La banque publique d’investissement ICB veut relancer ses investissements boursiers

La banque publique d’investissement Investment Corporation of Bangladesh (icb.gov.bd/zindex.php) a sollicité auprès de la banque centrale Bangladesh Bank un prêt à long terme de 10 Mds TK ou 107 M€ afin de soutenir par des investissements la bourse des valeurs de Dhaka (DSE), qui enregistre depuis trois mois des contre-performances préoccupantes.

Affaibli par la crise de liquidités qui affecte les performances des banques commerciales publiques et privées, et les freine dans leurs placements boursiers, le Dhaka Stock Exchange a vu son indice de référence le DSEX perdre 461 points ou 9,3% entre le 27 juin et le 26 septembre 2019 pour tomber sous la barre symbolique des 5000 points (4968 points). La perte en capitalisation équivaut à 239 Mds TK ou 2560 M€.

La chute des cours réduit à néant toute possibilité pour ICB de vendre une partie de ses actifs pour les réinjecter dans de nouvelles valeurs boursières. ICB est listé sur le DSE depuis 1977 et son capital est détenu à 27% directement par l’Etat et à 61% par des institutions publiques.

C’est la 3ème fois de son histoire que l’ICB sollicite des concours de la banque centrale BB dans des circonstances similaires: en 2011 (2ème crise boursière après celle de 1996), ICB avait obtenu 3 prêts à court terme pour un total de 6 Mds TK (64 M€) et réussi à enrayer la chute des cours ; en 2017, l’institution avait reçu un prêt de 3 Mds TK, également remboursé rapidement. Le 22 mai dernier, la Banque centrale avait déjà alloué 8,56 Mds TK ou 91,6 M€ de fonds de prêts renouvelables à l’ICB qui en destinait 7,6 Mds TK (81 M€) à des fonds communs de placement pour soutenir le second marché.

Le 22 septembre dernier, la Bangladesh Bank a offert des facilités de liquidités aux banques commerciales pour les inciter à soutenir le marché des capitaux. Elles peuvent obtenir des prêts à court terme dans le cadre d’un repurchase agreement (repo), adossé en collatéral aux bons du Trésor qu’elles détiennent, et bénéficient d’un autre dispositif (assured liquidity support facility – ALSF, rémunéré à 6%). L’impact a été de très courte durée sur les cours boursiers, retombés dès le 26 septembre.

La qualité des placements d’Investment Corporation of Bangladesh et ses performances ont souvent été mises en question comme récemment dans le capital de Advanced Chemical Industries (ACI), listée au DSE (dont elle détenait en août dernier près de 19%) et dont la filiale de grande distribution ACI Logistics Limited (enseigne Shwapno) accumule les pertes depuis sa création en 2008; sur l’année fiscale 2017/2018, ICB était la plus mal classée des institutions financières publiques avec un score de 70 sur 100, dans le cadre du contrat annuel de performance (Annual Performance Agreement, introduit en juillet 2014) signé avec sa tutelle, la Financial Institutions Division (FID) du Ministère des Finances.

Enfin, ICB est comme d’autres établissements publics grevé par les créances douteuses qui se sont accumulées dans l’ensemble du secteur financier depuis 2016 ; selon les données de la banque centrale, ICB avait à fin mars 2019 2,63 Mds TK de créances jugées irrécupérables et radiées de ses bilans, dont elle n’avait pu recouvrir que 0,5 M TK à la même date..