Focus : production agricole et développement durable – Communication et priorités

Ces dernières semaines ont été marqués par des présentations d’actions en cours au Brésil pour développer une production agricole à la fois génératrice de revenus et diminuant ses impacts sur l'environnement. Tout d’abord le projet « Paysages ruraux », visant à restaurer des pâturages dégradés dans le biome Cerrado, augmenter le revenu des agriculteurs et respecter l'application du code forestier. Cela permettrait d'augmenter la quantité de viande produite par ha et donc d'éviter la déforestation. L'agence GIZ allemande exécute l’action en mobilisant environ 19 millions d’€ sur une durée de 5 ans (FIP - Forest Investment Program - de la banque mondiale).

Un autre projet, « rural durable », déjà en application en Amazonie et Forêt Atlantique va désormais couvrir également le Cerrado et Caatinga. Ce programme, financé par des fonds du gouvernement britannique sera mis en œuvre par la banque interaméricaine de développement, l'EMBRAPA et la banque du Brésil. Là encore, il s’agit de diminuer la surface pour la production bovine (passade de 8,4 ha/t à 2,6 ha/t). La réduction d'émissions de gaz à effet de serre s'élèverait à -56%. Cela s’intègre dans les projets de labels brésiliens « viande bas carbone » et « viande zéro carbone ».

Il est également à noter le séminaire de l'institut d'économie appliquée du Brésil, qui a mis l’accent sur la valorisation économique des externalités environnementales des propriétés rurales et les démarches de compensation environnementale, notamment via l’utilisation des quotas de réserve environnementale (cf. B de BRICS n°135).

Pour clôturer ces semaines riches en évènements autour du développement durable, la ministre chargé de l’agriculture, T. Cristina a présenté ses priorités lors d’une audition de plus de 4 heures devant la commission de l’agriculture, l’élevage, l’approvisionnement et développement rural de la chambre des députés. Dans ce cadre, elle a indiqué que la réserve de performance agricole brésilienne résidait presque entièrement dans le développement de la petite agriculture, via une sécurisation foncière, ainsi que l’accès au crédit rural et au conseil agricole des petits producteurs. Elle souhaite que l’action du MAPA se base sur les 4 piliers suivants :

-           une agriculture durable comme nouvelle identité et image du Brésil ;

-           une sécurité foncière pour permettre l’investissement des petits producteurs ;

-           des services de défense sanitaire de très grande qualité et suffisamment dotés ;

-           une innovation agricole croissante pour une agriculture « 3.0 ».

Politique agricole et commerciale

Une intense mission agricole en Asie de deux semaines pour la ministre et des industriels de l’agronégoce

 

Une mission de deux semaines a été conduite en Asie en mai dernier, d’abord au Japon, puis en Chine et au Vietnam. Les objectifs généraux étaient de développer les exportations de café, produits laitiers, grains et viandes. La priorité brésilienne donnée au marché chinois a été réaffirmée à cette occasion par la profession. Le marché vietnamien fait partie des marchés à potentiel où le consommateur recherche des produits de plus grande qualité et où le brésil souhaite développer ses débouchés, en particulier pour la viande bovine.

Un dialogue a également eu lieu en matière de recherche agronomique. Lors d’une réunion avec une quarantaine d’entreprises chinoises, ces dernières auraient confirmé leur souhait d’investir au Brésil, en particulier dans les infrastructures (corridor ferroviaire de stockage des grains du Centre-Ouest, pour environ 3 millions d’€ et d’autres projets dans le Nord-Est concernant l’industrie minière).

Visite d’une délégation de parlementaires chinois à la commission d’Agriculture, d’Elevage, d’Approvisionnement et de Développement rural de la chambre des députés

Cette visite s’est déroulée le 30 mai dernier et visait à un partage d’expériences sur la modernisation des normes via les modifications réglementaires.

