La Hongrie confrontée au défi de l’émigration
La Hongrie fait face à une diminution de sa population depuis les années 1980, qui se traduit par une baisse constante du taux de natalité, le vieillissement de la population et un solde migratoire négatif. Selon les données de l’Office central des Statistiques (KSH) et d’Eurostat, le pays a perdu quelque 273 000 habitants sur les 11 dernières années (10 045 401 au 1er janvier 2008 contre 9 772 756 en 2019).
Les données synthétiques publiées par l’OCDE en juin 2017 sur les processus de migration internationale estiment que le nombre de Hongrois partis à l’étranger entre 2006 et 2015 avec l’intention de s’y installer pour une période prolongée pourrait avoisiner le million. Bien que les données soient extrêmement imprécises – et ce notamment en raison de la liberté de circulation au sein de l’UE et de la non-obligation d’enregistrement dans les pays-cibles qui en découle –, l'étude révèle que 75 000 Hongrois en moyenne ont tenté leur chance à l'étranger chaque année. Ce nombre aurait considérablement augmenté lors des années qui ont suivi l’adhésion du pays à l'UE en 2004, où la Hongrie aurait connu une croissance soutenue et rapide de son taux d’émigration. L’ampleur des flux de départ est accentuée par la répartition d’âge des personnes quittant le pays : 43 % parmi eux ont moins de 30 ans, et 72 % sont âgés de moins de 40 ans. Ces taux sont significativement différents de la répartition d’âge de la population hongroise (32 % et 46 %). 54% des émigrants sont des hommes, majoritairement célibataires (64 %).
La fuite de la main d’œuvre qualifiée et des cerveaux se fait sentir en Hongrie d’une manière particulièrement accentuée dans le secteur de l’industrie, de la santé, du tourisme et des services. Le départ des jeunes et des entrepreneurs est nettement marqué, tandis que le taux d'émigration des personnes peu qualifiées est plus faible que dans les autres pays. Les études soulignent que le secteur du bâtiment est particulièrement concerné : les pénuries de main-d'œuvre y sont sans précédent, les réserves internes étant presque épuisées. Les analyses identifient clairement les destinations de l’émigration : les pays caractérisés par la dominance de secteurs industriels à forte intensité et à technologies avancées.
Si les revenus des travailleurs hongrois travaillant à l'étranger ont très fortement augmenté après la crise économique et financière de 2008 (les montants transférés sont supérieurs à 3 Mds d’EUR), cette tendance s’est cependant inversée en 2017, sans qu’il soit possible d’expliciter clairement la raison de ces moindres transferts. Ce renversement de tendance pourrait augurer le retour des expatriés hongrois.