Le Bulletin se compose des productions récentes du Service économique régional de Pékin au sujet de l’économie chinoise.

Tensions et réformes dans le secteur bancaire chinois (Juillet 2019)

Les autorités chinoises ont engagé depuis plus d’un an et demi une démarche résolue d’assainissement du secteur financier. La première cible en a été le shadow banking, dont le développement avait pris des proportions inquiétantes. Les effets de cette politique se font néanmoins sentir bien au-delà du seul segment du shadow banking. La faillite récente d’une banque (Baoshang Bank) a remis en avant les préoccupations sur la santé du secteur bancaire lui-même, ou plus précisément sur les —  nombreuses — petites et moyennes banques. Les inquiétudes ont touché le marché interbancaire sur lequel ces banques, peu pourvues en dépôts, venaient se financer. L’incertitude quant au risque de contrepartie vient perturber le fonctionnement de ce marché, pourtant crucial en Chine. A un moment où l’économie chinoise ralentit fortement, et où le secteur privé manque cruellement de financements, les autorités sont désormais confrontées à un dilemme. Elles veulent préserver la crédibilité de leur démarche d’assainissement mais ne peuvent priver le secteur bancaire de liquidités.

Le SSE STAR Market, le marché des valeurs technologiques de Shanghai constitue-t-il une réponse appropriée à l’inefficience des marchés boursiers chinois? (Juillet 2019)

Le marché boursier chinois est le deuxième marché mondial en termes de capitalisation boursière. Néanmoins, depuis sa création, l’indice de Shanghai a été l’un des indices les moins performants du monde et les financements en Chine restent majoritairement intermédiés. Le processus d’introduction en bourse — strictement encadré par le régulateur des valeurs mobilières — et des règles vagues sur les radiations de la cote ne contribuent pas à l’efficience des marchés boursiers chinois. La réforme des marchés de capitaux constitue une priorité pour le gouvernement, notamment dans le  contexte actuel d’accès limité aux financements pour le secteur privé. Le gouvernement a lancé mi-juin le SSE STAR Market, « le marché des valeurs technologiques ». La particularité de ce marché tient à son nouveau système d’enregistrement pour les IPOs, dont l’objectif est  de réduire l’intervention du régulateur dans le processus d’inscription.

Le nouveau LPR, une étape importante dans la libéralisation des taux d’intérêt en Chine ? (Août 2019) 

La PBoC a remplacé le 20 août dernier son taux prêteur de référence par le Loan Prime Rate (LPR), et est ainsi passée d’un taux administré à un taux censé mieux refléter l’évolution des taux de marché. La réforme a été annoncée comme une étape importante du processus de libéralisation des taux d’intérêt en Chine. Cette réforme constitue une priorité pour le gouvernement qui souhaite baisser les coûts de financement pour les entreprises et améliorer l’efficacité du canal de transmission de la politique monétaire. Sur le court terme, l’impact sur l’octroi de prêts devrait néanmoins être marginal et la baisse des coûts de financements graduelle. Cette réforme, bienvenue et positive à terme, pourrait même peser sur la rentabilité des banques, déjà sous pression, et favoriser les SOEs au détriment du secteur privé.

 Les terres rares, une "Trump card" pour la Chine dans la guerre commerciale? 

La domination chinoise sur les terres rares a de nouveau fait l’actualité lorsque le Président XI Jinping s’est rendu en mai 2019 dans une usine d’aimants permanents de la province du Jiangxi, faisant planer la menace que la Chine recoure à ce levier dans le cadre de la guerre commerciale l’opposant aux Etats-Unis. Contrairement aux idées reçues, cette domination, réelle, porte davantage sur l’aval que sur l’amont de la chaîne de valeur. Le levier qu’elle est susceptible de donner aux autorités chinoises dans leurs négociations avec les Etats-Unis ne doit pas être surestimé pour autant car il est, en pratique, difficilement activable.