Structuration et concentration de l’action des chambres sectorielles du MAPA

Dans le cadre de la conférence nationale des chambres sectorielles et thématiques du MAPA, la ministre T. Cristina a demandé que leur action soit concentrée sur les sujets tels que l’approvisionnement, le crédit rural, la défense sanitaire, l’assistance technique, la recherche et l’innovation et l’ouverture des marchés. L’apport des chambres sectorielles doit être de contribuer à la formation des politiques publiques du MAPA. Pour mémoire, les chambres sectorielles réunissent les entités représentantes des producteurs, entreprises, institutions bancaires et autres partenaires des filières ainsi que les institutions publiques.

Ouverture d’un panel à l’OMC par le Brésil à l’encontre des règles d’importation du poulet par l’Indonésie

Cette demande sera examinée lors de la réunion de l’organe de règlement des différends de l’OMC prévu le 24 juin prochain. Elle s’inscrit dans un contentieux initié par le Brésil en 2014 et pour lequel un jugement en sa faveur été rendu en 2017, demandant à l’Indonésie de lever les barrières appliquées au poulet brésilien (notamment en matière de licences d’importation). Le Brésil estime que ses débouchés potentiels sur ce marché s’élèvent à environ 60 M€.

Politique de l’alimentation

Un troisième cas d’ESB atypique au Brésil

 

le Brésil a notifié un cas d’ESB (confirmé comme atypique) le 31/05/2019. Il s’agit d’une vache de 17 ans qui a présenté des signes cliniques et qui a été abattue en urgence dans le Mato grosso. C’est le troisième cas au Brésil depuis la mise en place, il y a 20 ans, du système de surveillance brésilien. Le Brésil conformément au protocole sanitaire bilatéral avec la Chine datant de 2015 a interrompu ses exportations vers ce pays. La reprise des exportations, à la suite d’un accord des autorités chinoises, a été annoncée mi-juin. Une note des autorités sanitaires chinoises reste attendue par les brésiliens pour préciser si la viande bovine issue d’animaux abattus durant la semaine de détection du cas (semaine du 3 juin) pourra être exportée ou non vers la Chine. L’OIE a confirmé le maintien du statut de pays à risque négligeable du Brésil vis-à-vis de l’ESB.

 

 

Audit des inspecteurs américains au brésil

Le 10 juin a commencé une mission de deux semaines des abattoirs bovins et de porcs brésiliens de 6 Etats : São Paulo, Minas Gerais, Goiás, Rio Grande do Sul, Santa Catarina e Mato Grosso do Sul. Les exportations de viandes bovines vers les US ont été arrêtées en juin 2017 suite à la présence de très nombreux abcès liés aux réactions vis-à-vis du vaccin contre la fièvre aphteuse. Depuis la dose et l’adjuvant utilisé dans le vaccin brésilien a été changé.

Les nouvelles règles brésiliennes pour la production de lait entrent en vigueur

Les instructions normatives 76 et 77 sont entrées en vigueur le 30 mai et fixent les caractéristiques techniques pour la collecte et le traitement du lait depuis l’exploitation jusqu’au consommateur. Pour accompagner l’évolution technique requise par ces normes et promouvoir la compétitivité du secteur par rapport aux standards internationaux, une commission technique a été créée. Celle-ci, outre son rôle d’accompagnement du processus, doit proposer des améliorations de la réglementation afin de rejoindre les standards internationaux les plus exigeants.

Projet de modification de certaines règles pour l’importation de vin au Brésil

Le MAPA a notifié à l’OMC un projet de norme visant à soumettre tout lot de vin provenant d’un pays où l’addition d’eau est autorisée, à la signature d’une déclaration officielle attestant de l’absence d’addition d’eau sur la base d’une analyse officielle conforme à la norme OIV-MA-AS2-12. Des commentaires peuvent être adressés à l’OMC par ses membres d’ici le 22 juillet prochain.

