Le secteur minier au Ghana
Le secteur minier joue un rôle essentiel dans l'économie ghanéenne, puisqu'il correspond à 7,6 % du PIB ghanéen, génère plus d'un tiers (39 %) de toutes les recettes d'exportation et contribue à 18,6 % des recettes fiscales domestiques directes. L’or constitue 97 % des minerais exploités au Ghana, les autres étant le manganèse, la bauxite, le diamant et le lithium. L’or demeure majoritairement produit par des grandes entreprises étrangères (sud-africaines, canadiennes, américaines, australiennes notamment) mais le gouvernement du Ghana renforce ses politiques de contenu local pour encourager la participation d’entreprises ghanéennes.
1. Le secteur extractif ghanéen est essentiellement aurifère
L’or représente 97% des minerais exploités au Ghana, les autres étant le manganèse (2,7%), la bauxite (0,3%), le diamant (0,1%) et le lithium. L’extraction d’or est principalement localisée dans les régions Ouest et Ashanti. Le Ghana est le dixième producteur mondial d’or (105 T) et le premier en Afrique, dépassant l’Afrique du Sud en 2022 (de 114 T en 2021 à 93 T en 2022). Les grands exploitants, essentiellement étrangers, ont recours à l’exploitation sous-terraine et à l’exploitation à ciel ouvert alors que les producteurs à petite échelle (small scale mining), dont l’activité est réservée aux Ghanéens, ont recours à l’exploitation alluviale. L’orpaillage illégal (dit « galamsey ») est d’origine à la fois ghanéenne et étrangère.
Selon le gouvernement ghanéen, le secteur minier contribue à environ 39% des recettes d'exportation totales du pays, à 18,6% des recettes fiscales domestiques directes et à 7,6% du PIB en 2022. Quatre pays représentent 99,5% des exportations d'or du Ghana à savoir la Suisse (44 %), l’Afrique du Sud (24 %), les Emirats Arabes Unis (18 %), et l’Inde (13 %). Au niveau régional, l'or représente plus de la moitié des exportations à destination de l'Europe (53 %) et près de la moitié des exportations vers l'Asie (48 %) et l'Afrique (47 %)[1]. En 2022, la part du secteur aurifère dans le PIB ghanéen était de 7,5% contre 4,1% en 2021.
En 2022, la production d’or du Ghana a augmenté de 32 % s’élevant à 105 tonnes en raison de la hausse simultanée de la production dans le secteur industriel et dans les mines à petite échelle (+ 569%). Ces résultats découlent de la décision du gouvernement de réduire de moitié la taxe sur les exportations d'or par les petits producteurs, de 3 % en 2021 à 1,5 % en 2022. De plus, la part de la production des mines à petite échelle dans la production nationale d'or est passée de 3,5 % en 2021 à 17,6 % en 2022.[2]
Lors de son discours sur l'état de la nation de février 2024, le président Nana Akufo-Addo a annoncé la construction de mines d'or dans les régions de l'Ahafo, de l'Upper East et de l'Upper West. Avec l'ouverture de ces nouvelles mines, la production d'or du Ghana devrait passer à environ 127 tonnes par an. De plus, le gouvernement a construit, dans le cadre d'un partenariat public-privé, une raffinerie d'or Royal Ghana Gold Refinery d'une capacité de 400 kg avec un certificat avec la London Bullion Market Association (LBMA).
Capitalisant sur le succès du secteur aurifère ghanéen, le gouvernement a mis en place en 2022 une politique d'échange d'or contre du pétrole « Gold for Oil » face à la crise économique et financière et à l’augmentation des prix de l’essence. Cette politique s'appuiyait sur les réserves d'or du pays pour acheter environ 30 % de sa consommation totale de pétrole sans recourir au dollar.
2. L’or demeure largement produit par des entreprises étrangères, tandis que le gouvernement renforce ses politiques de contenu local
Alors que la production minière ghanéenne était traditionnellement détenue par l'État, à partir des années 1980, le Ghana s'est orienté vers la privatisation et le désengagement étatique, notamment en attirant des investissements étrangers. Il existe 15 mines principales au Ghana, dont 13 pour l’or, 1 pour le manganèse et 1 pour la bauxite. Parmi les principales sociétés minières du Ghana, on trouve la société américaine Newmont Goldcorp, les entreprises Gold Fields et Anglogold Ashanti (Afrique du Sud), les canadiens Galiano et Golden Star ainsi que des sociétés chinoises et une australienne. Le gouvernement ghanéen a droit à une participation de 10 %[3], à l'exception de celles détenues par Newmont et AngloGold Ashanti, ainsi qu'une redevance de 5 % sur le total des revenus tirés des opérations minières[4].
La présence française dans le secteur minier au Ghana est limitée : Veolia est présent sur le segment traitement aval de l’eau utilisée dans les mines, Liebherr (filiale d’une société française de droit suisse) sur le segment outils et machines et Orsam Energies sur la partie conception et construction d'infrastructures dans les mines (side activities).
Le ministère des Mines, assisté de la Commission des Mines, assure la supervision du secteur, y compris la délivrance de licences d’exploitation et d’exploration tandis que l’Environmental Protection Agency (EPA), la Water Ressources Commission et la Forest Commission sont chargées de l’octroi des permis environnementaux requis pour tous les travaux miniers.
Pour encourager la participation d’entreprises ghanéennes, le Ghana renforce de plus en plus ses politiques de Local Content. Les nouvelles exigences de Local Content de 2020 impliquent aux détenteurs de licence qu'ils créent un programme de localisation pour le recrutement et la formation de Ghanéens. Elles établissent également des niveaux cibles et des exigences pour l'acquisition de biens et de services locaux qui soutiennent l'industrie minière (la R&D, les services techniques et d'ingénierie, les assurances, la comptabilité, les services juridiques et financiers ainsi que la sécurité, le transport, la fourniture de carburant, etc.). Enfin, les détenteurs de licences peuvent être tenus d'inscrire au moins 20 % de leurs capitaux propres à la bourse du Ghana.
