Brèves de l'ASEAN semaine 41 (2019)

Région

• Le Forum économique mondial a mis à jour son Global Competitiveness Index, dont Singapour prend la première place. Cette indice mesure la compétitivité des pays (sur une échelle de 0 à 100) en prenant en compte le rôle de plusieurs facteurs comme les institutions, les infrastructures ou encore l’éducation. Singapour dépasse les Etats-Unis et se classe 1^er sur 141 pays considérés*, alors que la Malaisie arrive à la 25^ème place et la Thaïlande à la 38^ème place. L’Indonésie et les Philippines voient leur score diminuer et perdent respectivement cinq places (50^ème) et huit places (64^ème). Le Vietnam progresse quant à lui de dix places (67^ème).

• Le ministre des télécommunications a annoncé que la start-up de portefeuille électronique OVO avait rejoint le rang des licornes, l’Indonésie en comptant désormais cinq. La dernière estimation de la valeur de la start-up dépasse le seuil d’1 Md USD à 2,9 Mds USD. OVO rejoint ainsi les 4 autres licornes indonésiennes : Go-jek (transports à la demande), Traveloka (réservations de voyages), Tokopedia et Bukalapak (commerce en ligne). Les moyens de paiements électroniques connaissent une forte croissance en Indonésie depuis plusieurs années. Ils représentaient 43 % des transactions dématérialisées en juillet 2019 (mais seulement 1,8 % de la valeur).
  
  
• Plusieurs projets de transports ferroviaires voient le jour à Jakarta. Le ministre des transports a inauguré une nouvelle portion de la ligne de chemin de fer reliant la capitale (depuis la station de Manggarai) à l’aéroport international Soekarno Hatta. Cette ligne représentera un moyen d’accès à l’aéroport alternatif depuis les grandes villes périphériques comme Bekasi, Depok, Cikarang et Bogor. Par ailleurs, les essais sur la ligne de métro léger (LRT) de l’est de Jakarta ont démarré cette semaine, en vue d’une entrée en opération en novembre 2021.
  
  
• Les réserves de change de la banque centrale s’élevaient à 124,3 Mds USD fin septembre, en baisse de 2,1 Mds USD par rapport à fin août. Ce recul s’explique notamment par le remboursement de la dette externe de l’État et par de moindres placements en devises des banques privées auprès de la banque centrale. Ces réserves correspondent à 7,2 mois d’importations ou 7 mois d’importations et de service de la dette, soit plus que le ratio de 3 mois d’importations recommandé par le FMI. 

• Le promoteur immobilier M+S, détenu par les fonds souverains malaisien Khazanah et singapourien Temasek, a vendu Ophir-Rochor Hotel – propriétaire de l’hôtel de luxe Andaz Singapore notamment – pour 1,4 Md MYR (334 M USD). M+S est détenu par Khazanah à 60 % et par Temasek à 40 %. L’acquéreur est Hoi Hup Realty, un promoteur singapourien. Cette opération intervient après une année 2018 particulièrement difficile pour le fonds souverain Khazanah, qui avait enregistré des pertes historiques de 6,3 Mds MYR. Pour mémoire, Khazanah a vendu ses parts dans Prince Court Medical Centre et PT Lintas Marga Sedaya en septembre 2019.
  
  
• La Malaisie a émis 81 Mds MYR (19,4 Mds USD) d’obligations publiques au premier semestre 2019, contre 63 Mds MYR (15,1 Mds USD) au premier semestre 2018. Sur ce montant, 7,8 Mds MYR (1,9 Md USD) sont des emprunts extérieurs, notamment des obligations « samouraïs » émises en yens japonais. Cet apport a permis de rembourser la dette arrivée à maturité à hauteur de 23,2 Mds MYR (5,5 Mds USD), et de financer le déficit budgétaire à hauteur de 22,4 Mds MYR (5,4 Mds USD).
  
  
• Petronas, l’entreprise pétrolière nationale de Malaisie, a lancé un fonds de capital-risque de 1,5 Md MYR (360 M USD). Son objectif est de financer des start-ups de l’industrie 4.0 dans les domaines de la chimie et de l’énergie. En août 2019, Petronas avait déjà créé un accélérateur destiné aux start-ups liées aux nouvelles énergies, à la chimie, à la transformation numérique et à l’industrie 4.0.

• Singapour a émis 52,5 millions de tonnes de gaz à effet de serre en 2017 soit 0,11 % des émissions mondiales, dont 60 % ont été émises par l’activité industrielle, selon le Secrétaire d’Etat au développement national et au commerce et à l’industrie Koh Poh Koon. La pétrochimie est la principale industrie émettrice, avec environ 75 % du total des rejets industriels. Les émissions non-industrielles sont essentiellement dues à la production d’électricité, alors que 95 % de l’électricité de la cité-Etat est produite à partir de gaz naturel, et au transport. Pour comparaison, la population singapourienne représentait 0,07 % de la population mondiale en 2017.
  
