Présentation du budget de l’Etat pour l’exercice 2019/2020

Le Ministre bangladais des Finances AHM Mustafa Kamal a présenté le 13 juin dernier devant le Parlement le budget de l’Etat pour l’année 2019–20 (1er juillet au 30 juin).

Fondé sur une prévision de croissance ambitieuse de 8,2% et une inflation contenue à 5,5%, le budget table sur un déficit public inférieur à 5 points de PIB, comme pour les trois exercices précédents.

Les dépenses atteignent un niveau inégalé et progressent de 18%, portées par les grands projets d’infrastructures qui peinent à respecter leur calendrier et leur enveloppe budgétaire ; les recettes hors dons augmentent de 21%.

Au final, le déficit atteint un niveau record de 1454 Mds TK, équivalant à 28% des dépenses, mais reste sous la barre habituelle des 5 points de PIB.

Plusieurs inconnues subsistent, notamment sur la portée réelle de l’introduction au 1er juillet d’une nouvelle grille de TVA attendue depuis 2012, et sur la fragilité du secteur bancaire et le coût budgétaire de la restructuration des banques publiques.

Sur le budget proprement dit, il semble que les observateurs n’aient pas porté suffisamment d’attention à la trajectoire à moyen terme dans laquelle s’inscrit le nouveau ministre des Finances, précédemment au Plan : il vise en 2024 à porter le taux annuel de croissance économique à 10% et la part de la collecte fiscale de 10 à 14 points de PIB. Pour y contribuer, les dépenses vont progressivement être réorientées vers les dépenses de développement : elles représentent 41% du budget proposé (contre 59% aux dépenses des opérations courantes), quand ce ratio se situait à 35/65 au début des années 2010 ; la trajectoire est donc la bonne, avec l’objectif de pouvoir consacrer près de 50% des dépenses aux programmes de développement à partir de 2025.

Selon la classification de la Banque Mondiale, le Bangladesh est sorti depuis le 1er juillet 2015 de la catégorie de pays à bas revenus (« Low Income Country ») pour graduer vers celui de pays à revenu intermédiaire de classe inférieure (« Lower Middle Income Country »). Son ambition est d’obtenir à l’horizon 2030 la classification suivante qui correspond aux pays dits à «revenus intermédiaires de classe supérieure» (upper-middle- income), dont le revenu national brut par habitant selon les critères de 2019 est compris entre 3896$ et 12.055$. Selon les dernières données disponibles (2017), le Bangladesh dispose d’un revenu national brut par habitant de 1470$ avec un PIB/habitant de 1733 $ (2018).

L’accélération du rythme annuel de la croissance économique est donc indispensable pour rester en phase avec cette ambition.