Focus : Un gouvernement brésilien qui soigne ses principaux acheteurs de produits agricoles

Ces derniers mois ont été marqués par des actions commerciales du Brésil en faveur de ses principaux acheteurs de produits agricoles, notamment : Etats-Unis, pays arabes et Chine.

Tout d’abord, la visite du Président Bolsonaro aux Etats-Unis en compagnie de plusieurs ministres, dont la ministre de l’agriculture, a permis outre le rapprochement général de la ligne politique des deux pays, notamment sur la question du Venezuela, de discuter sur le front agricole de l’ouverture de différents marchés. Le Brésil a notamment promis d’honorer un engagement ancien sur l’ouverture d’un quota de blé libre de droits d’importation (tous pays confondus) et les Etats-Unis de planifier une mission d’inspection sanitaire en juin pour étudier la possibilité d’ouvrir leur marché aux viandes de porc brésiliennes. Un travail a été lancé pour établir un accord bilatéral facilitant les échanges entre le Brésil et les Etats-Unis. Il a été parfois évoqué un accord de libre-échange bilatéral, mais ce type d’accord ne peut être scellé que par le bloc Mercosul conformément aux règles actuelles de ce bloc.

Par ailleurs, un dîner auquel a assisté le Président Bolsonaro a été organisé à Brasilia, à l’initiative de la ministre chargée de l’agriculture, avec la présence de 37 ambassadeurs parmi les 51 pays arabes et de religion musulmane qui ont été invités. Ce dîner qui faisait suite au déplacement du Président en Israël avait pour objet de fluidifier des relations quelque peu assombries par plusieurs déclarations gouvernementales et la perspective de déménagement de l’ambassade brésilienne à Jérusalem (qui finalement se transformera en l’ouverture d’un bureau commercial). Le président aurait par ailleurs prévu un voyage aux Emirats-Arabes Unis et dans d’autres pays de la zone, probablement en Arabie saoudite dans les mois qui viennent.

Enfin la relation agricole avec la chine a été célébrée via l’organisation fin avril par la Confédération nationale agricole du Brésil d’un séminaire Brésil-Chine sur la thématique des biotechnologies agricoles. Ce séminaire ouvert par le ministre brésilien des relations extérieures a permis de mettre en valeur l’importance du partenaire commercial chinois dans le domaine agricole et de rappeler la convergence de vue pour un modèle agricole basé sur les biotechnologies. Une visite de la ministre de l’agriculture est en cours actuellement en Asie (Chine, Vietnam, Indonésie, Japon). A ce jour, l’Union européenne n’a pas encore fait l’objet d’attentions particulières mais cela pourrait être le cas avant la fin de l’année, ce bloc étant le deuxième débouché des exportations agricoles brésiliennes derrière la Chine.

Politique agricole et commerciale

Des parlementaires français reçus au MAPA

 

Les députés français Patrice Anato et Danièle Obono ont effectué une visite à Brasilia afin de rencontrer les principales institutions impliquées dans la politique commerciale brésilienne et le développement durable. Dans ce cadre, ils ont été reçus au MAPA par le secrétaire adjoint aux relations internationales, ainsi que le secrétaire de l’innovation, développement rural et irrigation. L’échange a permis de faire un point sur les actions en cours au Brésil afin de répondre aux enjeux de sécurité alimentaire et nutritionnelle et de durabilité économique, sociale et environnementale. Ce type d’échange a été salué par les représentants du MAPA qui ont souligné l’importance de « communiquer sur l’action du Brésil en matière de préservation de l’environnement ».

Un dialogue constructif est recherché au Brésil à la suite de mesures européennes appliquées à l’importation de certains produits à base d’acier

Les importations de lait en poudre au Brésil ne sont désormais plus soumises à une mesure antidumping (cf. B de BRICS n° 135). Néanmoins, les autorités brésiliennes ont préparé un projet de mesures de représailles aux mesures européennes augmentant les droits de douane de certains produits à base d’acier. Ce projet de mesures brésiliennes - comportant notamment une augmentation des droits de douane applicables au lait en poudre provenant d’UE - a été contesté par l’UE qui a plaidé à Brasilia pour un dialogue constructif afin de trouver une solution satisfaisante pour les deux parties. Le Brésil a accepté de prolonger pour une nouvelle période les discussions. En cas d’absence d’accord entre les parties, le Brésil pourrait mettre en application à compter du 30 septembre prochain son projet qui relèverait de 15% le droit d’importation des poudres de lait provenant d’UE (le droit consolidé s’élèverait alors à 43%).

Un accord Brésil – Chili sur les produits bio

Les ministères de l’agriculture du Chili et du Brésil ont déclaré avoir mis effectivement en place en mars l’accord bilatéral d’équivalence en matière de commerce de produits bio signé en 2018. Cet arrangement prévoit une reconnaissance mutuelle des systèmes nationaux de certification « bio » des deux pays.