  
• L’activité manufacturière singapourienne s’est contractée en septembre selon l’indice PMI, qui s’établit à 49,5 (après 49,9 en août) soit son plus bas niveau depuis trois ans. Baromètre d’activité établi par un sondage auprès des professionnels de l’industrie manufacturière, un indice PMI inférieur à 50 suggère une contraction, tandis qu’un indice supérieur à 50 indique une expansion. Cette contraction s’explique notamment par les incertitudes liées aux tensions commerciales sino-américaines, qui pèsent sur le commerce mondial, et en premier lieu sur la Chine (et Hong Kong), première destination des exportations de la cité-Etat. En particulier, l’activité manufacturière du secteur de l’électronique, à 49,1 en septembre (après 49,4 en août), se contracte pour le onzième mois consécutif.
  
  
• Les banques centrales singapourienne et indonésienne ont renouvelé leur accord de swap de devises, pour une durée d’un an. Cet accord comprend deux volets : une ligne de swap bilatérale pouvant aller jusqu’à 10 Mds SGD ou 100 000 Mds IDR (environ 7 Mds USD) et un accord de refinancement de 3 Mds USD pour l’obtention de dollars américains en échange d’obligations du trésor américain, japonais ou allemand.

• L’agence de notation Moody's a placé la note souveraine du Vietnam (Ba3) sous revue en vue d’une possible dégradation. L’agence justifie sa décision par un retard de paiement sur une échéance de dette souveraine, qui pourrait relever de « déficiences institutionnelles ». Au cours de cet examen, qui durera trois mois, Moody’s évaluera les procédures mises en place (ou en cours de mise en place) par le gouvernement afin de garantir le paiement à bonne date des échéances à venir. Pour rappel, le Vietnam est noté BB par les deux autres principales agences de notation (S&P et Fitch), soit un cran au-dessus de la note actuelle de Moody's.
  
  
• La croissance du marché de l’aviation vietnamien a ralenti au premier semestre 2019, avec une augmentation du nombre de passagers transportés par avion de 4,8 %, contre respectivement 22,0 %, 29,1 % et 26,0 % aux premiers semestres 2018, 2017 et 2016. L’autorité d’aviation civile du Vietnam (CAAV) a demandé aux transporteurs aériens d’être prudents sur l’extension de leur flotte, alors que trois nouvelles compagnies aériennes sont en train de voir le jour (Kite Air, Vinpearl Air, Vietravel Airlines).
  
  
• Le conglomérat industriel japonais Sumitomo et le développeur vietnamien BRG ont annoncé la création d’une joint-venture (à 50 % chacun) pour construire une ville intelligente au nord de Hanoi, dont les travaux débuteront en 2020.  Ce projet d’aménagement urbain de 272 ha entre le pont Nhat Tan et l’aéroport de Hanoi, le Bac Hanoi Smart City Plan, devrait représenter un investissement de 4,2 Mds USD, et sera développé en cinq phases jusqu’à 2028.

• Un deuxième pont entre la Thaïlande et la Birmanie sera mis en service le 30 octobre 2019 à Mae Sot, dans la province de Tak. La chambre de commerce thaïlandaise estime que le pont permettra au commerce passant par le poste de Mae Sot de dépasser les 100 Mds THB (3,3 Mds USD) en 2020, contre 80 Mds THB (2,6 Mds USD) en 2018. Au total, le commerce transfrontalier entre les deux pays s’est élevé à 193 Mds THB (6,3 Mds USD) en 2018 (+5 % par  rapport à 2017).
  
  
• Le conseil des ministres a approuvé un budget de 24,6 Mds de bahts (810 M USD) pour soutenir la recherche, l'innovation et la formation scientifique. Il sera alloué à divers projets de recherche et d’innovation, comme le projet « BCG in Action » qui promeut l’économie bio, verte et circulaire. Le gouvernement a, par ailleurs, annoncé son objectif d’augmenter la part des diplômés d’universités en sciences, technologies et ingénierie à 50 % du total des diplômés d’ici 5 ans.
  
  
• Le ministère de l’économie et de la société numériques (DES) va créer un comité national 5G afin de favoriser son adoption. La création de ce comité a été demandée au gouvernement par la commission de régulation des télécommunications thaïlandaise, qui soulignait la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la 5G. Le régulateur espère ainsi que la vente aux enchères du premier lot de spectre 2 600 MHz se fera pour la fin de l’année, pour un lancement de la 5G en 2020.

