Vous trouverez ci-dessous le point sur la situation économique irlandaise du mois de décembre 2019.

EE

 

Macroéconomie

Activité économique – Le PMI manufacturier irlandais s’établit à 49,7 en novembre 2019, passant à nouveau au-dessous de la barre symbolique des 50 et enregistrant une baisse de 1 point en comparaison au chiffre du mois précédent (50,7). Le PMI irlandais demeure supérieur au PMI manufacturier de la zone euro dont le score s’établit à 46,6 pour le mois de novembre 2019 ainsi qu’à celui du Royaume-Uni (48,3).

Selon les entreprises sondées, la baisse de la demande extérieure, en particulier au Royaume-Uni (Brexit) et aux Etats-Unis, représente la raison principale du repli modéré du secteur observé au mois de novembre, alors que l’indicateur des nouvelles commandes enregistre cependant une hausse. Les chiffres des derniers mois semblent ainsi pointer vers une stagnation du secteur manufacturier irlandais. En parallèle, la confiance des entreprises du secteur manufacturier, toujours positive, a atteint son niveau le plus élevé en cinq mois, même si l’incertitude liée au Brexit continue de peser sur le moral des entreprises.

Après cinq mois de baisse consécutive, le PMI des services enregistre une hausse substantielle au mois de novembre et s’établit à 53,7, soit 3,1 points de plus que le mois précédent (50,6 en octobre). Toutes les branches du secteur ont enregistré une augmentation de leurs activités. Les entreprises sondées ont notamment rapporté une hausse substantielle des nouvelles commandes à l’exportation et conservent leur optimisme quant au développement de leur activité sur les douze prochains mois. Néanmoins, les difficultés à honorer les nouvelles commandes pourraient indiquer des contraintes croissantes sur la capacité de production du secteur.

PMI

 

Chômage – Le taux de chômage se maintient sous la barre des 5% en Irlande. Le taux de chômage s’établit ainsi à 4,8 % corrigé des variations saisonnières (cvs) au mois de novembre 2019 (contre 4,8 % en octobre 2019). Le nombre de chômeurs (cvs) s’établissait à 117 800 en novembre 2019, soit 100 de plus qu’en octobre 2019 et 17 600 de moins qu’en novembre 2018. Le taux de chômage des jeunes s’établit à 12,5 % en novembre 2019, contre 12,2 % en octobre 2019. L’économie irlandaise est actuellement considérée comme étant au plein emploi.

Les chiffres publiés dans le dernier Labour Force Survey (parution trimestrielle du CSO, homologue irlandais de l’INSEE, traitant des évolutions de l’emploi) en novembre ont montré la résilience du marché du travail irlandais malgré l’incertitude liée au Brexit. En effet, le niveau total d’emploi a augmenté de +0.8 % au troisième trimestre 2019 (en glissement trimestriel, corrigé des variations saisonnières). En glissement annuel, le niveau total d’emploi continue d’augmenter (+ 2,4 % au troisième trimestre 2019) à un rythme cependant plus faible que celui observé en 2018 (+3 % au troisième trimestre 2018 en g.a.).

Chômage

 

Immobilier – A l’échelle nationale, la croissance des prix de l’immobilier a sensiblement diminué au mois de septembre 2019, selon les variations exprimées en glissement mensuel. A Dublin, les prix de l’immobilier à l’achat sont en baisse de -0,1 % (g.m.) au mois de septembre 2019, après être repartis à la hausse entre avril et août 2019. Hors Dublin, les prix de l’immobilier continuent d’augmenter (+ 0,2 %), contre + 0,3 % le mois précédent.

Immob 1Le second graphique présente les variations en glissement annuel des prix immobiliers. La croissance des prix de l’immobilier continue de nettement ralentir sur l’ensemble du territoire hors Dublin alors que les prix de l’immobilier diminuent à Dublin pour le deuxième mois consécutif. La variation des prix de l’immobilier à Dublin s’établit à -1,3 % en septembre 2019 contre -0,4 % en août 2019 et +0 % en juillet 2019 (g.a.). En parallèle, la croissance des prix de l’immobilier hors Dublin s’établit à +1,1 % en septembre 2019 contre +2 % le mois précédent (g.a.).

