Les banques de la CEMAC sont dans une situation un peu particulière. Dans une zone qui vient de traverser une période de crise, elles sont plutôt, dans l’ensemble, en bonne santé. Dans une économie où les grands acteurs sont souvent étrangers, les banques les plus importantes sont soient originaires de la sous-région, soit panafricaines. Et alors qu’on entend souvent tel ou tel regretter le manque de dynamisme économique, elles opèrent dans un environnement qui se transforme à grande vitesse : le développement des solutions « mobile money » ne sont pas spécifiques à l’Afrique centrale, qui est en retard par rapport à d’autres régions du continent, mais le changement en cours n’en est pas moins extrêmement rapide. Au demeurant, le fait que les banques soient profitables n’est peut-être pas sans lien avec l’intérêt manifesté par les nouveaux acteurs (cf. Gabon). Mais rien de tout ceci n’empêche que le secteur bancaire soit également étroitement associé aux difficultés des entreprises de la sous-région. Les profits se sont maintenus, mais les créances en souffrance ont fortement augmenté, de manière qui pèse sur la qualité des bilans, et qui contribue à freiner le développement du crédit au secteur privé. Le raisonnement est un peu circulaire : sans crédit, les entreprises ne peuvent pas se développer, générer des profits, justifier un comportement plus accommodant de leurs banquiers. Mais on est au cœur d’une des questions importantes pour l’avenir. Surliquidité et faible bancarisation sont probablement deux faces d’un même problème, et les banques n’ont pas seules la solution. Une bonne étude de Proparco sur le financement des PME le montre bien : pour que les banques soient en mesure de prêter plus, elles ont besoin de données solides, un sujet qui est lui-même multiforme. Elles ont besoin aussi d’un environnement juridique fiable : difficile de développer le financement de l’immobilier, par exemple, si on n’est pas assuré de la valeur juridique de l’hypothèque. On en revient donc au même sujet : le « climat » des affaires, qui soulève des questions qui vont, même si la formule laisse penser le contraire, au cœur du fonctionnement des États de la région.