La réunion régionale d’Afrique de l’Est et de l’Océan Indien (AEOI) s'est tenue les 2 et 3 décembre 2019 à Nairobi. En présence de Magali Césana pour le Secretariat Général, des chefs de services de la zone avec leurs adjoints, ainsi que de l’ensemble du SER, les services économiques ont présenté les travaux effectués en 2019 et programmé les travaux communs pour 2020. La Secrétaire Générale Adjointe a présenté les orientations générales de Trésor 2020 et du plan stratégique du réseau.

Enjeux macroéconomiques de la région

La qualité des données reste médiocre pour certains pays, avec notamment des révisions substantielles du PIB pour trois pays de la zone par le FMI. La croissance de la zone AEOI demeure l’une des plus dynamiques d’Afrique, tout en comprenant certains des pays les plus pauvres du monde et un environnement des affaires toujours peu favorable aux investissements étrangers, même si l’on constate des progrès dans quelques pays.

Les pays AEOI importent trois fois plus qu’ils n’exportent, en provenance de Chine, d’Inde et des EAU notamment. Le déficit qui en découle est financé par des flux nets positifs d’IDE, des transferts croissants de la diaspora, et une hausse de l’endettement public, qui induit une dégradation des profils de risques. La capacité à augmenter les recettes publiques est donc un enjeu majeur à moyen terme.

La France dégage un excédent commercial annuel moyen d’environ 900 MEUR sur les quatre dernières années, conjoncturellement lié aux livraisons d’Airbus en Éthiopie, au Rwanda et à Maurice. Plus structurellement, la part de marché de la France dans la zone reste faible – à moins d’1% -, à l’exception des marché de l’Océan Indien où la France conserve de fortes positions commerciales, et n’augmente que  faiblement.

Enjeux agricoles et agroalimentaires

Le secteur agricole et agroalimentaire est le principal pilier économique des pays de la zone Afrique de l’Est et Océan Indien. Pourvoyeur d’emplois pour une grande majorité de la population (entre 70 et 85% au Kenya, en Ethiopie ou au Rwanda par exemple), le secteur agricole représente environ le tiers du PIB de ces pays et près de la moitié de la valeur de leurs exportations (63% pour l’Ethiopie, 54% pour l’Ouganda, 46% pour le Kenya, 44% pour Madagascar). Il doit aujourd’hui faire face à deux défis majeurs : la très forte croissance de la population, à la fois rurale et urbaine, des pays de la zone, et l’adaptation au changement climatique. La création de valeur et d’emploi au sein des filières, leur structuration pour servir à la fois les marchés à l’export et intérieur, la réduction des pertes post-récoltes et de la dépendance aux importations alimentaires, le développement de la transformation et la sécurisation sanitaire des produits, l’adaptation des pratiques et la mobilisation des innovations techniques et technologiques, constituent autant d’opportunités de marchés à l’export, d’investissements ou de coopération économique et institutionnelle pour les entreprises et institutions françaises, dans un contexte de forte croissance économique de ces pays. Plusieurs projets mobilisant les outils du Trésor dans le secteur agricole devraient ainsi être proposés à la programmation au cours de l’année 2020.

Enjeux en matière de développement durable

Mobilisés pour la préparation du Sommet Afrique-France 2020, les services économiques ont accueilli la délégation du Secrétariat général du Sommet au Kenya, en Ethiopie, au Rwanda et en Tanzanie. Une initiative régionale sur le développement urbain durable a été lancée depuis juillet 2018 par des conférences à Nairobi, Dar es Salam et Port-Louis et des ateliers thématiques à Kampala et Kigali.

Les instruments de financement à l’export du Trésor sont largement sollicités dans la région mais rencontrent de réelles difficultés de mise en œuvre malgré quelques succès des projets développés (électrification rurale à Madagascar, distribution d’eau à Djibouti, projet ferroviaire urbain de Nairobi, laboratoire de biométhanisation au Kenya, etc.). Un accord bilatéral de coopération favorisant et encadrant la mobilisation de ces instruments sera signé fin 2019 avec le Kenya. Des initiatives similaires sont proposées dans d’autres pays de la zone. Une étude sur les partenariats publics-privés a été réalisée par le SER avec les SE concernés, et doit être validée avant la fin d’année.

Les évolutions de l’intervention de l’aide publique au développement

Les engagements de l’APD vers la zone suivent une tendance haussière depuis 2008, atteignant 21 Mds USD en 2017 en raison de la présence des principaux bénéficiaires Afrique subsaharienne : Ethiopie (1er),  Tanzanie (3ème) et Kenya (4ème). Pour autant, l’APD totale nette reste en-deçà des engagements : la faible absorption des Etats induit un sous-décaissement structurel des financements bailleurs. En 2019, 85 % des financements approuvés proviennent du Groupe Banque mondiale, soit 6,2 Mds USD. La Banque multiplie les programmes d’aides budgétaires pour soutenir des réformes économiques, notamment en Ethiopie (1,7 Mds USD pour 2019) et au Kenya (1,5 Mds USD pour 2019 et 2020). Cet instrument répond au défi des décaissements tout en permettant d’obtenir des réformes politiquement difficiles à mettre en œuvre. Toutefois, la qualité des indicateurs de décaissement et les montants engagés doivent faire l’objet d’une vigilance accrue.

Les enjeux de l’informalité croissante des économies est-africaines

L’informalité est prépondérante dans la plupart des pays de la zone AEOI et constitue un puissant amortisseur social. Le nombre de jeunes, arrivant chaque année sur le marché du travail, devrait s’élever à 7,4 millions en moyenne sur l’ensemble des quinze pays, pour la période 2020-2025. Or, à ce jour, ni le secteur public, ni le secteur privé formel ne parviennent à absorber un tel flux ; par conséquent entre 90 et 95 % de ces derniers sont absorbés par le secteur informel. De telles évolutions ont des conséquences majeures : elles dégradent la qualité des emplois, réduisent sensiblement les gains de productivité et pénalisent le secteur formel par les distorsions de marché qu’elles provoquent. L’amélioration de l’accès au financement pour les PME informelles, ainsi que des schémas fiscaux incitatifs à la formalisation sont des solutions à explorer pour structurer le secteur privé.ramme de travail 2020

Etudes régionales programmées en 2020

En plus des tâches récurrentes et des événements déjà identifiés (Sommet Afrique-France les 4-5-6 juin 2020, visite du Président de la République à Madagascar pour les 60 ans de l’indépendance le 26 juin 2020), les services économiques ont identifié les sujet d’intérêt régional suivants, pour lesquels un travail en commun est envisagée :

  • Les enjeux croissants de l’informalité en Afrique de l’Est ;
  • L’influence des pays du golfe dans la corne de l’Afrique ;
  • Les conditions d’accès aux appels d’offre des bailleurs multilatéraux;
  • La mise à jour des analyses régionales du secteur de l’énergie;
  • Nourrir la ville; 

L’enjeu des transferts financiers légaux (diaspora) et illégaux dans la région a été évoqué, le sujet sera exploré par un stagiaire du SER sur la place financière de Nairobi, et pourra donner lieu à une extension régionale de l’étude en 2021.

 Programmation réunion régionale 2020

La prochaine réunion régionale se tiendra les 29 et 30 juin 2020 à Addis-Abeba