Immob 2

Le secteur de la construction connaît actuellement un développement significatif. Selon les dernières données publiées par le ministère du logement, la construction de 7 596 logements a débuté au troisième trimestre 2019, soit une augmentation substantielle de 33% en glissement annuel. Le nombre de logements dont la construction a été lancée entre octobre 2018 et septembre 2019 inclus s’établit à 26 106. Ce chiffre s’élève à 19 856 sur les neuf premiers mois de l’année 2019 au niveau national (en hausse de +22 % en glissement annuel) et à 6 474 uniquement à Dublin (en hausse de 18% en glissement annuel).

 

Salaires – Les salaires continuent de progresser en Irlande, dans le secteur privée tout comme dans le secteur public. Le salaire hebdomadaire moyen s’établit à 780,78 € tout secteur confondu, en hausse de +4 % au troisième trimestre 2019 en g.a. (au T2 2019, la croissance s’était établie à +3,49 % en g.a.). Le salaire horaire moyen a augmenté de +3,8 % en g.a, à 24,05  €. La croissance des salaires moyens hebdomadaires dans le secteur public s’établit à +1,3 % (en g.a.) au troisième trimestre 2019, bien plus modérée que la croissance de ces mêmes salaires dans le secteur privé (+4,8 % en g.a.). Le niveau des salaires moyens hebdomadaires reste cependant bien plus élevé dans le secteur public (975,86 €) que dans le secteur privé (721,42 €).

Salaires

Confiance des consommateurs – La confiance des consommateurs irlandais (indice créé et mis à jour par la banque KBC et le think-tank irlandais ESRI) enregistre une forte hausse pour la première fois depuis juin 2019. L’indice s’établit à 77,1 en novembre contre 69,5 le mois précédent, soit une augmentation de 7,6 points. Ce chiffre contraste néanmoins fortement avec le niveau de l’indice au mois de novembre 2018, qui s’établissait alors à 96,5. Le rebond de l’indice au mois de novembre s’explique par la réduction des risques liés à une sortie brutale du Royaume-Uni de l’Union Européenne et par les performances toujours positives de l’économie irlandaise.

Conso

 

Finances publiques

Exchequer – Les recettes totales à la fin du mois de novembre 2019 ont été estimées à environ +2,7 % au-dessus du montant cible mensuel principalement en raison de l’impôt sur les sociétés (+1 408 M€) et l’impôt sur les gains en capital (+69 M€). Elles sont supérieures de +6,7 % (glissement annuel) à celles de 2018, principalement du fait de l’impôt sur les gains en capital (+10,2 %), de l’impôt sur le revenu (+8,6 %) et des droits d’accise (+7,1 %).

Les recettes générées par l’impôt sur les sociétés (IS) au mois de novembre ont dépassé de + 30 % le montant cible mensuel (non cumulé). Alors que le gouvernement irlandais misait sur des recettes de l’IS 2019 plus faibles que celles observées en 2018, les chiffres du mois de novembre confirment la similitude des dynamiques en 2018 et 2019. Les recettes totales cumulées de l’IS ont d’ores et déjà dépassé le montant exceptionnel – et maintenant symbolique – de 10 Mds€, s’établissant exactement à 10,008 Mds€. A titre de comparaison, les recettes de l’IS s’établissaient l’an dernier à 9,4 Mds€ au mois de novembre (en cumulé), soit une augmentation de + 5,9%. Enfin, les recettes totales cumulées sont supérieures de +16,4 % aux prévisions du gouvernement, qui estimaient les recettes cumulées au mois de novembre 2019 à 8,6 Mds€.

Les dépenses du gouvernement central se sont maintenues en deçà des plafonds inscrits dans le Budget 2019. Les dépenses courantes se sont établies à 56,9 Mds€ durant les onze premiers mois de l’année 2019, soit -0,5 % en dessous des limites budgétaires et en augmentation de +4,9 % (glissement annuel). Les dépenses d’investissement se sont élevées à 5,5 Md€, soit +23,4 % en glissement annuel.

