Point rapide sur le transport aérien en Inde au 5 septembre 2019

Contexte

La NCAP (New Civil Aviation Policy), politique publique promulguée à l’été 2016, propose un cadre réglementaire favorable au développement du transport aérien. Cette politique publique s’articule autour de plusieurs axes, dont, par exemple :

  • le plan UDAN (schéma de connectivité régionale) mis en œuvre par Airports Authority of India
  • le plan relatif au fret
  • les tout dernières annonces du gouvernement sur le MRO, le leasing en Inde etc.

Certains facteurs, comme l’émergence d’une classe moyenne en Inde, le développement du tourisme et la croissance du commerce extérieur sont autant de facteurs favorables à l’investissement, public, comme privé dans ce pays, appelé, selon IATA, à devenir le 3ème marché du transport aérien de passagers d’ici à 2024. Nous noterons qu’en termes de transport aérien domestique, l’Inde, avec 344,70 millions de passagers transportés sur l’année budgétaire 2019, est déjà le troisième marché domestique au monde.

Toutefois, après plus de 50 mois consécutifs de croissance à deux chiffres du marché domestique, la dépréciation de la roupie, conjuguée à une hausse du coût du kérosène, à des coûts supplémentaires liés à près de 5 mois de fermeture de l’espace aérien supérieur pakistanais, et un certain ralentissement économique ont impacté les résultats des compagnies aériennes indiennes, avec par exemple Jet Airways en liquidation judiciaire.

Les principales compagnies aériennes indiennes sont désormais :

INDIGO

Flotte A320-21 + A320neo + ATR72

48,6% de parts de marché en août 2019 vs 30,3% en septembre 2013

SPICEJET

Flotte B737 + B737max + Bombardier Dash 8 Q400

15,6% de parts de marché en août 2019 vs 17,3% en septembre 2013

AIR INDIA

Flotte B787 + B777 + B747 + A319-20-21 + A320neo + ATR72

12,9% de parts de marché en août 2019 vs 20,3% en septembre 2013

GO AIR

Flotte A320 + A320neo

11,1% de parts de marché en août 2019  vs 7,5% en septembre 2013

AIR ASIA INDIA (JV TATA SONS 51% - AIR ASIA 49%)

Flotte A320 + A320neo

6,4% de parts de marché en août 2019 (démarrage en 2014)

VISTARA (JV TATA SONS 51% - SINGAPORE AIRLINES 49%)

Flotte A320 + A320neo

5,4% de parts de marché en août 2019  (démarrage en 2015)

Les taux de remplissage sont élevés et affichent de 81% (AIR INDIA) à 94% (SPICEJET).

Au-delà des difficultés liées au coût élevé du kérosène et des services aéroportuaires en Inde, les compagnies préfèrent maintenir des prix faibles afin de prendre des parts de marché. Elles souhaitent effectivement se positionner sur un marché colossal en devenir mais qui fait face aux challenges des slots, les aéroports rencontrant des problèmes de capacité.

Quelques chiffres

  • Trafic de passagers

Le trafic passager indien a augmenté de 16,52% sur un an pour atteindre 308,75 millions d’euros au cours de l’exercice budgétaire 2018. Son taux de croissance annuel composé (CAGR) a augmenté de 12,72% entre les exercices budgétaires 2006 et 2018.

Le trafic passager intérieur a augmenté de 18,28% en glissement annuel, pour atteindre 243 millions d’euros au cours de l’exercice 2018 et devrait atteindre 293,28 millions au cours de l’exercice 2020. Le nombre de passagers internationaux a augmenté de 10,43% en glissement annuel, pour atteindre 65,48 millions d’euros au cours de l’exercice 2018, et le trafic devrait passer à 76 millions d’euros au cours de l’exercice 2020.

Au cours de l'exercice 2019, le trafic passager en Inde s'est élevé à 344,70 millions. Le trafic voyageur intérieur s’élève à 275,22 millions et le trafic international à 69,48 millions.

  • Fret aérien

Au cours de l’exercice 2018, le fret domestique s’est élevé à 1 213,06 millions de tonnes et le fret international à 2 143,97 millions de tonnes. Le trafic total de fret traité en Inde s'est élevé à 3,56 millions de tonnes entre 2006 et 2019. Le trafic de fret a augmenté de 7,44% entre 2006 et 2019, passant de 1,40 million à 3,56 millions de tonnes.

