La banque centrale des Pays-Bas (DNB), ainsi que le principal bureau d’analyse macroéconomique CPB ont mis à jour leurs prévisions économiques. Les deux institutions prévoient la poursuite du ralentissement de la croissance, qui devrait s’établir entre 1,3 et 1,4% en 2020 et à +1,1% en 2021 après 1,7% attendu cette année. Ce ralentissement est notamment le résultat du recul de la demande internationale, qui devrait entre en partie compensé par une demande intérieure plus vigoureuse.

La performance économique des dernières années ne semble plus devoir se répéter dans un avenir proche. Ainsi, la DNB et le CPB prévoient une réduction graduelle de la croissance à +1,4% ou +1,3% en 2020 et à +1,1% en 2021, après +1,7% attendu cette année. Ce ralentissement est surtout le résultat d’un affaiblissement de la demande mondiale. Les tensions commerciales et la perspective du Brexit pèsent sur les exportations et les investissements devraient évoluer à un rythme plus lent à l'avenir. Les restrictions aux émissions trop importantes de nitrates et de tensioactifs fluorés (PFAS) n’auraient qu’un impact limité sur la croissance, estimé à -0,1% du PIB, en dépit des limitations qu’elles imposent aux activités dans le secteur agricole et dans la construction. Malgré cette tendance, les Pays-Bas devraient afficher encore une fois une performance supérieure à celle de la zone euro en 2020, dont la progression est prévue à +1,1%.

L’économie néerlandaise est désormais portée par la demande domestique:

La consommation des ménages devrait s’imposer comme principal moteur de la croissance en 2020 (+2,0%) et en 2021 (+2,4%). La hausse des salaires dans le secteur privé avoisinerait +2,5% voire +3%. Dans un contexte d’inflation basse l’année prochaine, ceci signifie une impulsion pour le pouvoir d’achat (+2%), d’autant que la perspective d’une baisse des retraites versées par les fonds de pension a été évitée pour 2020, en dépit de leurs difficultés actuelles compte tenu de taux d’intérêts durablement bas.

La baisse de la confiance devrait mettre un frein important sur les investissements dont la croissance passerait de +4,6% cette année à seulement +1,1% en 2020. Ce ralentissement toucherait autant les investissements des entreprises dont la croissance passerait de +5,9% en 2019 à +2,6% en 2020 et +1,9% en 2021, que ceux dans la construction de logements, qui stagneraient quasiment à l’horizon de 2021.

Malgré la croissance continue des exportations, le commerce extérieur contribuerait désormais de façon neutre, voire négative à la croissance. L’économie très ouverte des Pays-Bas devrait souffrir du ralentissement de la demande mondiale, ce qui devrait se traduire dès cette année par un rythme de progression des importations (+3,4% en 2020, +3,0% en 2021 selon la DNB) supérieur à celui des exportations (+2,3% en 2020, +1,9% en 2021).

Les dépenses publiques, qui ont fait preuve d’une faiblesse persistante depuis plusieurs années, devraient finalement reprendre de la vigueur en 2020 (+2,7%) et 2021 (+1,6%). L’Etat néerlandais a en effet du mal à réaliser ses investissements prévus, notamment à cause d’un manque de personnel dans des secteurs importants comme l’enseignement, les soins de santé, la défense et la police. Le fait que la tension sur le marché de l’emploi est prévue d’être légèrement moindre lors des prochaines années, pourrait dès lors faciliter la mise en œuvre de ces investissements, d’autant que le gouvernement a affiché une volonté manifeste d’accélérer les dépenses d’investissement lors de la présentation du dernier budget.

Selon les projection desla DNB, le solde public serait de nouveau déficitaire à partir de 2021. La politique budgétaire expansive du gouvernement et l’affaiblissement de la conjoncture ne manqueront pas d’avoir un effet sur les finances publiques. Ainsi, le solde public est prévu de passer de +1,5% du PIB en 2019 à +0,5% en 2020 et deviendrait négatif à -0,2% en 2021. En revanche, le maintien d’une certaine croissance économique permet au taux d’endettement public de continuer sa decrue : 49,0% du PIB en cette année, 46,8% en 2020 et 45,6% en 2021. La DNB note à cet égard que l’assainissement des finances publiques néerlandaises est désormais achevé.

Le taux de chômage augmenterait très légèrement, tout en restant à un niveau très bas. Le ralentissement de la conjoncture devrait entrainer un tassement de la demande de travail des entreprises en 2020 et 2021 et par conséquent une légère augmentation du taux de chômage, de 3,4% à 3,6%, qui reste malgré tout historiquement bas.