Lettre trimestrielle sur les secteurs de l'Energie et de l'Environnement » rédigée en collaboration avec le SER de Madrid

Edito spécial COP 25 à Madrid

Après le renoncement du Président chilien à tenir la COP dans son pays, la COP25 a été organisée en un temps record (moins d’un mois) à Madrid du 2 au 15 décembre 2019. Au-delà de la réactivité et de la capacité d’organisation en urgence de l’Espagne, saluées par les observateurs et les participants (une des COP les moins coûteuses sur les neuf dernières éditions -50M€- et représentant, avec 27 000 participants, des retombées estimées à 200M€ pour l’économie madrilène), le bilan est jugé décevant. La communauté internationale a perdu, comme l’a relevé le secrétaire général de l’ONU, Antonio GUTERRES, « une occasion importante de faire preuve d’une ambition accrue en matière d’atténuation, d’adaptation et de financement en matière de lutte contre le changement climatique». Malgré l’engagement personnel de la ministre espagnole pour la transition écologique, Teresa Ribera, auprès de la ministre chilienne présidente de la COP 25, Carolina Schmidt, les gouvernements ne sont pas parvenus à relever l’ambition ni à finaliser les règles d’application de l’Accord de Paris, notamment ses articles 6 et 8, portant respectivement sur les marchés carbone et les pertes et préjudices.

La France a porté lors de cette conférence une position exigeante et volontariste, en cherchant notamment à nouer des alliances prometteuses pour relever les défis des secteurs émetteurs comme la climatisation ou le transport maritime. L’essentiel était de ne pas accepter un accord qui aurait affaibli l’Accord de Paris, les Parties sont donc convenues de reporter certaines décisions à 2020, afin d’avoir de meilleures chances de faire aboutir la négociation.

L’Espagne a exprimé des positions proches de celles de la France, notamment en matière de finance durable. Elle a annoncé son intention d’émettre des obligations vertes en 2020. Enfin, l’adoption d’une loi espagnole sur le changement climatique –dont l’avant-projet est prêt- fait partie du programme du gouvernement de coalition PSOE-Podemos. Enfin, l’Union européenne a quant à elle clairement exprimé son engagement et le leadership qu’elle entendait assumer : l’accord obtenu en Conseil européen le 13 décembre, sur l’atteinte d’un objectif de neutralité carbone à horizon 2050, a donné le signal de son ambition climatique. L’année 2020 sera elle-aussi riche en rendez-internationaux sur le climat et la biodiversité (Congrès Mondial de la Nature de l’UICN à Marseille, COP15 Biodiversité de Kunming et COP26 climat de Glasgow avec bilan à mi-parcours des engagements pris lors de la COP 21 à Paris).