La Chine est le premier partenaire commercial de l’Indonésie. Les échanges sont dominés par les exportations indonésiennes de matières premières vers la Chine, et par les importations indonésiennes de biens manufacturés chinois (machines et électronique). Les deux pays sont liés par un accord de libre-échange via l’ASEAN, auquel le RCEP se substituera lorsqu’il aura été signé et, au plan bilatéral, par un partenariat stratégique global. Malgré cette proximité, la concurrence chinoise vis-à-vis du secteur manufacturier indonésien continue à sous-tendre une partie de la politique protectionniste du pays. Enfin, la guerre commerciale sino-américaine n’a pas à ce stade significativement affecté les échanges entre les deux pays.

 

Port de Jakarta

Un partenaire commercial devenu prépondérant

La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Indonésie, son premier fournisseur et son premier client. Depuis l’entrée de la Chine à l’OMC (2001), les importations indonésiennes depuis la Chine ont progressé en moyenne de 21 % par an et ses exportations de 16 %. En 2018, la Chine représentait 15 % des exportations (27 Mds USD) et 24 % des importations (46 Mds USD) de l’Archipel, contre respectivement 4 et 6 % en 2001. L’Indonésie enregistre un déficit commercial vis-à-vis de la Chine depuis 2008. Il a atteint 18 Mds USD en 2018. Il s’agit du principal déficit commercial bilatéral de l’Indonésie devant Singapour (-10 Mds USD) et la Thaïlande (- 4 Mds USD).

Les exportations indonésiennes vers la Chine sont dominées par les matières premières : carburants minéraux (32 %, principalement charbon (21 %) et gaz (9 %)), les huiles végétales 12 %, fer et acier (10 %), minerais (7 %) et pulpe et pâte à papier (7%). La Chine est également l’un des principaux clients de l’Indonésie pour ces produits dont elle absorbe entre 16 % (huiles végétales) et 71 % (pâte à papier) des exportations. Les importations indonésiennes depuis la Chine sont dominées par les biens manufacturés, en particulier équipements électriques (22 % des importations) et les machines (22% également). Le fer et l’acier, en forte croissance depuis deux ans, est le 3ème poste, mais ne représente que 5 % des importations.

 

Une politique commerciale bilatérale entre rapprochement et prudence

L’Indonésie et la Chine sont liées par un accord de libre-échange via l’ASEAN (ACFTA), signé en 2002 et entré en vigueur à partir de 2005. Cet accord a libéralisé 90 % des échanges entre les deux pays et réduit le droit de douane moyen de 12,8 à 0,6 %, pour les produits chinois, et de 9,8 à 0,1 %, pour les produits indonésiens. De tous les accords commerciaux dont l’Indonésie est partie via l’ASEAN, c’est celui qu’elle utilise le mieux : 43 % de ces échanges bilatéraux sont à taux préférentiels, contre 38 % pour l’accord avec la Corée du Sud ou 20 % pour l’Accord avec l’Australie et la Nouvelle Zélande. Le RCEP, qui consolide les accords de l’ASEAN et de cinq de ses partenaires, devrait bientôt se substituer à cet accord. Les négociations ont été finalisées en novembre 2019, et l’accord devrait être signé en 2020.

Les deux pays ont signé en 2005 d’un accord de partenariat stratégique, élevé au rang de partenariat stratégique global en 2013. Dans son volet commercial, les discussions officielles entre l’Indonésie et la Chine se sont concentrées initialement sur la mise en œuvre de l’ACFTA. A partir de 2010 et de l’émergence d’un déficit bilatéral, l’Indonésie a tenté sans succès de défendre un rééquilibrage des échanges. Un autre objectif apparaît au début de la décennie dans le sillage de la crise financière de 2008 : l’utilisation des monnaies locales (principalement du Renminbi, afin de réduire la dépendance de l’Archipel au dollar). Les deux pays ont signé en 2009 puis en 2013 des accords de swap entre leurs banques centrales. Les premiers échanges en CNY ont lieu en 2011. Fin octobre, ils représentaient 1,7 % du commerce extérieur indonésien.

La Chine utilise par ailleurs ses instruments d’aide financière pour développer ses échanges avec l’Indonésie. Tous les projets qu’elle finance, notamment dans le cadre de l’initiative Belt & Road, sont équipés avec du matériel chinois. Les 4 Mds USD de financement accordés en 2015 pour le projet de train à grande vitesse Jakarta-Bandung, ont permis à la Chine d’obtenir l’une des premières références à l’export de ses TGV (construction en cours).

Dans les faits, une certaine méfiance persiste à l’égard du commerce avec la Chine, à l’instar des inquiétudes que suscite l’influence du pays sur le reste de l’économie. Les entreprises indonésiennes s’inquiètent notamment de la concurrence des produits chinois, et poussent le gouvernement à maintenir des obstacles. Les mesures protectionnistes prises au cours des dernières années sur les jouets (nouveaux standards), le fer et l’acier (licences d’importation), les pneus (obligation d’investissement local) par exemple, bien qu’à portée générale, visaient directement les produits importés de Chine. Ces inquiétudes reflètent également la perte de vitesse qu’a connue l’industrie manufacturière indonésienne, passé de 28 % à 20 % du PIB entre 2000 et 2018. 

 

La guerre commerciale a pour l’instant un impact limité sur les échanges bilatéraux

La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine est suivie de près par les Autorités indonésiennes, elle n’a toutefois pas encore eu d’effet significatif sur le commerce bilatéral. Depuis les premières mesures américaines en mars 2018, l’Indonésie n’a pas fait face à une baisse de la demande chinoise. Elle continue à exporter autour de 2 Mds USD de marchandises par mois. Les volumes sont toutefois en hausse (+29 % en ga en octobre 2019), ce qui reflète un recul des prix. S’agissant des importations indonésiennes depuis la Chine, celles-ci ont augmenté fortement en 2018 (+28 % en valeur, + 9 % en volume), mais stagnent sur les dix premiers mois de 2019 (+1 % en valeur, -1% en volume). Enfin, il n'y a pas à ce stade de détournement de trafic dans les importations américaines en faveur de l'Indonésie : les exportations indonésiennes vers les Etats-Unis sont même en recul de 3,4 % en ga au mois d'octobre 2019.