Objectifs budgétaires de moyen terme – Lors d’une conférence organisée par l’IIEA, think-tank irlandais, Pascal Donohoe, ministre de l’économie irlandais, a annoncé de nouvelles cibles budgétaires de moyen-terme ambitieuses. Le ministre souhaite en effet voir le ratio de la dette publique rapportée au GNI* (revenu national brut modifié, variable corrigée de l’activité des multinationales) s’établir à 85% à l’horizon 2025, alors qu’il s’élève à 104,3% pour 2018 et est estimé à 100,2% pour 2019. En outre, le ministre a déclaré cibler un excédent budgétaire de 1% du PIB à l’horizon 2022. Selon les prévisions du gouvernement, l’Irlande devrait afficher un excédent budgétaire de +0,4 % du PIB en 2019, contre +0,2 % du PIB précédemment estimé en cas de Brexit ordonnée ou de report de la sortie du Royaume-Uni.

Evaluation du projet de budget 2020 – L’IFAC (homologue du HCFP) a publié son rapport final sur le projet de budget 2020 irlandais. Alors que l’économie irlandaise continue d’afficher un rythme de croissance soutenu et un taux de chômage proche du niveau de plein emploi, l’organisme pointe du doigt 1/ les risques de surchauffe et 2/ l’incertitude liée à l’environnement international. L’IFAC accueille positivement la prise en compte des dépassements budgétaires récurrents par le gouvernement dans ses prévisions mais exprime néanmoins des inquiétudes face à la part croissante des recettes de l’IS dans les recettes fiscales totales et maintient ses critiques concernant les dérapages des dépenses publiques, notamment celles de santé, qui s’expliqueraient par des problèmes de gestion budgétaire et un manque de crédibilité des plafonds budgétaires. L’IFAC regrette enfin le manque de transparence du gouvernement concernant les dépenses hors Exchequer (hors gouvernement central) et la décision du gouvernement de diminuer les dotations annuelles du Rainy Day Fund (passant de 1Md€ à 500 M€). Le gouvernement s’est défendu des critiques de l’IFAC, arguant que l’Irlande faisait partie des neufs pays dont la Commission Européenne avait validé le projet de budget 2020.

Notation de la dette souveraine – Fin novembre 2019, l’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) a annoncé une réévaluation de la notation à long-terme de la dette souveraine irlandaise, passant de A+ (groupe A dit de « qualité moyenne supérieure ») à AA- (groupe AA dit de « haute qualité »). L’Irlande renoue ainsi avec le niveau de notation que lui attribuait l’agence S&P avant le lancement du plan d’aide par la Troïka (FMI, Banque Centrale Européenne et Commission Européenne) en 2010. Il s’agit en outre de la première réévaluation de la notation à long-terme de la dette souveraine irlandaise depuis juin 2015.

 

Secteur bancaire

Marché hypothécaire – Selon les données publiées par la fédération irlandaise des banques et des paiements (Banking & Payments Federation Ireland, BPFI), le montant total des prêts hypothécaires accordés est en augmentation de +10 % en octobre 2019 (en glissement annuel). L’encours total des prêts hypothécaires accordés en octobre 2019 s’établit à 1Md€, dont 547 M€ pour des primo-accédant. L’encours total des prêts accordés aux primo-accédant en octobre 2019 est en augmentation de +22,6 % (glissement annuel).

Politiques macro-prudentielles – Gabriel Makhlouf, gouverneur de la Banque Centrale d’Irlande (CBI), a annoncé le 4 décembre que les règles macro-prudentielles appliquées au crédit immobilier resteraient inchangées et n’avaient pas vocation à être temporaires. La position ferme du gouverneur fait suite à de nombreux appels de la part du secteur financier et de certains politiques d’assouplir les règles limitant l’accès au crédit immobilier (encours d’un prêt qui ne peut dépasser de 3,5 fois le revenu de l’emprunteur et dépôt requis fonction de la valeur vénale du bien immobilier). La CBI a admis que, le rythme de croissance des prix de l’immobilier étant plus élevé que celui des revenus, les règles prudentielles se trouvaient être actuellement plus contraignantes. Cependant, les analystes de Davy Research estiment que les règles prudentielles ne devraient pas ralentir le rapide développement du secteur de l’immobilier observé en 2019. Conor O’Toole, économiste à l’ESRI (think-tank irlandais) a en outre rappelé lors d’une conférence en novembre qu’assouplir les règles sur le crédit immobilier ne permettrait pas de résoudre l’actuelle crise du logement en Irlande et pourrait participer à la création d’une bulle immobilière similaire à celle pré-2008.

