Poursuivant un objectif de production d’une part de 20% de véhicules électriques d’ici 2025, l’Indonésie entend développer le secteur industriel pour assurer toute la chaîne de valeur des véhicules électriques. Le service économique de l’Ambassade de France et Business France ont organisé le 8 octobre 2019 un séminaire avec les entreprises françaises du secteur et les principaux acteurs publics et privés indonésiens, afin de promouvoir la filière française et la coopération bilatérale.

ouverture du séminaire par l'Ambassadeur de France

L’Indonésie s’est fixé pour objectif que les véhicules électriques représentent 20% de la production du secteur automobile à l’horizon 2025, soit 400 000 unités par an. Alors que le parc automobile électrique est encore très peu développé, le Ministère de l’Industrie envisage un début de la production de véhicules électriques d’ici 2022.

Le gouvernement voit également les véhicules électriques comme un moyen d’amélioration de la qualité de l’air en ville, notamment à Jakarta, et en premier lieu pour les transports en commun. En effet, 75% de la pollution à Jakarta est due au trafic routier, causant des problèmes sanitaires pour la population. En cette fin de cette saison sèche, l’indice de qualité de l’air américain AQI peut atteindre en heure de pointe des niveaux supérieurs à 150, soit une pollution de l’air mauvaise pour la santé.

Afin d’atteindre cet objectif, le Président Joko Widodo a signé le 8 août 2019 un décret présidentiel (n°55/2019) pour le développement des véhicules électriques. Ce décret vise la stimulation de l’industrie locale et la création d’une filière de production nationale pour la construction des véhicules et des composants. Si les importations sont favorisées dans un premier temps pour le développement de la filière et du parc de véhicules, les importateurs sont invités à privilégier à moyen-long terme une construction locale, et donc à avoir des plans pour installer des usines en Indonésie. Ainsi, la part de contenu local imposée, actuellement à 35-40% selon le type de véhicules va progressivement augmenter pour atteindre 80% à terme en 2026 pour les véhicules à 2-3 roues et en 2030 pour les véhicules à 4 roues et plus.

L’Indonésie, premier producteur de nickel, dispose de réserves de minerai stratégique pour la construction des batteries, élément central des véhicules. La volonté d’établir une filière nationale de transformation de minerai, avec le développement de complexes industriels ad hoc et l’arrêt de l’exportation de minerai brut dès 2020, vient renforcer l’établissement de la filière nationale de production des véhicules et des composants (qui pourrait devenir une source d’export pour le pays).

Alors que le prix est le principal frein à l’achat d’un véhicule électrique, le décret d’application à paraître au plus tard en août 2020 doit venir préciser les incitations fiscales et non fiscales qui seront appliquées pour soutenir la filière. La taxe sur les produits de luxe (PPnBM) devrait ainsi être aménagée pour rendre financièrement plus attractifs les véhicules peu émetteurs, et donc les véhicules électriques. L’aménagement des droits de douane devrait également réduire le prix d’achat, tandis que des incitations fiscales pour attirer les investisseurs automobiles permettraient de développer la filière électrique (véhicules et composants). Enfin, à travers l’opérateur de distribution d'électricité PLN, une politique tarifaire avantageuse de l’électricité pourrait être proposée aux utilisateurs de véhicules électriques et des investissements seraient réalisés dans le déploiement des infrastructures de recharge.

Le décret présidentiel est accueilli très positivement par l’industrie. Plusieurs constructeurs (Honda, Hyundai, Mitsubishi notamment) vont ainsi investir massivement pour produire localement des véhicules électriques et hybrides. En juin 2019, Toyota a annoncé l’investissement de 2 Mds USD jusqu’en 2023.

La France est également très impliquée pour l'usage de véhicules moins polluants et a pour objectif de cesser les ventes de véhicules émetteurs de gaz à effet de serre d’ici 2040. Elle a pris à ce titre plusieurs mesures fortes : incitations financières à l’achat des véhicules peu polluants, obligations d’intégrations de véhicules électriques dans les grosses flottes, aides financières au déploiement des infrastructures de recharge et soutien à la R&D.

Le Service économique et Business France ont organisé le 8 octobre 2019 un séminaire sur les véhicules électriques, repris par la presse indonésienne. L’Ambassadeur de France en Indonésie a mis en avant les atouts de la filière française et l’intérêt d’une coopération bilatérale tandis que le Secrétaire général du Ministère des Transports a rappelé l’ambition du pays de développer une filière nationale. Cet évènement qui a rassemblé plus d’une centaine de participants a permis à 8 entreprises françaises (Renault, PSA, Blue Systems, Izivia-EDF, Engie, Forsee Power, Omexom-Vinci Energies et Dassault Systèmes) de présenter leurs produits et leurs stratégies devant les principaux acteurs publics et privés de la filière indonésienne, et notamment :

  • Les ministères des transports, de l’industrie, de l’énergie, des finances, de l’environnement, qui sont impliqués sur l’ensemble du cadre réglementaire, industriel et financier de la filière
  • GAIKINDO, l’association indonésienne des professionnels du secteur automobile
  • Le BPPT, l’agence nationale des technologies et de l’innovation
  • Les opérateurs de transport (l’opérateur du réseau de bus de Jakarta PT TransJakarta, la compagnie de taxi Bluebird, les services de transport à la demande Grab et GoJek)
  • PERTAMINA, l’entreprise publique oil & gas, impliquée sur les activités batterie
  • PLN, l’entreprise publique de distribution d’électricité, pour le réseau de station de recharge
  • Le gouvernement de Jakarta, avec des projets pilotes de déploiement

Les acteurs indonésiens ont montré un intérêt pour une coopération avec la France et ses entreprises au niveau de la distribution des véhicules électriques, de la fabrication des batteries ou encore la gestion des infrastructures de recharge.