Bagages de voyageurs - Nouvelles règles applicables pour les produits alimentaires d’origine animale

L’Instruction normative du 11 du 5/5/19 établit de nouvelles exigences pour l'entrée au Brésil de produits d'origine animale dans les bagages des voyageurs. Cette instruction concerne toute personne entrant au Brésil avec des denrées alimentaires d'origine animale dans les bagages. Les denrées alimentaires présentes dans les bagages, quelle que soit leur quantité, doivent être préalablement déclarées via ce lien. Les produits doivent être dans leur emballage d'origine, correctement scellés et étiquetés dans l'une des langues suivantes PT / ES / FR / EN. L'étiquetage doit identifier l'autorité sanitaire du pays producteur. En principe, la ligne des douanes réservée aux "Marchandises à déclarer" doit être utilisée au débarquement, à l'aéroport à l'arrivée. Les produits artisanaux (sans estampille UE) ou cuisinés à la maison sont désormais totalement interdits. Accès à la liste des produits autorisés en fonction de leur provenance

Politique environnementale

Des modifications au code forestier à l’étude avec des mesures de communication

 

Le code forestier brésilien, qui prévoit notamment une obligation pour les propriétaires ruraux de conserver une partie de leur surface en végétation native, fait l’objet de propositions d’ajustements qui sont en discussion au Congrès. La ministre T. Cristina a affirmé que le code forestier dans sa version actuelle « était bon » mais qu’il pourrait bénéficier de quelques ajustements. Elle en a profité pour évoquer sa volonté de gagner la « bataille de la communication » en souhaitant la création de l’EMBRAPA de la communication afin de démontrer la qualité des produits brésiliens

L’enregistrement et la régularisation des propriétés rurales au cadastre environnemental en cours jusqu’à la fin de l’année

Le producteurs ruraux ont jusqu’au 31 décembre 2019 pour enregistrer leur propriété dans le système CAR afin de se conformer aux exigences du code forestier et vérifier le respect de ses exigences. La démarche est totalement dématérialisée et prévoit un système de régularisation progressif pour les producteurs dont les surfaces ne seraient pas conformes avec les exigences du code forestier.

Le Brésil souhaite discuter de la mise en place de certificats de produits forestiers lors de la prochaine réunion des BRICS (novembre)

L’objectif de la ministre T. Cristina est de mettre en place ce dispositif en coordination avec les principaux pays importateurs des produits forestiers brésiliens, au premier chef la Chine. Il s’agit de valoriser la production issue des forêts plantées brésiliennes. Sur un total de 10 millions d’ha de forêts plantées au Brésil, 5,8 millions d’ha possèderaient déjà une certification forestière. Les exportations sont destinées à plus de 40% à la Chine.

Entreprises
Club Agro

Sodebo inaugure sa première usine hors de France

 

La marque française de plats cuisinés frais réfrigérés, avec un chiffre d'affaires de 430 millions d'euros en 2018, a entamé son expansion internationale en choisissant le marché brésilien comme priorité. Les propriétaires de la marque déclarent avoir « été conquis par le potentiel du marché, le dynamisme et l'hospitalité locale ». L’usine est implantée à Porto Feliz, municipalité distante de 120 km de la mégapole de Sao Paulo. L’investissement s’élève à 18 millions d’euros pour une usine de 11 000 m2, une capacité annuelle de production de 40 millions de produits et 150 salariés au démarrage.

Création de l’entité Bioline LATAM et nomination de son directeur général

Bioline, branche agricole de l’union de coopérative InVivo a annoncé l’ouverture le premier septembre prochain d’une entité sur la zone Amérique latine qui sera basée à Sao Paulo. Le directeur général a été nommé. Il s’agit de M. Eduardo Dallastra, actuel DG d’Agro-Sol Sementes qui cumulera les deux fonctions.

Cargill lance un nouveau plan pour lutter contre la déforestation en Amérique du Sud

Dans le cadre de son plan d’action visant à se conformer à la déclaration de New-York (diviser par deux la déforestation d’ici 2030), 30 millions d’€ seront mobilisés par le groupe avec un focus dans le Cerrado brésilien et en particulier dans la région du MATOPIBA.