• Les réserves de change de la banque centrale des Philippines continuent de progresser et atteignent un plus haut historique fin septembre, à 86,2 Mds USD (après 86,0 Mds USD fin août). Ce montant correspond à 7,5 mois d’importations de biens et de services et à 5,4 fois la dette extérieure à court terme, niveaux considérés comme adéquats selon le FMI. Pour mémoire, les réserves de change avait baissé jusqu’à 74,7 Mds USD en octobre 2018, dans un contexte de forte dévaluation du peso philippin.
  
  
• Les exportations philippines ont stagné, à 46,6 Mds USD (+0,1 % en g.a.) sur les huit premiers mois de l’année, tandis que les importations philippines ont diminué, à 71,3 Mds USD (–2,8 %), selon l’autorité philippine des statistiques. En particulier, les exportations de produits électroniques, représentant 56 % des exportations philippines, n’ont progressé que de 1,9 % sur la période. Le déficit commercial, à 24,7 Mds USD, se réduit ainsi de 8 % en g.a.

• Le Cambodge a exporté 398 586 tonnes de riz blanc entre janvier et septembre 2019, soit une augmentation de 2,3 % en glissement annuel. Au cours de cette période, les exportations ont chuté de près de 30 % vers l’Union européenne (à 135 475 tonnes), notamment en raison des mesures de sauvegarde appliquées par l’UE à l’encontre du riz cambodgien, mais ont grimpé de plus de 44 % vers la Chine (à 157 793 tonnes), et de 16 % vers l'ASEAN (53 347 tonnes). Par pays, la Chine reste le plus gros acheteur (40 % du total), suivie par la France (13 %) et le Gabon (5 %).
  
  
• La Banque asiatique de développement a approuvé un prêt de 40 M USD pour soutenir le secteur financier du Cambodge. La banque assistera le gouvernement pour renforcer l’efficacité et la stabilité du secteur financier, ainsi que pour favoriser une plus grande inclusion financière et un développement durable. Ce programme permettra d’améliorer l'accès aux services financiers, en particulier pour les ménages pauvres et ruraux, les femmes, le secteur agricole et les micros, petites et moyennes entreprises du Royaume.

• Le ministre du plan et de l'investissement a précisé par circulaire certaines modalités d’application de la loi de 2015 sur l'investissement d’Etat. Selon ces directives, les projets d'investissement de l'État devront passer par des appels d'offres lorsqu’il s’agira de faire appel à des sociétés de conseil pour réaliser des études de faisabilité, des enquêtes et la conception de projets, afin de garantir une utilisation plus efficace des fonds publics.
  
  
• L'agence américaine pour le développement international (USAID) et le gouvernement japonais financeront des projets de développement. USAID financera pour près de 7 M USD un projet de renforcement du secteur agricole via des microentreprises, dans la province de Xieng Khuang. Le Japon offrira des équipements, pour un montant d’environ 9 M USD, afin de renforcer la capacité du Laos à faire face aux inondations.

• Le secteur de l’énergie devrait être le premier poste budgétaire pour l’exercice fiscal 2019-20, qui a débuté le 1^er octobre. Le parlement a approuvé fin septembre un budget de 35,2 trillions MMK (23,0 Mds USD) pour l’année fiscale 2019-20, soit une hausse de 45 % par rapport à 2018-19. Les recettes prévues s’élèvent à 28,5 trillions MMK (18,6 Mds USD) entraînant donc un déficit budgétaire de 5,7 % du PIB. Environ 8 trillions MMK (5,2 Mds USD), soit 23 % du budget, seront alloués au ministère de l’énergie et de l’électricité (+28 % par rapport au budget de l’année fiscale précédente) afin de financer les projets nécessaires pour répondre à la demande croissante en électricité. Le ministère du plan et des finances et le ministère de la défense représentent respectivement 21 % et 9 % du budget prévu.

• Le parlement a approuvé la révision de la Loi sur les activités pétrolières et le fonds pétrolier. Cette révision autorise Timor Gap, la compagnie pétro-gazière publique, à utiliser le fonds pétrolier souverain pour investir dans l’industrie pétro-gazière. Une première version de cette loi avait fait l’objet d’un veto du Président pour motif d’inconstitutionnalité en août.
  
  
• Le conseil des ministres  a approuvé la proposition finale du budget 2020, de 2 Mds USD. Le budget serait financé à 75 % par le fonds souverain (1,5 Md USD, niveau de prélèvement trois fois supérieur au montant soutenable), à 11 % par les recettes publiques hors pétrole et gaz, à 10 % par le reste de budget non déboursé sur l’année précédente, et à 4 % par un emprunt public.

Rédigé par : Pôle macroéconomique SER de Singapour
Contributions : SE de Bangkok, SE d’Hanoï, SE de Jakarta, SE de Kuala Lumpur, SE de Manille, SE de Rangoun, SE de Phnom Penh et Antenne de Vientiane