Le trafic de fret en Inde pourrait atteindre 17 millions de tonnes d'ici à l'exercice 2040. La croissance des importations et des exportations en Inde devrait être le principal moteur de la croissance du trafic de fret, 30% du commerce total s'effectuant par voie aérienne.

En janvier 2019, le gouvernement indien a publié le National Cargo Policy 2019, avec l’ambition pour l’Inde de devenir d’ici 10 ans un acteur majeur.

  • Capacité aéroportuaire :

    • Infrastructures aéroportuaires :

En mars 2019, l'Inde comptait 103 aéroports opérationnels. Grâce à une politique publique ambitieuse (le plan Next Gen Airports for Bharat), le pays entend, d'ici à l'exercice 2040, disposer de 200 aéroports opérationnels.

Le plan DigiYatra entend faciliter les mouvements de passagers en offrant un bouquet de services numériques, allant de l’enregistrement au passage par une e-gate…

Les principaux aéroports indiens à ce jour sont :

    • Delhi = 66M de passagers en 2018 vs 48M en 2016
    • Mumbai = 48M vs 42M
    • Bengaluru = 27M vs 19M
    • Chennai = 20M vs 15M (public)
    • Calcutta = 19,9M vs 12,5M (public)
    • Hyderabad = 18,6M vs 12,5M

Cette forte progression du nombre de passagers entraine un risque important de saturation dans les prochaines années.

Le gouvernement indien prévoit ainsi d’investir 6 Mds USD pour moderniser ou créer de nouveaux aéroports dans les cinq prochaines années.

Les « metro airports » gérés en PPP depuis 2006, financent leur expansion ou leurs opérations de maintenance grâce aux revenus non aéronautiques (comme à Delhi ou Hyderabad).

En novembre 2018, le gouvernement indien a approuvé une proposition visant à gérer six aéroports AAI dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP). Ces aéroports sont situés à Ahmedabad, Jaipur, Lucknow, Guwahati, Thiruvananthapuram et Mangaluru. Le groupe Adani s’est vu confier les 6 concessions.

En février 2018, le Premier ministre indien a lancé la construction de l'aéroport de Navi Mumbai, qui devrait coûter 2,58 milliards de dollars américains. La première phase de l'aéroport devrait être achevée d'ici la fin de 2019.

Les travaux de l’aéroport de Jewar devraient commencer imminemment.

Le gouvernement d'Andhra Pradesh va développer des aéroports greenfield dans six villes: Nizamabad, Nellore, Kurnool, Ramagundam, Tadepalligudem et Kothagudem en PPP.

    • Optimisation de la gestion de l’espace aérien et de la navigation aérienne

En sus de la capacité aéroportuaire liée aux infrastructures, l’Inde s’est engagée dans une démarche d’optimisation de la gestion de la capacité de l’espace aérien :

  • En juillet 2019, AAI a annoncé son partenariat avec Aireon LLC pour la mise en œuvre de services de données ADS – B (surveillance dépendante automatique à base spatiale), qui fourniront une surveillance en temps réel des avions au-dessus des océans. La technologie fournira une couverture complète de l'espace océanique des régions d'information de vol de Mumbai, Chennai et Kolkata. L'AAI prévoit de commencer les opérations d'essai de ces services à partir de janvier 2020.
  • En juin 2019, l’AAI a conclu un accord avec Boeing, en vue de l’élaboration d’une feuille de route décennale pour la modernisation de la gestion du trafic aérien en Inde. Le projet, d'une durée de 18 mois, est en cours de réalisation grâce à une subvention de l'Agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA). Il se concentrera sur la communication.
  • Les opérateurs bénéficieront d’une plus grande efficacité opérationnelle grâce à GAGAN, le système de navigation par satellite (le SBAS indien)