Une augmentation importante du nombre de producteurs bio au Brésil

Le MAPA dans un article récent indique que le nombre de producteurs brésiliens en agriculture biologique a triplé en l’espace de quelques années. Ce nombre est passé de près de 6000 en 2012 à presque 18000 en 2019. La demande est en forte hausse avec 1 milliard d’Euro de produits vendus en 2018 en hausse de 20% par rapport à 2017. Le Brésil n’est cependant pas le pays le plus dynamique de la zone en la matière mais il présente un potentiel majeur de développement. En effet, avant l’entrée en vigueur en 2007 du décret brésilien sur le bio c’est plus de 90 000 agriculteurs qui se déclaraient en production bio au Brésil.

La première exportation de semences d’avoine noire du Brésil a eu pour destination la France

Un conteneur de 24 tonnes de semences d’avoine noire produite au Brésil a été expédié vers la France le 26 février dernier. Les semences ont été produites par l’Institut agronomique du Paraná (extrême Sud du Brésil). La certification de ces semences a été délivrée par le MAPA à la suite d’une reconnaissance du système de certification brésilien octroyée par l’Union européenne fin 2018.

Organisation au Brésil (29 septembre au 5 octobre) du XXVème congrès mondial de l’Union internationale des organisations de recherches en production forestière

Ce séminaire international sera ouvert par la ministre chargée de l’agriculture qui a annoncé son intention de communiquer en dehors des frontières sur les politiques et programmes dans le domaine forestier.

Le MAPA crée plusieurs collectifs importants

Ces deux derniers mois le MAPA a créé par voie normative plusieurs groupes de travail (GT) commissions ou comités scientifiques (CS) importants :

•             une commission du développement durable de l’agronégoce chargé de concevoir et d’articuler un plan stratégique en matière de questions environnementales, sociales et économiques en matière de durabilité de l’agriculture brésilienne (Portaria 34 du 14 mars 2019) ;

•             un GT pour la mise en place du programme national d’intrants pour l’agriculture biologique : programme « bio-insumos » (Portaria N° 66 du 11 avril 2019) piloté par le secrétaire de l’innovation, du développement rural et de l’innovation. Le GT dispose d’un délai de 90 jours pour proposer un nouveau programme ;

•             un GT pour ré-évaluer le programme de lutte contre la rage des herbivores et proposer une nouvelle stratégie (Portaria N° 47 du 4 avril 2019) ;

•             Un GT pour élaborer un plan stratégique de lutte pour l’éradication de la peste porcine classique dans les Etats contaminés (Alagoas, Amapa, Amazonas, Cearà, Maranhão, Para, Paraíba, Pernambouco, Piauí, Rio grande do Norte et Roraima) ;

•             Un CS pour la gestion et la réponse à des questions du MAPA sur les encéphalopathies spongiformes transmissibles (portaria N° 44 du 26 mars 2019) ;

•             un comité technique des poissons chargé de promouvoir les initiatives d’amélioration de la santé animale et de production (Portaria conjunta N°1 du 14 mars 2019) ;

•              un « noyau de gestion » des questions d’intégrité au sein du MAPA chargé de mettre en œuvre les axes du programme « MAPA INTEGRO » chargé de promouvoir les mécanismes de prévention et de de détection et résolution des fraudes et irrégularités au sein du MAPA (Portaria 60 du 10 avril 2019).

 

Politique de l’alimentation

L’alimentation animale, les boissons, la filière porc et les fertilisants : les 4 premiers secteurs choisis pour la mise en place du renforcement des autocontrôles au Brésil

 

Suite à l’impulsion de la ministre qui souhaite développer les autocontrôles sanitaires dans l’ensemble des filières afin de mieux responsabiliser les professionnels quant à la qualité de l’alimentation, un comité technique a été créé (cf. B de BRICS précédents). Celui-ci a désigné ce mois-ci les 4 secteurs prioritaires qui devront mettre en place ces autocontrôles : alimentation animale, fertilisants, porcin et boissons. Ces secteurs ont été choisis comme pilotes, en raison de leur maturité sur le sujet et de leur diversité. Des sous-comités spécifiques pour chacun de ces secteurs devront définir d’ici le mois de septembre plus en détail, la nature des autocontrôles à mettre en œuvre.

De nouvelles dispositions pour l’enregistrement des établissements agro-alimentaires brésiliens

L’instruction normative N°3 du 14 mars 2019 fixe la liste des pièces à fournir pour l’inscription au registre SIF du DIPOA des établissements traitant des produits d’origine animale. Le texte a pris effet à compter de sa parution le 21 avril 2019.

Le MAPA met en consultation plusieurs règlements techniques

Le MAPA met en consultation pour un délai de 60 jours :

  • un projet de règlement technique sur les margarines via la portaria N° 43 du 22 mars 2019 ;
  • un projet de règlement concernant les études de stabilité à conduire dans le cadre de l’enregistrement des produits biologiques à usage vétérinaire via la portaria N° 68 du 23 avril 2019

 

 

L’ANVISA publie plusieurs textes ou mise en consultation de futurs textes importants

Publications :

  • résolution RDC 281/2019 qui autorise de nouveaux additifs dans une gamme large d’aliments ;
  • résolution RDC 272/2019 établissant la liste des additifs pouvant être utilisés dans les produits à base de viande ;
  • instruction conjointe avec le MAPA (IN conjunta N°1 du 15 avril 2019) qui modifie les délais pour la mise en place des mesures de traçabilité pour chaque famille de végétaux.

