Brèves de l'ASEAN semaine 21 (2019)

Brèves ASEAN

Faits saillants

► L’Indonésie, la Thaïlande et Singapour revoient à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2019

► Le groupe industriel français Naval Group ouvrira un centre de R&D à Singapour en octobre prochain

► Le groupe philippin San Miguel va acquérir les 87,5 % de parts de LafargeHolcim dans Holcim Philippines

Région

  • L’Indonésie, la Thaïlande et Singapour ont revu à la baisse leur prévision de croissance pour 2019 dans un contexte de ralentissement de leurs exportations. Le gouvernement indonésien, qui prévoit désormais une croissance comprise entre 5,3 et 5,6 % (contre 5,4-5,8 % auparavant), a également justifié sa révision par les efforts du gouvernement pour réduire le déficit courant (à −2,6 % du PIB au T1 2019 après −3,6 % du PIB au T4 2018), qui pénaliseraient la croissance en freinant les importations de l’industrie manufacturière. La Thaïlande a abaissé sa prévision de 3,5-4,5 % à 3,3-3,8 %, anticipant, en plus d’une baisse continue des exportations, une réduction de l’investissement en raison du processus électoral et de la formation d’un nouveau gouvernement. Singapour, quant à elle, a abaissé sa prévision de 1,5-3,5 % à 1,5-2,5 % à la suite de la confirmation des chiffres du PIB pour le T1 2019 , faisant état d’une croissance à 1,2 % en g.a soit la plus faible en 10 ans.

Indonésie

  • La dette externe de l’Indonésie augmente de 7,9 % en g.a. au premier trimestre 2019, à 388 Mds USD, soit 37 % du PIB. Elle est constituée quasiment à parts égales de dette publique et de dette privée (respectivement 188 et 197 Mds USD). La dette privée (incluant la dette des entreprises publiques) est celle qui a augmenté le plus fortement, de 13,0 %, contre 3,1 % pour la dette publique. La dette externe du secteur privé provient aux trois quarts de quatre secteurs : la banque et la finance, l’industrie, les réseaux d’électricité et gaz et le secteur minier. La dette externe est principalement de long terme (86 %) et libellée en dollars (68 %).

  • La plateforme de e-commerce indonésienne Bukalapak a lancé ses opérations à l’international. L’entreprise s’appuie sur une nouvelle application BukaGlobal, en langue indonésienne, pour cibler les populations indonésiennes dans cinq pays de la région : Singapour, la Malaisie, Hong Kong, Taiwan et le Brunei. Bukalapak est l’une des quatre licornes indonésiennes (start-ups valorisées à plus d’1 Md USD) aux côtés de Gojek, Traveloka et Tokopedia. Elle devient ainsi le premier acteur du e-commerce indonésien présent à l’étranger.

  • L’entreprise minière indonésienne Antam (filiale de la holding minière publique Inalum) va s’associer à deux entreprises chinoises pour produire du ferronickel et des cathodes. Antam va s’associer à Zhejiang Huayou Cobalt Company pour la construction de deux usines de cathodes (un composant des batteries électriques) près des gisements de nickel aux Moluques du Nord et au Sud-est de Sulawesi. Un autre partenariat, avec Shandong Xinhai, devrait être conclu pour la construction d’une usine de ferronickel en Papouasie. Le montant total de ces investissements serait compris entre 7 et 13 Mds USD.

Malaisie

  • Le régulateur de l’industrie des télécommunications malaisienne a publié un ensemble de lignes directrices sur les fusions-acquisitions dans le secteur. La Malaysian Communications and Multimedia Commission (MCMC) souhaite ainsi éviter toute réduction du niveau de concurrence et prendre les mesures nécessaires si des infractions étaient constatées. Ce nouveau corpus réglementaire prévoit notamment une demande d’approbation par la MCMC dès lors que la part de marché dépasse 40 % et l’évaluation des fusions d’opérateurs internationaux qui impactent leurs filiales malaisiennes. Ces lignes directrices interviennent quelques jours après l’annonce par le malaisien Axiata Group et le groupe norvégien Telenor ASA de leur projet de fusion pour créer un géant des télécommunications en Asie.

  • La Malaisie et Singapour ont signé un accord pour suspendre jusqu’au 30 septembre 2019 le projet de liaison ferroviaire transfrontalier RTS Link. Le projet de 4 km, qui doit relier la gare de Woodlands à Singapour à la station de Bukit Chagar, à Johor Baru en Malaisie (avec un débit de 10 000 passagers/heure), visait à réduire la congestion entre les deux pays (300 000 déplacements/jour concernant notamment 250 000 malaisiens travaillant à Singapour). Cette suspension entraînera un dédommagement de 2 M MYR, soit 480 000 USD, de la part de la Malaisie envers Singapour.