Notation des banques irlandaises – L’agence de notation Moody’s a réévalué à la hausse à la notation de trois banques irlandaises, Allied Irish Banks (AIB), Bank of Ireland (BoI) et Permanent TSB (PTSB). Cette réévaluation reflète les progrès réalisés en matière de prêts non performants ainsi que les efforts des banques afin d’améliorer leurs apports en capital.

 

Investissement et compétitivité

Investissements Directs Etrangers – D’après les données publiés par le Bureau national de la Statistique irlandais (CSO), le stock net d’investissements étrangers en Irlande s’établissait à 874 Mds€ fin 2018, en baisse de 8 Mds€ par rapport à fin 2017. Cette baisse était principalement le résultat d’une contraction du stock d’investissements néerlandais (-106 Mds€), du stock d’investissements luxembourgeois (-58 Mds€), du stock d’investissements suisses (-3 Mds€) et du stock d’investissements britanniques (-5 Mds€), partiellement compensée par une hausse du stock d’investissements américains (+94 Mds€) et du stock d’investissements des plateformes offshores (+77 Mds€). Selon la règle de l’investisseur ultime (nationalité de l’investisseur ayant le contrôle final des actifs), les Etats-Unis demeurent le premier investisseur en Irlande avec un stock s’élevant à 649 Mds€. La différence constatée avec la nationalité des « investisseurs immédiats » suggère que des sociétés américaines investissent en Irlande depuis leurs filiales basées principalement dans les centres offshores, le Luxembourg et la Suisse. Par ailleurs, l’Irlande apparait comme le deuxième investisseur ultime en Irlande (92 Mds€), ce qui s’explique par le fait que des entreprises irlandaises réinvestissent dans leur pays de résidence via des filiales implantées dans des pays tiers.

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Le stock d’investissements irlandais à l’étranger a quant à lui enregistré une augmentation marginale (+1 Md€ par rapport à fin 2017), s’établissant à 824 Mds€ fin 2018. Ce mouvement s’explique avant tout par une hausse des investissements irlandais aux Luxembourg (+47 Mds€) et des plateformes offshores (+36 Mds€), partiellement compensé par une diminution du stock d’investissement irlandais aux Pays-Bas (-82 Mds€). Près de 40% (331 Mds€) des investissements directs irlandais à l’étranger se trouvent au Luxembourg, ce qui apparait là encore comme une conséquence de l’application de la règle de l’investisseur immédiat : il peut s’agir d’actifs financiers détenus au Luxembourg par des sociétés américaines et britanniques ayant établi leur siège fiscal en Irlande.

Les flux entrants étaient en baisse de -71 Mds€, passant d’un investissement de +47 Mds€ en 2017 à un désinvestissement de -24 Md€ en 2018 – notamment dû à un désinvestissement de -155 Mds€ de l’Europe partiellement compensé par un investissement de +73 Mds€ des Etats-Unis, de +42 Mds€ des Bermudes et de +19 Mds de l’Asie. Les flux sortants ont enregistré une augmentation avec un investissement de +0,616 Mds€ en 2018 (contre un désinvestissement de -1,8 Mds€ en 2017).

 

LE CHIFFRE DU MOIS

24,3

Il s’agit du pourcentage des dépenses courantes de logement (dont loyer, électricité, eau, gaz) faites par les ménages rapportées au total des dépenses. Les ménages irlandais allouent 24,3% de leurs dépenses à leur logement, soit un pourcentage proche de la moyenne au sein de l’Union Européenne (24%). Les dépenses de logement des ménages français s’établissent quant à elles à 26,3%, se classant ainsi 4ème, après la Finlande (28,5%), le Danemark (28,1%) et la Slovaquie (27,7%). Les ménages maltais (10,3%), lithuaniens (15%) et chypriotes (15,1%) sont respectivement les ménages européennes affichant les pourcentages des dépenses courantes de logement les plus faibles au sein de l’Union Européenne.

 

Dépenses

 

Evolution des indicateurs macroéconomiques

Tableau mensuel

Mensuel

Tableau annuel

Annuel