Tensions à Dhaka autour de la qualité de l’eau et du sous-approvisionnement

Un rapport publié le 17 avril 2019 par Transparency International Bangladesh[i] met en avant la très mauvaise qualité de l’eau et une offre très inférieure à la demande dans la capitale. D’après l’enquête, près de 45% des usagers ne reçoivent pas suffisamment d’eau par rapport à leurs besoins. Ce chiffre cache une très grande hétérogénéité en fonction des quartiers : de 19% dans les zones industrielles, il culmine à 72% dans les bidonvilles ; en passant par 46% dans les zones résidentielles. Le rapport pointe également la mauvaise qualité de l’eau, rapportant que 93% des personnes enquêtées retraitent l’eau afin de la rendre potable. Après l’affirmation du directeur de l’autorité de gestion de l’eau (DWASA) indiquant que 100% de l’eau était potable, des manifestations ont eu lieu plusieurs jours de suite devant le siège de l’organisation.

Outre cette tension avec certains citoyens, la ville connait une véritable situation de tension dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement.

La demande quotidienne s’établit actuellement entre 2,45 et 2,52 M m3 d’après DWASA. L’autorité annonce produire 2,55 M m3 par jour. Toutefois, le réseau public n’atteint pas les quartiers précaires et informels, qui représenteraient près de 30% de la population de la ville. De plus, le réseau d’alimentation est vieillissant et comporte de nombreuses fuites.

Trois projets importants permettront d’augmenter la capacité de production et de réduire la dépendance de la ville aux prélèvements dans les nappes phréatiques. Le projet de Saidabad phase 3 (sud) permettra en 2023 de produire 450 000 m3 additionnels. Ce projet est cofinancé par l’AFD, la KfW (Allemagne), DANIDA (Danemark) et la Banque Européenne d’Investissement. Le projet Gandharbpur (est), dont le marché a été remporté en mai 2018 par le consortium Suez Veolia, permettra de produire 500 000 m3 d’eau. L’usine sera située à l’est de Dhaka et un pipeline long de 22 kilomètres acheminera l’eau jusqu’à la ville. Ce projet est financé par la Banque Asiatique de Développement et l’AFD. Enfin, un projet de 450 000 m3 /jour est en cours à Jashaldia (sud), financé principalement par l’Exim Bank of China.

Dans le secteur assainissement, le manque d’infrastructures est encore plus criant, la ville de Dhaka ne disposant que d’une seule station de traitement, située à Pagla (sud-est). DWASA prévoit la rénovation de cette station obsolète et la construction de 4 usines supplémentaires. Seuls les travaux de l’unité de Dasherkandi (est) ont d’ores et déjà débuté en août 2018. Financée par l’Exim Bank of China et le gouvernement, elle permettra de traiter 500 000 m3 d’eaux usées dès sa mise en service prévue pour décembre 2019.

Ces tensions ont lieu dans un contexte de croissance démographique très forte (Dhaka et son agglomération devraient ainsi franchir en 2030 le seuil des 25 M habitants) et alors même que le Bangladesh a pris des engagements ambitieux en la matière dans le cadre des objectifs de développement durable.