La DG Trésor a organisé un séminaire public sur l'avenir de la politique industrielle en France et en Europe, le 5 novembre au ministère de l'économie et des finances.

Le Groupe de coordination européenne (GCE),  qui réunit deux fois par an les Chefs des Services Économiques de la DG Trésor situés dans les pays européens, s’est tenu à Bercy pour trois jours de travaux, les 5, 6 et 7 novembre. Dans ce cadre, un séminaire a été organisé sur l’avenir de la politique industrielle, le 5 novembre, permettant de mettre en perspective les approches françaises et celles de plusieurs de nos partenaires et de dresser un état des lieux des nouveaux enjeux de cette politique publique. Soucieuse de partager la diffusion de ces réflexions, la DG Trésor avait ouvert ce séminaire à des participants extérieurs, dont le nombre a dépassé la centaine, venant notamment de la société civile, d’autres administrations publiques, de thinks tanks ou du monde de l’entreprise.

Après une présentation des nouvelles orientations de la politique industrielle en France, notamment dans le cadre du projet de réforme « Pacte Productif 2025 » par le Directeur général des Entreprises, Thomas Courbe, deux tables rondes animées par la DG Trésor ont été consacrées respectivement aux nouveaux enjeux d’une politique industrielle européenne et à la question de l’évolution du droit de la concurrence et des aides d’Etat, en présence de plusieurs experts, tels que Sarah Guillou (OFCE), Anne Perrot (IGF), Sébastien Jean (CEPII) et Olivier Redoules (MEDEF).

Les présentations ont rappelé le cadre théorique justifiant l’existence d’une politique industrielle (en particulier en matière de R&D et de transition écologique, en raison des externalités générées), mis en évidence la concentration de l’industrie dans 5 pays européens et listé le retard relatif de l’Europe en matière de R&D (seuls la Suède, l’Autriche, le Danemark et l’Allemagne dépassaient les 3% du PIB fixés par la stratégie de Lisbonne). Par ailleurs, les présentations ont évoqué la remise du cadre actuel la politique de la concurrence et des aides d’Etats au niveau européen, en raison de l’émergence de nouvelles pratiques commerciales n’assurant pas une loyauté des échanges et de nouvelles thématiques (en particulier dans le numérique). Alors que les divergences d’approche entre l’UE et les Etats-Unis en la matière ont été rappelées, la nécessité d’une révision du cadre de la politique de la concurrence fait de plus en plus consensus même si ses modalités pratiques font encore débat.

Le séminaire a également permis de mettre en évidence l’hétérogénéité de la place de l’industrie et des méthodes d’interventions économique dans ce domaine en Europe, entre l'Allemagne, l’Italie et la Pologne, via les interventions des chefs de service économique basés dans ces pays européens. En Pologne, pays en croissance depuis 20 ans et engagé sur le chemin de la convergence avec la moyenne européenne, la politique industrielle est marquée par la volonté de rompre avec l’époque socialiste et de s’appuyer sur une ouverture aux investissements étrangers.  En Allemagne, le secteur industriel continue d’occuper une place majeurs dans le PIB (entre 25 et 28%) dans l’emploi (5,5 millions de salariés) et en matière de R&D (3% du PIB dont les 2/3 proviennent du privé). Le pays capitalise sur ses atouts : innovation, capacité à travailler dans une logique de filière, qualité du dialogue social. En revanche, la notion de politique industrielle ne constitue pas un concept classique dans le pays même si un débat a commencé à émerger sous l’impulsion de l’actuel Ministre de l’économie. En Italie, pays où l’industrie représente encore environ 20% du PIB (essentiellement dans le nord et très imbriqué avec le tissu productif allemand et italien), la notion de politique industrielle est historiquement peu présente. Toutefois les pouvoirs publics ont récemment lancé un plan de rattrapage en matière de numérique,  « Impresa 4.0 », et l’industrie italienne s’est engagée dans un processus de concentration avec des partenaires européens.

Enfin, le soutien de la Banque européenne d’investissement (BEI) à l’industrie européenne a été mise en évidence par Elodie de Recy, directrice du bureau de Paris de la BEI. La banque soutient l’industrie européenne sur la base de projets, axés notamment sur l’innovation, le soutien à la compétitivité et le verdissement des processus de production. Compte-tenu de l’objectif de neutralité carbone de l’UE à l’horizon 2050, cette dernière dimension de l’action de la BEI est d’ailleurs appelée à s’accroître.