Consultation :

Politique environnementale

Des déclarations du Président de la République sur l’exploitation des terres indigènes - Manifestation d’ampleur à Brasilia

 

A la suite de déclarations publiques du Président de la République relatives aux critiques des contrôleurs de l’IBAMA (agence de l’environnement), des ONG environnementales et sur la suppression du directoire de la FUNAI (fondation des indigènes), une intervention vidéo du Président a été diffusée en direct en présence de 5 indigènes représentant différentes ethnies pour confirmer les choix faits à la suite de l’élection présidentielle et qui étaient des engagements de campagne.

L’exploitation des terres indigènes à des fins d’extractions de minéraux a été confirmée en particulier dans la réserve Yanomami qui représenterait un potentiel de « millions voir milliards de dollars ». Durant cette élocution, les indigènes présents ont défendu leur droit de cultiver les terres et de générer des activités lucratives.

Quelques semaines après ces déclarations une manifestation d’ampleur de près de 5 000 indigènes a eu lieu à Brasilia en présence des leaders d’ethnies. Cela visait à montrer le désaccord avec les propos tenus lors de l’intervention vidéo pour laquelle plusieurs commentateurs ont critiqué le fait que les 5 indigènes présents aux côtés du Président de la République seraient des alliés du nouveau secrétaire spécial aux affaires foncières du ministère chargé de l’agriculture.

Lors de cette manifestation, le président de la Chambre des Députés Rodrigo Maia, aurait évoqué durant une rencontre avec des leaders indigènes sa volonté de défendre la FUNAI et « d’affronter le gouvernement » afin d’annuler le transfert de la compétence de démarcation des terres indigènes au ministère chargé de l’Agriculture comme prévu par le décret 870 devant être prochainement analysé par le Congrès.

La manifestation organisée dans le cadre du traditionnel regroupement « terre libre » s’est déroulée sans heurts et les manifestants sont repartis avec le sentiment d’avoir été écoutés sur leurs principales revendications selon les déclarations de certains d’entre eux.

La ministre T. Cristina a installé la commission de développement durable de l’agronégoce

Cette commission aura l’objectif de structurer et publier un agenda stratégique du MAPA en faveur de la durabilité. La ministre a souligné que le Brésil était le seul pays au monde à voir une double vocation, à la fois en matière de sécurité alimentaire mondiale et de fournisseur de services environnementaux. Elle a rappelé que l’agronégoce et la durabilité devaient avancer ensemble.

Lancement du projet « paysages ruraux » dans le Cerrado

Ce projet vise à permettre un développement agricole durable dans le second plus grand biome brésilien qu’est le Cerrado. Il s’agit d’accroître la productivité par l’intensification des surfaces déjà exploitées sans déforester illégalement, via la récupération des zones dégradées. Le projet est soutenu par la Banque mondiale via le fonds FIP (19 millions d’Euros seront mobilisés jusqu’en 2023) et l’exécution est assurée par l’agence de développement allemande (GIZ). Il mobilise les acteurs brésiliens impliqués dans le développement agricole et environnemental.

Entreprises et Club Agro Brésil

Le français Vetoquinol a signé un accord en vue de l'acquisition du laboratoire brésilien Clarion Biociências

 

Cette acquisition permettra à Vetoquinol de renforcer sa présence au Brésil dans l'espèce bovine principalement et de capitaliser sur l'expertise de Clarion Biociências en particulier dans le domaine des produits antiparasitaires. Fondée en 1998 dans l’Etat du Goiais, cette société brésilienne emploie environ 180 collaborateurs et dispose d'un site de production récent. Elle fait aujourd'hui partie du top 20 des acteurs intervenant sur le marché brésilien. Cette transaction devrait être finalisée d’ici quelques semaines et s’intégrer dans le cadre du plan de développement de Vétoquinol baptisé « In motion ». Pour mémoire, le marché brésilien est le 3e marché mondial de la santé animale.

Croissance du résultat opérationnel de Carrefour au Brésil de +4,6% à taux de change constant

Ce résultat qui confirme la place de leader du groupe de distribution au Brésil se base sur une croissance du chiffre d’affaires s’est établie à +7,6% (13,1 Mds €).

Prochaine réunion du Club Agro Brésil : offre française en équipements agroindustriels

Le prochain Club Agro Brésil se tiendra le mercredi 26 juin sur le salon APAS Tecnologia à Sao Paulo. L’objectif sera de finaliser un livret de présentation de l’offre française au Brésil en matière d’équipements pour l’agroalimentaire et de faciliter la présence des technologies françaises au Brésil dans ce secteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Auteurs : Franck FOURES et Julien BARRE

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