L’année 2019 a vu l’Azerbaïdjan consolider son redressement économique, soutenu par la remontée des cours des hydrocarbures et la hausse de sa production gazière avec le lancement du gazoduc transanatolien (TANAP). L’agenda des réformes économiques se poursuit, renforcé par le renouvellement des cadres azerbaïdjanais.

Performance macroéconomique

Selon les autorités, la croissance annuelle du PIB aurait dépassé 2% pour la première fois depuis 5 ans (+2,1% en g.a. pour janvier-novembre 2019). Le PIB hors pétrole a bondi de 3,5%, tiré par l’industrie (+13,9%), les services d‘information et de communication (+15,9%), le tourisme (+11,1%) et l’agriculture (11,3%) sur les 9 premiers mois de l’année. Les exportations azerbaïdjanaises pour la période janvier-novembre 2019 ont atteint 18,3 Mds USD, générant un excédent commercial de 6 Mds USD. Les plus grands clients de l’Azerbaïdjan hors hydrocarbures sont la Russie, la Turquie, la Suisse, la Géorgie et l’Ukraine.

Le gouvernement a mis l’accent sur le volet social en 2019, avec au premier chef la hausse du salaire minimum (250 AZN, +93%) et du plancher des retraites (200 AZN). Le salaire médian a grimpé de 52% en 2019, et les salaires nominaux de 7,4% sur les 11 premiers mois de l’année. Cette tendance devrait se poursuivre en 2020, le budget pour l’année à venir prévoyant une hausse de 33,5% des dépenses sociales, qui représenteront 38,5% des dépenses.

La Banque centrale a poursuivi l’assouplissement de sa politique monétaire tout en arrimant fermement le manat au dollar américain, dans le contexte d’une inflation maîtrisée en 2019 (3,2% selon le FMI). Le taux d’escompte a été abaissé à 7,5%, sa huitième baisse consécutive en 2019 (contre 9,75% début 2019 et 15% début 2018) mais les taux d’intérêts commerciaux toujours élevés (entre 12% CT et 18% LT) indiquent un secteur bancaire qui peine encore à se relever des deux dévaluations de 2015 malgré la restructuration en 2017 de son plus grand acteur, la Banque internationale d'Azerbaïdjan (IBA), la rationalisation de quelques établissements et une abondance de liquidités. Le manat reste stable, la Banque centrale n'envisageant pas d’opter pour un régime de change plus souple après le choc causé par l’ajustement brutal de 2015. La confiance dans la monnaie nationale revient peu à peu ; 37% des dépôts seraient en monnaie nationale en 2019, son plus haut niveau depuis 2015.

La dette extérieure de l'Azerbaïdjan reste faible et maîtrisée (19% du PIB en 2019), assurée par des réserves de change de la Banque centrale et du fonds souverain SOFAZ en hausse constante. A près de 51 Mds USD en 2019 (+12,7%) soit plus de cinq fois la dette extérieure azerbaïdjanaise, les réserves du pays sont supérieures au PIB et couvrent 37 mois d’importation. L’exécutif est cependant réticent à recourir à l’emprunt extérieur, et souhaite ramener le poids de sa dette autour des 10% du PIB ; un décret adopté en 2018 plafonne ainsi la croissance annuelle des dépenses fiscales (≤3% par an), les transferts du fonds pétrolier vers le budget de l’Etat ainsi que le stock de la dette publique, et engage un remplacement progressif des obligations en devises étrangères par des obligations en monnaie nationale.

Grands contrats

L’année 2019 aura marqué les 25 ans du « contrat du siècle », accord de partage de production signé en 1994 avec un consortium dirigé par BP renouvelé en 2017 jusqu’en 2049. Le bloc Azeri-Chirag-Guneshli a déjà permis la production de 500 M tonnes de pétrole. En avril 2019 le consortium a lancé la prochaine phase du développement du champ ACG pour un montant de 6 Mds USD, visant à produire 100 000 barils quotidiens supplémentaires en 2023. Le groupe pétrolier et gazier hongrois MOL est devenu le troisième partenaire financier du projet ACG en rachetant les parts de l’américain Chevron.

Le 30 novembre 2019 a été finalisé le gazoduc transanatolien (TANAP) vers la Turquie, permettant d'approvisionner les marchés turc et à terme européen en gaz naturel azerbaïdjanais. Les premières livraisons de gaz naturel en Turquie par le TANAP ont commencé dès juin 2018. En 2019 les livraisons pourraient atteindre 3 Mds m3. Elles devraient doubler en 2020 et d'atteindre 16 Mds m3 annuels à terme, représentant 12% des besoins énergétiques de la Turquie selon SOCAR. Le Directeur du consortium du TANAP estime les retombées financières pour les parties prenantes à 1,45 Md USD par an sur les 15 années d’opération du gazoduc, dont 58% pour l’Azerbaïdjan. Les travaux relatifs au gazoduc transadriatique (TAP) reliant le TANAP au marché européen seraient terminés à 90% pour une mise en service à l’automne 2020.

Bakcell, le 2ème opérateur de réseau de téléphones portables en Azerbaïdjan a annoncé fin 2019 le rachat de Vodaphone Ukraine (2ème opérateur de réseau du pays) au russe MTS pour 734 M USD.

Réformes engagées

La réforme fiscale décidée en décembre 2018 commence à porter ses fruits et a permis au gouvernement de collecter plus de 588 M USD de recettes fiscales et douanières en 2019. Les autorités ont misé sur l’amélioration des procédures et l’abaissement des taux d’imposition pour élargir l’assiette fiscale et réduire la part de l’économie souterraine. Au 1er janvier 2020, l’impôt sur les revenus a été supprimé pour tout revenu inférieur à 8 000 manats, soit pour une très grande majorité de la population.  Par ailleurs, les exemptions fiscales pour les résidents de parcs industriels et technologiques, démarrées en 2011 afin de stimuler la production dans le secteur non pétrolier et gazier passent de 7 à 10 ans à compter de 2020.

Des réformes institutionnelles importantes ont eu lieu, avec le renouvellement des cadres de l’administration présidentielle et du gouvernement. M. Ali Asadov, depuis 2017 assistant du Président pour les questions économiques, a été nommé Premier ministre. Le Ministère de l’Economie a été renforcé en absorbant le Ministère des Taxes. Son nouveau Ministre M. Jabbarov a reçu mandat de poursuivre l’agenda des réformes économiques. L’organisme de contrôle des marchés financiers FIMSA a été dissous en novembre 2019, ses prérogatives retournant à la Banque centrale.

Enfin, des jalons ont été marqués dans la mise en place courant 2020 d’une assurance santé obligatoire en Azerbaïdjan. Les trois premières branches régionales ont ouvert en décembre 2019 et un calendrier a été voté le 27 décembre pour la mise en service des 11 branches régionales en 2020. Le système était testé depuis 2016, et devrait couvrir 1 829 services médicaux, augmenter le salaire du personnel médical et freiner l’exode des médecins vers la capitale.