Le MRO : un potentiel certain mais des difficultés qui subsistent

Ce secteur représentait un business de 950M USD en Inde en 2016, ce qui est encore faible par rapport au potentiel du marché. Si le gouvernement vient d’exempter le MRO de droits de douanes et de compensation pour les entreprises de MRO indiennes, il n’en reste pas moins que la fiscalité applicable, couplée à des difficultés administratives pour importer des pièces détachées de l’étranger, reste un frein au développement du MRO. Il est encore économiquement plus avantageux et administrativement plus simple de faire maintenir les avions à Kuala Lumpur, à Singapour, ou même au Sri Lanka. Toutefois, la croissance de l'aviation accentue la demande d'installations de MRO. Les dépenses en MRO représentent 12 à 15% du total des recettes ; c'est la 2ème dépense après le coût du carburant. D'ici 2028, le secteur de la MRO devrait connaître une croissance de plus de 2,4 milliards de dollars américains, contre 800 millions de dollars américains en 2018 (IBEF, Juillet 2019).

Selon le ministère de l'aviation civile, l'Inde compte 99 entreprises de maintenance d'aéronefs agréées, dont 12 sont en mesure de procéder à des travaux majeurs de maintenance des gros porteurs. Parmi les principaux acteurs du secteur de la MRO en Inde, on compte Air India Engineering Services Limited (AIESL), propriété du groupe Air India, GMR, ainsi qu’Air Works. Air India a notamment annoncé l’agrandissement et la modernisation de son site MRO à Hyderabad en mai dernier. On compte aussi des partenariats avec des acteurs étrangers sous forme de JV ; Safran s’est par exemple associé avec Max Aerospace en 2015 pour la création d’un centre MRO a Hyderabad pour ses moteurs M53 des Mirages 2000H de l’IAF.

Organisation des autorités indiennes

Le Ministry of Civil Aviation (MoCA) est l’autorité régalienne, la Directorate General Civil Aviation (DGCA) est l’autorité de surveillance, et l’Airports Authority of India (AAI) est à la fois l’opérateur des services de la navigation aérienne, et le gestionnaire des aéroports publics. L‘Aviation Investigation Information Bureau (AIIB) est l’autorité qui enquête sur les incidents et les accidents. Le BCA (Bureau of Civil Aviation Security) est l’autorité de surveillance du CISF qui assure la sûreté aéroportuaire sur les aéroports les plus fréquentés.

Les entreprises françaises en Inde : une présence soutenue et de bonnes perspectives de croissance

Selon les données publiées par le Département de la politique et de la promotion industrielle (DIPP), les entrées d'IDE dans le secteur du transport aérien indien ont atteint 1 817,23 million de dollars entre avril 2000 et décembre 2018. Le gouvernement propose un IDE pouvant atteindre à 100% pour le transport aérien mais son approbation est requise pour les IDE supérieurs à 49%)

AIR FRANCE : Présent en Inde depuis 1947, AF KLM opère aujourd’hui 65 vols hebdomadaires vers/depuis Paris CDG et Amsterdam, ce qui représente plus d’1,5M de passagers par an. L’Inde est au cœur de la stratégie de développement international du groupe. Augmentation de la capacité de 25% sur l’Inde dès octobre 2019, mise en service de l’A350 sur Bengaluru…

AIRBUS : travaille avec toutes les compagnies aériennes indiennes (A330, famille A320 et A320neo). Les estimations envisagent une moyenne de 3 avions livrés par mois durant les 10 prochaines années.

ATR : fournit des appareils à IndiGo (commande de 50 ATR 72-600, livraisons en cours), Alliance Air (filiale d’Air India)

DASSAULT AVIATION : 26 Falcon sont actuellement en Inde, qui reste encore surtout un marché d’occasion.

SAFRAN : travaille avec l’ensemble des compagnies aériennes du pays, que ce soit pour les moteurs de la coentreprise CFM (toutes les compagnies), les trains d’atterrissage (tous les avions AIRBUS + B787), les sièges ou l’ensemble des équipements que cette société fournit.

THALES : a bénéficié de l’explosion du marché aéronautique indien en 2002 en s’imposant comme le premier fournisseur des systèmes avioniques des compagnies aériennes.

En sus des grands groupes, les PME françaises s’installent également en Inde où elles implantent des usines de fabrication (pour l’export et en tant que sous-traitants des groupes français présents en Inde) comme par exemple Ametra, Axon’ ou encore Latécoère.

 

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