Nouvelles mesures annoncées par la BSEC pour relancer le marché obligataire

Le “gendarme” de la Bourse des valeurs de Dhaka, la Bangladesh Securities and Exchange Commission (BSEC), a annoncé le 20 novembre dernier préparer l’introduction des bons du Trésor sur le Dhaka Stock Exchange, qui pourront désormais être échangés sur le second marché[i]. Tous les bons du Trésor émis par la banque centrale (Bangladesh Bank) sont enregistrés sur le DSE (www.dsebd.org/), soit 221 T-Bonds à ce jour, d’une valeur unitaire de 100.000 TK (1080€), pour une maturité allant de 5, 10, 15 à 20 ans et des rendements variant de 8,5 à 13% selon la date d’émission (http://www.dsebd.org/products_of_dse.php#Debt).

Actuellement, les échanges de coupons peuvent se faire via les banques agréées directement auprès de la banque centrale.

La BSEC a pris des dispositions pour redynamiser le marché obligataire, notamment en réduisant sensiblement la fiscalité (les timbres fiscaux ont été ramenés à 0,10% ad valorem contre 2% précédemment); elle va prochainement publier une directive sur les obligations vertes (“Green Bonds”), pour permettre à ce nouveau créneau prometteur d’émerger sur le DSE, développer le marché de la finance islamique (obligations en Sukuk) et examiner la possibilité de permettre aux collectivités locales d’émettre des obligations à long terme.

La mise en place d’une plate-forme électronique d’échanges est également attendue (Alternative Trading Board et Small-cap Board), ainsi que l’assoupissement et la simplification de la fiscalité et des délais d’introduction: la BSEC met jusqu’à 6 mois actuellement selon des sources bancaires pour autoriser des émissions de 10 M TK ou 107 000€.

D’autres réformes sont attendues pour dynamiser le marché obligataire privé

A l’occasion d’un séminaire organisé le 26 octobre 2019 par City Bank Capital (CBC) (“Development of Bond Market in Bangladesh”), les opérateurs ont regretté l’absence de repères (benchmarks) sur le niveau moyen de rémunération des obligations qui permettraient de donner un cadre référent aux investisseurs ; ils ont également souligné le besoin de directives claires et simples pour attirer l’épargne, et notamment celle des travailleurs émigrés (la grande majorité des quelques 10 M de non-resident Bangladeshis), pour lesquels des programmes spécifiques d’investissement devraient être établis.

La Bangladesh Investment Development Authority (BIDA) a rappelé la nécessité de lever des capitaux à long terme sur le marché obligataire pour financer les énormes besoins d’infrastructures qui permettront au Bangladesh d’obtenir à l’horizon 2030 son reclassement par la Banque Mondiale en catégorie “Upper MIC” ou PRITS (pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure).

Selon le Global Infrastructure Hub (www.gihub.org/) les besoins sont évalués à 608 Mds$ sur la période 2016-2040 pour les seules infrastructures (outlook.gihub.org/countries/Bangladesh), et le Bangladesh est actuellement sur une trajectoire où 192 Mds $ manqueraient, notamment dans les secteurs de l’énergie (un gap de 100 Mds$), des télécoms (41 Mds $) et du traitement de l’eau (40 Mds$).

 Le marché obligataire doit être une réponse alternative aux financements multilatéraux, notamment en attirant l’épargne disponible de la diapora (10 M de Bangladais résident à l’étranger). Les investissements du secteur privé (équivalant à un ratio de 23 points de PIB) sont jugés insuffisants et devraient atteindre 30% pour répondre aux besoins.

Le marché domestique est dominé par les bons du Trésor (leur encours s’élève à 2000 Mds TK, équivalant à 7,7% du PIB, estimé à 25706 Mds TK en 2018) quand le marché des obligations privées (Corporate Bonds) reste embryonnaire, avec un encours de 250 Mds TK (2,7 Mds €), soit à peine 0,9% du PIB actuel, alors que ce ratio atteint 150% aux Etats-Unis, 73% en Corée du sud, 60% en Thaïlande et en Malaisie ou 16% en Inde.

La présentation en juin 2019 d’un rapport gouvernemental sur le développement du marché obligataire public et privé (« Comprehensive framework on the development of bond market in Bangladesh », publié en octobre dernier https://www.bb.org.bd/pub/index.php) émet une série de recommandations en ce sens.

Enfin, en septembre dernier, la Banque mondiale a annoncé un programme de soutien au développement du marché des capitaux (bourse des valeurs) et des obligations, sous la forme d’une assistance technique sur le renforcement des capacités des agents concernés et l’appui à la définition d’un cadre réglementaire et technique opérationnel.

 Global Infrastructure Report

 

https://www.thedailystar.net/business/news/develop-bond-market-finance-infrastructure-projects-experts-1819318

https://www.thedailystar.net/business/news/wb-help-develop-bond-stock-markets-kamal-1799161

http://today.thefinancialexpress.com.bd/public/views-opinion/removing-barriers-to-a-vibrant-bond-market-1573135605

https://thefinancialexpress.com.bd/stock/bangladesh/comprehensive-framework-to-develop-bond-market-drafted-1571738268

http://today.thefinancialexpress.com.bd/public/last-page/infrastructure-projects-1572107637

https://www.thedailystar.net/business/news/tradable-treasury-bonds-very-soon-bsec-1829947



[i] Pour les obligations (comme c'est le cas aussi pour les actions), l'expression marché primaire désigne les émissions de nouvelles obligations, dont le placement auprès des investisseurs institutionnels et, éventuellement, particuliers, est assuré, généralement en prise ferme par un groupe de banques d'investissement choisies par l'émetteur. L'expression marché secondaire désigne les transactions sur les obligations déjà émises.