La domination de la Chine sur la chaîne de valeur des terres rares a fait un retour spectaculaire sur le devant de la scène en mai 2019, suite à la visite très médiatisée du Président Xi Jinping, accompagné du négociateur en chef avec les États-Unis Liu He, dans une usine d’aimants permanents du Jiangxi.

Depuis la fin des années 1990, la Chine a assuré la fourniture d’environ 90% de la demande mondiale en terres rares, alors que seul un tiers des réserves mondiales de terres rares sont localisées sur son sol. Grâce à plusieurs dispositifs de soutien indirect et une stratégie de protection de son marché, la Chine a acquis, au début des années 2000, un quasi-monopole sur l’exploitation de terres rares, avant d’étendre son contrôle sur l’ensemble de la chaîne de valeur suite à l’introduction de quotas d’exportation qui ont eu pour conséquence d’attirer entreprises et savoir-faire étrangers. En bout de chaîne, la Chine assure désormais 80% de la production mondiale d’aimants à base de néodyme. Sous l’effet de plusieurs facteurs, dont certains sont internes à la Chine (volonté de lutter contre l’exploitation illégale et de protéger l’environnement, épuisement des ressources), celle-ci compte de plus en plus sur ses partenaires pour assurer son approvisionnement en terres rares brutes. En 2018, la Chine est devenue importatrice nette de minerais et d’oxydes de terres rares, tout en conservant le contrôle des activités de transformation en aval : la Chine exporte désormais avant tout des produits transformés, parfois très sophistiqués. La domination de la Chine sur la chaîne de valeur des terres rares a fait un retour spectaculaire sur le devant de la scène en mai 2019, suite à la visite très médiatisée du Président Xi Jinping, accompagné du négociateur en chef avec les États-Unis Liu He, dans une usine d’aimants permanents du Jiangxi. Cette visite avait vocation à envoyer un message clair à l’administration américaine : la Chine possède, avec les terres rares, un instrument possible de rétorsion, voire une « trump card » qu’elle pourrait utiliser pour remporter la guerre commerciale. Cependant, l’imposition par la Chine de restrictions à l’exportation de terres rares constituerait une stratégie plus risquée qu’il n’y paraît : elle pourrait même se révéler contreproductive.