Singapour

  • Le groupe industriel français Naval Group ouvrira un centre de R&D à Singapour en octobre prochain. Ce centre sera dédié à la recherche dans le secteur de la défense, notamment dans les domaines de la cybersécurité, de l’e-maintenance ou encore de l’intelligence artificielle. Dans ce contexte, des startups singapouriennes sélectionnées auront prochainement l’opportunité de commencer des négociations de validation de concept avec le groupe, avec l’initiative « Start We Up ». Cette annonce a été faite lors de la 12ème édition du salon IMDEX sur la défense maritime, qui avait lieu à Singapour du 14 au 16 mai.

  • L’Autorité monétaire de Singapour (MAS) et l’Association des banques de Singapour (ABS) créent un comité de promotion des bonnes pratiques dans le secteur bancaire. Présidé par le directeur de la banque DBS pour Singapour, et comprenant des membres de douze autres banques établies dans la cité-Etat, ce groupe devra identifier et promouvoir les meilleures pratiques concernant la culture d’entreprise et l’éthique, en décourageant par exemple les rémunérations basées sur des objectifs purement financiers.

Vietnam

  • Business France a organisé une mission d’entreprises françaises du secteur aéroportuaire les 15 et 16 mai à Hanoi et Ho Chi Minh-Ville. Cette mission réunissait onze entreprises représentatives de l’offre aéroportuaire française (Acoem, ADP Groupe, ADI Ingénierie, Bouygues, Bureau Véritas, Dassault Systèmes, Exavision, Idemia, Saint Gobain, Sopra Steria, Thalès et Veolia), dont certaines étaient également présentes à Bangkok les 13 et 14 mai avec Business France. La mission a permis aux entreprises de rencontrer l’ensemble des acteurs publics (notamment ministère des transports et autorité de l’aviation civile) et privés du secteur au Vietnam.

  • Le coréen SK Group va acquérir 1 Md USD de parts du conglomérat vietnamien Vingroup. Cette opération fera de SK Group le deuxième actionnaire de Vingroup, avec 6,1 % du capital. SK Group, un des plus grands cheabols sud-coréens (chimie, industrie, télécommunications, finance, construction, hôtellerie), souhaite accroître sa présence au Vietnam, aujourd’hui bien moins importante que celle de ses concurrents Samsung et LG.

  • Les transactions en ligne progressent de 70 % en volume et de 13 % en valeur, et les paiements mobiles de 98 % en volume et 232 % en valeur au premier trimestre en g.a., selon la banque centrale vietnamienne. Cette progression est cohérente avec la feuille de route 2016-2020 pour le secteur bancaire ainsi qu’avec le plan stratégique voté par le gouvernement en août 2018, qui promouvait notamment l’utilisation d’instruments de paiement autres que les espèces. Un objectif de ratio espèces/liquidités a ainsi été fixé à 10 % en 2020 et à 8 % en 2025.

Thaïlande

  • Les autorités thaïlandaises estiment à 475 000 le nombre de créations d’emploi liées aux projets de l’Eastern Economic Corridor (EEC) dans les cinq ans à venir. Parmi ces emplois, 40 % demanderont des qualifications de niveau licence ou master. Un important plan de mise à niveau du système éducatif dans la région a été mis en place l’année dernière, la Thaïlande ne pouvant à ce stade satisfaire que 30 % de la demande en travailleurs qualifiés dans l’EEC. Le problème de la disponibilité et de la formation de la main d’œuvre est récurrent en Thaïlande où on dénombre déjà plus de 3,5 millions de travailleurs étrangers.

  • Le gouvernement a fixé l’objectif de recycler 100 % du plastique dans le pays à l’horizon 2030. Cela impliquerait en premier lieu de changer la législation sur les emballages alimentaires, où les plastiques recyclés sont pour l’instant interdits. En 2017, 185 000 tonnes de bouteilles plastiques ont été vendues en Thaïlande, alors que les bouteilles recyclées sont exportées vers le Japon et l’Australie. La Thaïlande est le 6ème contributeur mondial à la pollution plastique des océans.