Réforme des SOEs et neutralité concurrentielle, les priorités de la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine

La Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine (EUCCC) a choisi cette année de concentrer son Position Paper sur l’hégémonie des entreprises d’État (SOEs) et le concept de « neutralité concurrentielle ». Elle fait le constat que la politique chinoise d’ouverture formelle du marché (raccourcissement de la liste négative des investissements étrangers notamment) est insuffisante et demande des réformes susceptibles d’assurer un véritable level-playing field entre entreprises publiques et privées mais également entre opérateurs locaux et étrangers. Elle appelle en outre l’Union européenne à adopter des mesures défensives et à s’en servir non seulement comme protection contre les distorsions de marché mais également comme levier pour pousser les autorités chinoises à réformer les SOEs.

Enquête de la chambre de commerce de l'Union Européenne en Chine sur la confiance des entreprises

La Chambre de commerce de l’Union européenne a présenté, lundi 20 mai, les résultats de son Enquête annuelle de confiance. Conduite auprès de 585 entreprises européennes implantées en Chine, l’enquête s’est étirée entre janvier et février, en période de désescalade de la guerre commerciale. L’année 2018 a été présentée par les autorités chinoises comme un moment charnière dans la politique d’ouverture chinoise. En règle générale, les entreprises de certains secteurs concernés par les ouvertures de marché (automobile, cosmétiques) se réjouissent des mesures de libéralisation, mais seule une très faible minorité des entreprises (9%) jugent « significatives » ces ouvertures. Plus globalement, les obstacles à l’accès au marché stricto sensu (i.e. restrictions/interdictions inscrites dans la liste négative) revêtent un caractère secondaire pour les entreprises européennes, qui mettent plutôt en avant des obstacles d’ordre réglementaire/administratif. L’absence de level-playing field et la persistance de pratiques telles que les transferts de technologie forcés constituent une source majeure de frustrations. La crainte d’un ralentissement économique se traduit également par un pessimisme accru des entreprises européennes. L’impact des tarifs américains sur les exportations chinoises était, déjà au début de l’année, jugé négatif par 38% des entreprises européennes installées en Chine. Malgré ces défis, la Chambre martèle que les entreprises européennes n’envisagent pas de « se découpler » du marché chinois.

Présentation du programme « 1 000 » talents, initiative du Parti Communiste Chinois (PCC) pour attirer les hauts talents internationaux en Chine 

Lancé en 2008 par le Comité Central du Parti communiste chinois, le programme « 1 000 talents » vise à attirer des chercheurs de haut niveau à venir travailler en Chine. Initialement réservé aux « Chinois d’outre-mer », il s’est depuis ouvert à tout expert étranger, ainsi qu’aux entrepreneurs. Parmi les principaux secteurs ciblés : les biotechnologies et sciences du vivant, les industries high-tech et les technologies de l’information. Si certaines études pointent vers un succès réel en matière de recrutement de « talents » à destination de l’industrie, le bilan apparaît plus mitigé en matière de recrutement de profils académiques, même si certains pans de la recherche chinoise ont été presque intégralement « importés » depuis l’étranger via ce programme (c’est par exemple le cas du quantique). Par ailleurs, depuis 2018, le programme est accusé par les autorités américaines de favoriser les transferts de propriété intellectuelle non sollicités vers la Chine. Le schéma consistant à recruter des « talents » pour de courtes durées chaque année, tout en les autorisant à conserver leur poste dans leur institution d’origine, fait désormais l’objet de contrôles aux États-Unis.

Les implications du système de crédit social pour les entreprises

En juillet dernier, le Conseil des affaires de l’Etat a présenté ses recommandations  afin d’accélérer la mise en œuvre du système de crédit social (SCS). Bien que son déploiement complet ne soit prévu que pour 2020, le SCS est déjà largement opérationnel en Chine pour les individus mais aussi pour les entreprises, y compris étrangères. Ce dernier aspect est souvent négligé par les médias occidentaux alors même qu’il est pourtant une composante majeure du SCS. La Chambre de Commerce de l’Union Européenne en Chine (CCUE) en est pleinement consciente et a publié le 28 août un rapport sur le SCS appliqué aux entreprises.