En dépit d’un très net durcissement de la politique monétaire et d’une relative stabilisation du change au 1er semestre 2019, les pressions inflationnistes restent fortes, alimentées par la politique budgétaire accommodante, les contraintes sur l’offre de biens et services, les anticipations d’inflation et les transferts privés. La pression haussière affecte également les prix des biens et services libellés en devises.

Le durcissement de la politique monétaire, à travers un asséchement du crédit (réserves obligatoires montées à 100 %) et la libéralisation des opérations cambiaires ont entrainé une décélération des pressions inflationnistes durant le 1er semestre 2019. Selon la commission des finances de l’Assemblée nationale, l’inflation mensuelle s’établit à 25 % en juin 2019, soit légèrement au-dessus du consensus des économistes (21 % le même mois). 

 

La politique budgétaire accommodante a ravivé les pressions inflationnistes durant l’été à travers une transmission des hausses via la dépréciation monétaire « pass-through ». Pour le seul mois d’août, le dollar s’est apprécié de 45 % la dernière semaine d’août 2019. Sur la même période, la hausse des prix est de 65,2 % sur un mois.

 

Les tensions inflationnistes resteront fortes au dernier trimestre de 2019, en raison des dépenses publiques, des anticipations haussières et des transferts privés dynamiques (estimés à 3,7 Mds USD en 2019). L’inflation mensuelle pourrait atteindre 61 % en décembre 2019.

 

Les ajustements du salaire minimum, très irréguliers, ne suffisent pas à compenser l’envolée des prix. Cette situation conduit à une paupérisation des travailleurs. Selon les estimations de l’institut CENDAS, le panier alimentaire pour une famille de 5 personnes représentait 64 salaires minimaux en juin 2019. L’enquête ENCOVI évalue le taux de pauvreté à 92 %, contre 87 % en 2017. La situation économique pourrait continuer de se dégrader au cours des 2 prochaines années. Les services du FMI prévoient un recul du PIB de 35 % en 2019 et 10 % en 2020. En 5 ans, la richesse nationale aura diminuée de 60 %.