Les trajectoires boursières des grands groupes chinois de l’internet, leurs prouesses technologiques et les épopées de certains de leurs  patrons (c’est le cas de Jack Ma, qui aurait été recalé de KFC avant de fonder Alibaba avec une dizaine d’amis pour enfin devenir l’homme le plus riche du pays) ont longtemps fait d’Alibaba, Tencent et consorts les principales incarnations d’un possible « rêve chinois » [1]. Depuis l’automne 2018, toutefois, les entreprises chinoises de l’internet ont enregistré plusieurs revers, qui se sont traduits par une révision de leurs perspectives de croissance, une chute de leurs taux de marge, une réduction des financements par les capital-risqueurs et, in fine, une correction de certaines valorisations boursières. En réaction, plusieurs grands groupes ont annoncé un ajustement de leurs stratégies ; et une large partie d’entre eux entreprend de réduire leurs dépenses de fonctionnement  - en procédant à des licenciements dans un nombre croissant de cas. Si une part de l’explication est liée à la conjoncture et si la réussite de ces groupes n’est pas remise en cause, cet « hiver de l’internet chinois » - comme le qualifient certains médias chinois - constitue néanmoins un rappel à la réalité et devrait augurer de changements de modèles chez certains acteurs.



[1] À partir de juin 2017,  de « nouvelles grandes inventions chinoises » le e-commerce, le paiement mobile, les bicyclettes en libre-service et le train à grande vitesse - au même titre que la boussole, la poudre à canon, le papier et l’imprimerie, jadis avaient été identifiées.