3. Le sol ghanéen est riche en lithium, et le gouvernement prend des mesures pour garantir la propriété locale et bénéficier de l’exploitation de ce minerai
En 2023, le gouvernement ghanéen a donné son accord pour lancer l’exploitation de la première mine de lithium, opérée par Barari DV Ghana Ltd, une filiale de la société australienne Atlantic Lithium Limited. Cette autorisation permettra le développement d'une mine de lithium de 42,6 kilomètres carrés dans la région centrale du Ghana. Atlantic Lithium vise à produire environ 300 000 tonnes de concentré de spodumène (source primaire du lithium) chaque année pendant 12 ans, ce qui en ferait le 10e plus grand projet de lithium au monde. La production devrait commencer au troisième trimestre 2024 et le premier concentré de lithium est attendu pour le deuxième trimestre 2025.
Le bail accordé par le Ministère des Terres et des Ressources Naturelles, d’une durée de 15 ans, intègre des conditions améliorées afin de garantir que le pays bénéficie pleinement de cette ressource, conformément à la nouvelle politique pour le lithium approuvé en juillet 2023. Ainsi, les redevances ont été augmentées de 5% à 10% et la participation de l’État dans le projet de 10 % à 13 %. De plus, l’entreprise devra verser 1% de son chiffre d’affaires à un fonds de développement communautaire pour soutenir les communautés locales touchées par le projet. Le gouvernement, par l’intermédiaire du Mineral Income Investmlent Fund (MIIF) acquerra 6 % supplémentaire dans l’exploitation minière ainsi qu’une participation de 3,06 % dans l’entité mère de la société, qui est cotée à la bourse australienne et de Londres. Au total, le gouvernement Ghanéen détient donc une participation de 19 % dans le projet.
En outre, pour la première fois en Afrique, une usine de traitement du lithium va être mise en place au Ghana par ReElement Technologies Corporation, une filiale d'American Resources Corporation, en partenariat avec TECHGULF Ghana Limited, une entreprise technologique ghanéenne. La joint-venture a pour objectif de construire une installation de formation de pointe pour le traitement du lithium, à Takoradi, en mettant l'accent sur le développement des compétences et le transfert des connaissances afin d'autonomiser les talents locaux par l'intermédiaire de l'Université des mines et de la technologie (UMaT). La construction de l'usine de traitement du lithium et du centre de formation devrait débuter dans les prochains mois et s'achever au début de l’année 2025.
4. Le Ghana est riche d’autres minerais, sous exploités, avec un fort potentiel de développement.
Les autres minéraux exploités commercialement au Ghana sont le manganèse, la bauxite, et les diamants.
- La production de manganèse par la Ghana Manganese Company, en situation de monopole sur la production et l’exportation de manganèse ghanéenne, a diminué de 5 % en 2022 par rapport à 2021 – de 3,3 tonnes à 3,2 tonnes – notamment dû à une réduction du volume de minerai extrait et traité. Cependant, les recettes issues de la vente de manganèse ont augmenté de 38 % pour atteindre 186 M USD en 2022 contre 135 M USD en 2021. En 2024, le gouvernement, a annoncé être dans la phase finale des discussions pour l'établissement d'une raffinerie 450 M USD pour raffiner le manganèse que le pays produit ;
- La production de l'unique producteur de bauxite, la Ghana Bauxite Company, a aussi chuté de 0,839 M de tonnes en 2021 à 0,773 M de tonnes en 2022, après une baisse de production déjà enregistrée en 2021. Cette diminution de 8 % de la production résulte de difficultés techniques et opérationnelles à la suite d'un changement d’exploitant – un consortium ghanéen a officiellement pris en charge les affaires de la société et remplace le Bosai Minerals Group (Chine) 11 Par ailleurs, un Instrument Législatif sera proposé dans les prochaines semaines pour interdire l’exportation de bauxite brut au Ghana, dans le but de promouvoir le traitement local de ce minerai ;
- Les exportations de diamants sont en hausses depuis 2021. Le volume de diamants exportés par le principal acheteur de diamants produits au Ghana, la Precious Minerals Marketing corporation (PMMC) a augmenté de 52 % pour atteindre 82 252 carats en 2022. Cela s’explique par une augmentation de la production des producteurs artisanaux, les seuls producteurs de ce minerai depuis que l'unique producteur à grande échelle (Great Consolidated Diamond Company) a été placé en « entretien et maintenance ». Les recettes provenant de l'exportation de diamants sont passées de 1,6 M USD en 2021 à 3,7 M USD en 2022 (+ 131 %)11 ;
L’exploitation des réserves de minerais du pays est vouée à se développer fortement à moyen-terme, tout particulièrement pour la bauxite. En partenariat avec la société chinoise Sinohydro, le gouvernement développe l’exploitation de la bauxite, dont le pays abriterait l’une des dix plus grandes réserves au monde. Seule une faible quantité est aujourd’hui extraite par la Ghana Bauxite Company. L’Etat ghanéen souhaite atteindre une production de 5 M de tonnes, et faire du Ghana un centre ouest-africain pour l’industrie automobile.
[3] OVERVIEW OF THE MINERALS AND MINING ACT (COMPENSATION & RESETTLEMENT) REGULATIONS, 2012 (L.I. 2175) (mincom.gov.gh)
[4] Certaines entreprises, dont Gold Fields, ont signé des accords qui prévoient un taux de redevance variant entre 3 et 5 % en fonction du prix de l'or.