gouvernement japonais a adopté une stratégie de développement des technologies robotiques dans le secteur des soins à la personne, en particulier à destination des personnes âgées.

1. Une situation démographique qui incite le Japon à se tourner vers les robots de soin.

En raison de son faible taux de natalité (1,43 en 2018) et d’une espérance de vie élevée (81 ans pour les hommes et 87 ans pour les femmes, 1er rang mondial selon les statistiques de l’OMS) : en 2018, 28% de la population avait plus de 65 ans, un pourcentage qui devrait atteindre 30% d’ici 2025 et 40% d’ici 2060. Avec 59,3% des dépenses nationales de santé attribuées en 2015 aux 65 ans et plus, cette situation démographique stimule la demande de soins.

Le système de santé japonais est ainsi menacé par la charge croissante que le vieillissement de la population fait peser sur son financement, avec une population active contributrice en diminution et une population âgée et nécessitant des soins en augmentation. Ce contexte a également des implications en termes de ressources humaines disponibles pour dispenser les soins, alors que la politique d’immigration du gouvernement japonais demeure très restrictive. Selon le New Robot strategy du METI de 2015 : le besoin en aide-soignants (care workers) passerait de 1,7 million en 2012 à environ 2,5 millions en 2025, soit un déficit prévu de 380 000 travailleurs spécialisés.

Pour faire face à une demande en augmentation et améliorer la productivité et la qualité des soins, le gouvernement japonais soutient activement le recours aux technologies d’automatisation, de connectivité et d’intelligence artificielle dans le secteur médical et des soins à la personne. L’objectif du gouvernement japonais est non seulement de faire face aux défis que représente le vieillissement de la population mais également de faire du Japon un leader mondial dans le secteur des robots médicaux et en particulier de soin aux personnes âgées.

Le contexte culturel se prête également à la robotisation dans le secteur médical : 80% des Japonais se déclarent favorables à l’utilisation des robots dans le cadre des soins infirmiers, contre 54% des Français. Le centre de coopération industrielle UE-Japon (rapport Neumann, 2016) estime que le marché des robots de soin à la personne au Japon passera de 140 M € en 2015 à 3,3 Mds € en 2035.

 

2. Un soutien politique fort en faveur de la robotisation dans le secteur des soins à la personne.

Le ministère de l’économie et de l’industrie (METI) et le ministère de la santé, du travail et de la protection sociale (MHLW) conduisent conjointement, depuis 2015, des programmes complémentaires de soutien au développement et au déploiement des robots de soin. Ces programmes portent sur 6 champs d'application prioritaires axés sur l’autonomisation des personnes dépendantes et le soulagement de la charge de travail du personnel soignant : 1/ aide aux manipulations par les soignants (technologies fixes et portables) ; 2/ aide à la mobilité (d’intérieur et d’extérieur) ; 3/ aide aux soins d’hygiène et de confort (toilettes mobiles motorisées, appareils portatifs de prédiction des besoins, etc.) ; 4/ systèmes de surveillance à distance et communication (capteurs et moyens de communication en maison de repos et à domicile) ; 5/ aide à la toilette (machines automatisées d'entrée et de sortie de la baignoire) ; 6/ aide au suivi des patients et au traitement des informations recueillies.

 L’aide au développement des robots de soin relève du METI, avec comme objectif 8000 robots de soin en activité dans les 6 domaines prioritaires d’ici 2030. Le METI disposait ainsi, pour 2019, d’une enveloppe de 12,0 M € (9,1 M € en 2018) pour soutenir financièrement la R&D industrielle au moyen de subventions accordées aux entreprises par des agences publiques de financement : l'Agence japonaise de recherche et développement médical, AMED, (subvention maximale de 832 000 €) et l'Organisation de développement des nouvelles technologies, NEDO, (subvention maximale de 166 000 €).

Afin de favoriser le développement des robots de soin par les entreprises japonaises, le METI promeut également l’adoption de normes et standards de sécurité internationaux et confie aux instituts de recherche des missions d’évaluation de la qualité et de la sécurité des robots.

La mise sur le marché et le déploiement des robots de soin dans les établissements spécialisés sont soutenus par le MHLW. Le MHLW est doté d’une enveloppe, qui s’élevait à 4 M € en 2019, pour financer des actions destinées à l’amélioration des prototypes (échanges entre les entreprises et les établissements de soin, conseils d’experts), des tests préalables à la mise sur le marché et des programmes pilotes.

Le MHLW soutient par ailleurs, financièrement, l’achat de robots de soin. Il abonde , à hauteur de 68,3 M € en 2019, un fonds de préservation de l’accès aux soins médicaux locaux destiné, entre autres, à octroyer des subventions aux prestataires de soin pour l’achat de machines destinées spécifiquement à alléger la charge de travail des personnels soignants - à hauteur de 250 € par machine-. La caisse locale de sécurité médicale et infirmière prend également en charge financièrement l’achat de robots de soin contribuant à alléger et optimiser les tâches du personnel soignant, ainsi que les aménagements nécessaires à leur utilisation.

Enfin, le MHLW a simplifié et accéléré la procédure de prise en charge, par le système d’assurance maladie, des actes de soins réalisés grâce aux nouvelles technologies, y compris robotiques.