Eolien en mer aux Pays-Bas : Vattenfall est retenu pour la construction et l’exploitation, sans subvention, d’un deuxième parc éolien d’une puissance de 700MW dans la zone Hollandse Kust Zuid
Le 10 juillet 2019, le ministère de l’Economie et du Climat néerlandais a annoncé que le développeur suédois Vattenfall était retenu pour la construction et l’exploitation, sans subvention, d’un parc éolien d’une puissance de 700 MW sur les sites III et IV de la zone Hollandse Kust Zuid (HKZWFZ). Vattenfall avait déjà remporté le marché relatif aux sites I et II (740 MW) en mars 2018.
La zone Hollandse Kust Zuid (HKZWFZ) se trouve au large des côtes de la province de Hollande-méridionale. Elle se compose de cinq sites. Le site de Luchterduinen (129 MW) est exploité par le néerlandais Eneco depuis 2015. Les sites I et II de HKZWFZ (740 MW), ont été attribués à Vattenfall (au travers de sa filiale Chinook CV) en mars 2018, dans le cadre de ce qui constituait alors le premier marché sans subvention au monde. La mise en service de ces sites devrait intervenir en 2022. Enfin, les sites III et IV (700 MW) ont été attribués à Vattenfall (au travers de sa filiale dédiée, Vattenfall Hollandse Kust Zuid 3&4 C.V.), le 10 juillet dernier. Au total, quatre consortiums avaient soumissionné pour cette mise en concurrence. La mise en service de ces sites, en 2023, permettra à la ferme éolienne en mer d'Hollandse Kust Zuid d'atteindre sa pleine puissance (1,5 GW), soit une capacité équivalente à 5% des besoins actuels en électricité du pays.
Contrairement aux sites I, II et au parc de Luchterduinen, qui se situent au delà de la ligne des 12 milles marins, environ 70% des sites III et IV se trouvent dans la mer territoriale des Pays-Bas. Dès lors, Vattenfall devra s’acquitter d’une redevance à l’Etat néerlandais[1], au titre de l’occupation du fond marin par le parc éolien d'environ 1 M€ par site pour la première année[2]. Un montant forfaitaire sera également appliqué au titre de l’occupation du fond marin par les câbles entre les éoliennes et le transformateur. L’installation de ce dernier, ainsi que le câblage entre la ferme offshore et le continent sera quant à lui assuré par l’opérateur du réseau électrique, TenneT. Une pénalité est également prévue en cas de cessation d’activité et jusqu’à l’enlèvement des équipements, à raison d’environ 160 000 € par an.
Le modèle économique retenu pour le développement de la zone HKZWFZ, inédit de par sa forme, a vocation à prouver la viabilité de l’éolien offshore en tant que mode de production d’énergie à grande échelle. La pérennité d’un tel modèle est essentielle pour les Pays-Bas, qui ont fait le pari de son développement dans le cadre de leur agenda de transition énergétique. Le gouvernement a fixé pour objectif la mise en service de cinq fermes éoliennes en mer entre 2013 et 2023, permettant de porter la puissance de production 1 GW à 4,5 GW sur la période, soit 16% des besoins du pays en énergie. La feuille de route présentée par le gouvernement pour la période 2024-2030 se montre plus ambitieuse encore, puisqu’elle prévoit la mise en service d’une puissance de 7 Gw supplémentaires, portant dès lors la puissance de l’éolien offshore néerlandais à 11,5 GW à l’horizon 2030.
En lien avec les ambitions climatiques portées par le gouvernement, cette stratégie vise à porter au-delà de 50% la part de l’éolien offshore dans la production d’énergies renouvelables, alors que ces dernières sont appelées à couvrir 70% des besoins en énergie du pays en 2030. Plus largement, la réussite du modèle économique de l’éolien en mer néerlandais s’avèrera déterminant dans l’atteinte des objectifs de décarbonisation du secteur de l’énergie aux Pays-Bas. Alors que les énergies renouvelables ne représentaient que 7,4% du mix énergétique national en 2018, les énergies fossiles continuent de couvrir 90% des besoins du pays en énergie. L’Accord national Energie et Climat, adopté en 2019, fixe un objectif de réduction des émissions de CO2 de -49% en 2030 par rapport au niveau de 1990, soit -48,7 Mt, en vue d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Le secteur de l’électricité à lui seul est appelé à contribuer à cet objectif à hauteur d’une réduction de -20,2 Mt sur la période, tout en intégrant l’impératif d’électrification des systèmes d’énergie raccordés au gaz jusque-là.
Les Pays-Bas comptent quatre fermes éoliennes offshores en activité dans leurs eaux territoriales en 2019[3]. Celles-ci représentent une puissance installée de près d’ 1GW (957 MW). Le prochain appel à manifestation d’intérêt organisé par RVO (l’ADEME néerlandaise) interviendra au quatrième trimestre de 2019, il portera sur le site V de la zone Hollandse Kust-nord, d’une puissance de 700 MW. Cette zone est située à environ 18 km des côtes, au niveau de la province de Hollande septentrionale. La zone de Borssele, située au niveau de la province du Zélande, est en cours d’aménagement par les deux exploitants désignés en 2015 et 2016, Ørsted et le consortium Blauwwind (mené par Shell et Eneco). Les premiers transformateurs en pleine mer ont été installés en mai 2019. La mise en service du parc, d’une puissance totale d’1,5 GW, devrait intervenir à compter de 2020.
[1] L’agence néerlandaise pour les biens immobiliers et fonciers, RVB (Rijksvastgoedbedrijf), est en charge de la gestion des biens appartenant à l’Etat néerlandais, elle dépend du ministère de l’intérieur.
[2] Le montant du loyer est déterminé en fonction de la puissance théorique de production sur chaque site. Le taux de référence de celle-ci est estimé à 0,98€ / MWh / an, sur la base d’une puissance production théorique de 350 MW par site, exploité à raison de 4 000 heures à plein régime par an. Cette recette n’est donc pas amenée à évoluer selon la puissance installée par l’exploitant, ni en fonction de la production électrique effective du site. Enfin, le loyer n’est perçu qu’au titre de la partie du site située dans les eaux territoriales néerlandaise, soit environ 70% de la superficie totale des deux sites.
[3] Il s’agit des fermes d’Egmond aan Zee (108 MW), Prinses Amalia (120 MW), Luchterduinen (129 MW) et Gemini (Buitengaats et Zee-Energie, 600 MW au total).