1. Généralités

 Le Soudan consomme annuellement 2,4 M tonnes de blé. La production locale couvre environ 15 % du besoin du marché selon les années.

 Le blé est subventionné au Soudan. Il est importé au prix mondial puis revendu aux importateurs à un prix largement inférieur, établi grâce à un « taux de change ». Ainsi, actuellement, le taux de change du marché est de 12 SDG (Sudanese Guineas) pour un USD, alors que le « taux de change » pour le blé est de 6 SDG pour un USD : les importations sont subventionnées à 50 %.

 

2. Système d’importation

 Les importations étaient avant août 2015 un oligopole de fait (car elles seules bénéficiaient d’un prix bonifié) de trois sociétés :

 

  • SAYGA (du groupe DAL), qui détenait auparavant environ 60 % du marché des importations. Dal a investi 1,5 Md USD dans la filière blé (silos à Port Soudan, transport par train vers Khartoum, minoteries) et y emploie 8 000 personnes.
  • WHEATA (groupe Arak)
  • et SIN (groupe quasi gouvernemental).

     

    Le Ministre des Finances a annoncé en août 2015 la fin du « monopole » de l’importation de blé, qui est depuis effectuée par appel d’offres. Il justifia sa décision par le coût des subventions (13 % du budget national en 2013). Le président du groupe DAL s’y opposa fortement mais en vain.

     En septembre 2015, à l’issue d’un appel d’offres, trois sociétés furent sélectionnées pour importer du blé et de la farine, dont Sayga pour 240 000 tonnes de blé. Actuellement 40 % du marché est approvisionné par des importations de farine.

     

    3. Pénuries

     Des pénuries de pain ont commencé à apparaitre, avec une intensité croissante, à partir de septembre 2015. Le changement des circuits d’approvisionnement en blé et farine en est la cause.

     Une nouvelle pénurie est intervenue en mars 2016 : de longues queues sont apparues devant des boulangeries dans plusieurs quartiers à Khartoum et en province. En réaction à cette nouvelle crise le Ministre des Finances a annoncé « l’unification des prix » de vente des farines importées et produites localement, à 135 SDG pour le sac de 50 kilogrammes. Il a aussi interdit la vente de farine pour toute autre fin que la fabrication de pain, déclenchant le mécontentement des propriétaires de pâtisseries. Selon eux, des milliers d’employés dans ce secteur risquent de perdre leur travail. 

      

    Commentaires :

     Le gouvernement soudanais tente actuellement de réduire les subventions sur le blé tout en assurant un approvisionnement normal de pain : l’exercice est difficile mais salutaire voire nécessaire à des finances publiques saines. Il est aidé par la baisse continue du prix mondial du blé depuis fin 2012.