Le séminaire Fourgeaud du 25 septembre 2019 a eu pour thème Plateformes numériques.

Tout d’abord, Stéphane Sorbe (OCDE) a présenté les résultats d’une étude réalisée avec Alberto Bailin Rivares, Peter Gal et Valentine Millot  (OCDE) intitulée "Liker ou non ? L'impact des plateformes en ligne sur la productivité des fournisseurs de services existants".

Ensuite, Grazia Cecere (Institut Mines Telecom, Business School, LITEM) a exposé les principaux enseignements d’une étude réalisée avec Vincent Lefrere (Institut Mines Telecom, Business School, LITEM) et Fabrice Le Guel (Université Paris-Sud) intitulée "L’économie des applications mobiles gratuites : les données personnelles comme stratégie de monétisation".

La discussion a été introduite par Marion Panfili (direction générale du Trésor).


1er exposé : présentation orale de Stéphane Sorbe
Liker ou non ? L'impact des plateformes en ligne sur la productivité des fournisseurs de services existants : papier d’Alberto Bailin Rivares, Peter Gal, Valentine Millot et Stéphane Sorbe.


2nd exposé : présentation orale de Grazia Cecere
L’économie des applications mobiles gratuites : les données personnelles comme stratégie de monétisation : papier de Grazia Cecere, Fabrice Le Guel et Vincent Lefrere.  

Discussion de Marion Panfili.

 

                                   Intervenants au séminaire Fourgeaud du 25 septembre 2019

Sur la photo : Vincent Lefrere, Grazia Cecere, Marion Panfili, Stéphane Sorbe, Valentine Millot et Peter Gal.

Voici un bref résumé des études présentées :

« Liker ou non ? L'impact des plateformes en ligne sur la productivité des fournisseurs de services existants », par Alberto Bailin Rivares, Peter Gal, Valentine Millot et Stéphane Sorbe   

Cet article utilise une nouvelle approche empirique pour évaluer si le développement des plateformes en ligne affecte la productivité des entreprises de services. Nous construisons une mesure approchée de l’utilisation des plateformes dans quatre secteurs (hôtels, restaurants, taxis et commerce de détail) et dix pays de l'OCDE, à l'aide des données de recherche Internet de Google Trends, que nous lions à des données d’entreprises sur la productivité dans ces secteurs. Nous constatons que le développement des plateformes soutient la productivité moyenne des entreprises de service existantes et stimule également la réallocation de la main-d'oeuvre vers les entreprises les plus productives dans ces secteurs. Cela peut notamment refléter le fait que les systèmes de revue et d’évaluation par les utilisateurs disponibles sur les plateformes réduisent les asymétries d’information entre consommateurs et fournisseurs de services, renforçant ainsi la concurrence entre les fournisseurs. Les effets dépendent du type de plateforme considéré. Les plates-formes dites agrégatrices, qui relient les fournisseurs de services existants aux consommateurs, tendent à accroître la productivité, des premiers, tandis que les plates-formes plus disruptives qui permettent à de nouveaux types de fournisseurs de concurrencer les fournisseurs traditionnels (par exemple, partage de logement, voitures de tourisme avec chauffeur) n’ont en moyenne pas d’effet significatif sur elle. De manière cohérente, nous constatons que différents types de plateformes affectent différemment les profits, les marges, l’emploi et les salaires des entreprises de services. Enfin, les gains de productivité réalisés par les plateformes sont moins importants lorsqu’une plate-forme domine son marché de manière persistante, ce qui suggère que la contestabilité des marchés de plateformes doit être encouragée.

 

« L’économie des applications mobiles gratuites : les données personnelles comme stratégie de monétisation », par Grazia Cecere, Fabrice Le Guel et Vincent Lefrere

La majeure partie des applications de smartphone sont gratuites. Pour obtenir des revenus, les développeurs doivent monétiser leurs applications. Cependant, on sait peu de chose sur leurs stratégies. Nous étudions empiriquement les stratégies de monétisation liées aux applications gratuites en étudiant la manière dont la collecte des données personnelles est combinée à des sources de revenus plus traditionnelles comme la publicité et les achats via l’application. En particulier, les données personnelles sont essentielles pour les stratégies des entreprises internet mais la façon dont ces données sont utilisées par le marché des applications smartphone reste relativement inexplorée. Nous mobilisons une base de données unique pour mesurer la façon dont les applications sont monétisées, fondée sur l’information liée aux applications gratuites disponibles sur la plateforme Google Play Store, combinée aux données sur les comportements des applications liées à la vie privée fournies par Privacy Grade. Nous fournissons aussi des éléments sur les tiers derrière les applications mobiles. Nous montrons que l’économie des applications mobiles et que l’économie des tiers sont des marchés qui évoluent conjointement et devraient être appréhendées ensemble. Nous montrons aussi que l’augmentation du nombre de téléchargement est associée à une plus grande collecte des données.

 

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Ce séminaire généraliste de la direction générale du Trésor est un lieu d'échanges de tous ceux qui participent au progrès de l'économie quantitative : membres de l'administration économique, universitaires, économistes de banques ou d'entreprises, représentants d’institutions économiques et financières internationales, etc. À tonalité scientifique, ce séminaire cherche à favoriser la réflexion sur les grandes questions économiques, notamment de politique économique, ainsi qu'à faire progresser les méthodes permettant d’analyser ces questions. Les thèmes abordés couvrent l'ensemble des domaines d'intervention de la direction générale du Trésor et font l'objet d'exposés présentés tant par ses membres que par des spécialistes extérieurs.

Crédit photo : © Patrick Bagein, Secrétariat général des ministères économiques et financiers, droits réservés.