Philippines

  • Le groupe philippin San Miguel va acquérir les 87,5 % de parts de LafargeHolcim dans Holcim Philippines, pour un montant estimé à 2,15 Mds USD. L’opération reste conditionnée à l’approbation de la transaction par la Philippine Competition Commission, et devrait être effective au dernier trimestre 2019. Le groupe franco-suisse précise que ce désengagement des Philippines s’inscrit dans une stratégie régionale de retrait de ses activités en Asie du Sud-Est. Holcim Philippines est le principal producteur de ciment du pays, avec une part de marché estimée à 30 % et le groupe San Miguel, sous la marque Eagle Cement, le 4ème producteur avec une part de marché à 13 %.

  • Les revenus de l’agriculture ont baissé de 3,1 % au T1 2019 en glissement annuel (après +8,8 % au T1 2018), tandis que la production a ralenti en volume, à +0,7 % (contre +1,1 % au T1 2018). En valeur, la production végétale s’est contractée de 6,4 %, de volailles et d’œufs de 3,66 %, de bétail de 0,25 %, tandis que la production halieutique a augmenté de 7,8 %. La production végétale représente 52,7 % de la production agricole, suivie par l’élevage (17,1 %), la production de volailles (16,7 %) et la production halieutique (13,5 %).

Cambodge

  • Une équipe d’urbanistes de la ville de Shenzhen, en Chine, va élaborer le plan d’urbanisme de Sihanoukville. Le plan proposé devrait s’inspirer du modèle de la ville de Shenzhen. Recevant la délégation, le ministre de l’industrie et de l’artisanat, M. CHAM Prasidh, a déclaré que le gouvernement voulait transformer la province de Sihanoukville en une « seconde Shenzhen ».

  • Les partenaires de développement du Cambodge prévoient d’engager au total 600 M USD pour promouvoir les secteurs de l’agriculture et de la pêche, selon le ministère de l’agriculture. Parmi eux, la Banque asiatique de développement se serait engagée à hauteur d’environ 200 M USD, tandis que la Banque mondiale, le Fonds international de développement agricole et l’Union européenne devraient contribuer à hauteur d’environ 100 M USD chacun.

Birmanie

  • Le ministère de l’énergie et de l’électricité birman a annoncé le lancement d’un appel d’offre international dans un délai d’un mois pour s’approvisionner en GNL et produire 600 MW d’électricité sur des centrales électriques flottantes d’ici février 2020. Les grands projets énergétiques ayant pris du retard, le gouvernement a recours en urgence à des solutions transitoires face à la pénurie d’énergie assortie de coupures particulièrement répétées cette année, alors que la perspective des élections générales de 2020 se dessine. Mais la rentabilité des barges de GNL est conditionnée par la hausse des tarifs de l’électricité, alors que les subventions importantes du tarif de l’électricité pèsent lourdement sur le budget de l’Etat. 

Laos

  • La banque centrale laotienne a à nouveau mis en garde contre le commerce et l’utilisation des crypto-monnaies, après la mise en ligne de publicités pour les crypto-monnaies telles que Bitcoin, Ethereum et Litecoin sur les réseaux sociaux. Pour mémoire, la banque centrale interdit l’utilisation de crypto-monnaie aux banques commerciales, aux entreprises et aux citoyens depuis octobre 2018.

  • Selon les autorités, les importations d’électricité du Laos devraient diminuer en 2019, à 12,1 M USD (après 15,4 M USD en 2018) en raison de la hausse de la production. Les importations, notamment en provenance de Chine et du Vietnam, seront progressivement remplacées par la production locale, qui devrait passer de 37 400 Gwh/an aujourd’hui à 61 900 GWh par an en 2021. Les exportations d’électricité laotienne représentent quant à elle le premier poste d’exportations, à 1,4 Md USD en 2018, et sont attendue à 1,3 Md USD en 2019.

  • L’ONG World Vision International (WVI) fournira une aide de plus de 11 M EUR au Laos d’ici 2021 pour lutter contre la malnutrition dans 3 provinces du Sud (Attapeu, Saravan et Savannakhet), en ciblant notamment les enfants et les femmes en âge de procréer.  L’ONG mènera ce projet avec l’aide de l’Union européenne et de l’association Agronomes et vétérinaires sans frontières en particulier.

 

Rédigé par : Pôle macroéconomique SER de Singapour
Contributions : SE de Bangkok, SE d’Hanoï, SE de Jakarta, SE de Kuala Lumpur, SE de Manille, SE de Rangoun, SE de Phnom Penh et Antenne de Vientiane