3ème pays investisseur et 3ème employeur étranger en Suisse, la France y est présente à travers plus de  1 700 entreprises générant près de 77 000 emplois, dont les plus importantes en termes d’effectifs sont Bouygues, Vinci, Axa, Atos et Saint-Gobain. Les investissements français en Suisse s’orientent principalement vers l’industrie manufacturière, le commerce, la construction, les services financiers et les hautes technologies.

 I. La France compte parmi les 5 principaux investisseurs étrangers en Suisse

1. La France est devenue le 3ème pays investisseur étranger en Suisse en 2021

Fin 2021, la France s’est classée au 3eme rang des investisseurs étrangers ultimes en Suisse (+1 place par rapport à 2020 et +2 par rapport à 2019), derrière les États-Unis et l’Irlande. D’après la Banque nationale suisse (BNS), le stock d’IDE français en Suisse s’élevait à 48,2 Mds CHF fin 2021, soit 4,5 % du stock total d’IDE en Suisse, un montant toutefois en recul de -18 % par rapport à l’année précédente. Si les stocks d’IDE français étaient restés stables en 2020 malgré les désinvestissements significatifs d’entreprises étrangères en Suisse      (-153 Mds CHF), la nouvelle vague de rapatriements de capitaux enregistrée en 2021 (-143 Mds CHF) a aussi affecté le stock français. Les données de la Banque de France divergent quelque peu de celles de la BNS : le stock d’IDE français immédiats en Suisse atteint 45,9 Mds EUR en 2021 selon les statistiques françaises.

Tableau 1. Stock d’investissements directs étrangers en Suisse par pays de l’investisseur ultime en 2021

Pays

Stock d’IDE en Suisse

(Mds CHF)

Part dans le stock total d’IDE en Suisse (%)

Etats-Unis

447,5

42,1

Irlande

104,4

9,8

France

48,2

4,5

Allemagne

42,1

4,0

Pays-Bas

40,4

3,8

Royaume-Uni

40,0

3,8

Source : Banque nationale suisse, Stock d’IDE en Suisse fin 2021 (2022)

2. Les entreprises françaises génèrent plus de 77 000 emplois directs en Suisse

En 2021, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), 964 groupes français étaient implantés en Suisse à travers 1 706 entreprises employant 76 755 personnes. La France conserve ainsi son rang de 3eme présence économique et 3ème employeur étrangers en Suisse, derrière l’Allemagne et les États-Unis. Les effectifs des filiales suisses de groupes français ont très légèrement diminué en glissement annuel (-0,8 %) et restent en-deça de leur plus haut palier atteint en 2019 (78 620 salariés).

Tableau 2. Filiales d’entreprises étrangères en Suisse, par pays d’origine en 2021

Pays

Nombre de filiales

Nombre d’employés

Allemagne

3 535

125 017

Etats-Unis

2 344

104 009

France

1 706

76 755

Royaume-Uni

1 5137

35 317

Source : Office fédéral de la statistique, groupes d’entreprises multinationaux (2022)

 II. Les investissements majeurs des entreprises françaises en Suisse ont été réalisées dans l'industrie manufacturière, le commerce, la construction et les services financiers 

1. Une concentration des investissements dans un nombre restreint de secteurs

D’après les données de la Banque de France, le stock d’IDE français en Suisse se concentre sur un nombre relativement restreint de secteurs : industrie manufacturière, énergie, immobilier, transports, commerce, services administratifs, information-communication ou encore finance et assurance. Cette répartition est en partie liée à la domiciliation en Suisse d’activités de négoce, de distribution et de sièges sociaux de portée mondiale. 

Selon l’OFS, les entreprises françaises présentes en Suisse sont principalement actives dans le commerce (25 % des filiales, 18 % des effectifs), la finance et l’assurance (15 % des filiales d’entreprises françaises et 15 % des effectifs), les activités scientifiques, l’industrie manufacturière et la construction. 

2. Des grands groupes ont implanté en Suisse des filiales exerçant des activités mondiales, afin de bénéficier de conditions cadres favorables, notamment pour le trading et la gestion de trésorerie

De nombreuses entreprises françaises sont implantées en Suisse pour y exercer des activités mondiales, en particulier financières. Elles bénéficient historiquement de condition-cadres (notamment la convertibilité du change) et fiscales favorables, même si la réforme fiscale de 2020 a réduit les marges de manœuvre des cantons du point de vue de la concurrence fiscale. La Suisse entend en outre appliquer l’accord de l’OCDE sur l’imposition minimale des multinationales dès 2024. Les filiales en Suisse de ces multinationales françaises exercent notamment des activités de négoce (l’un des 7 bureaux mondiaux de la filiale de négoce de Total Energies se situe à Genève), de centrales d’achat (le centre mondial d’achat de Carrefour se situe en Suisse) ou entrant dans la catégorie d’activités de holding (la trésorerie des activités en Europe de l’ouest du groupe Michelin et les flux financiers et les excédents de trésorerie de Stellantis sont gérés par des filiales suisses).

3.Dans le secteur industriel, les filiales d’entreprises françaises en Suisse mènent des activités à fort contenu technologique, qui tirent parti des pôles de compétitivité helvétiques (chimie, pharmacie, électronique)

Les entreprises françaises sont bien positionnées dans le secteur des hautes technologies. Thales compte 850 employés en Suisse répartis sur 10 sites dans les domaines du contrôle et de la signalisation ferroviaire, du spatial et de la défense (systèmes de communication, radars, équipements électroniques). En 2019, le groupe avait été retenu pour moderniser le système de surveillance aérienne de la Suisse. En 2022, Thales a procédé à l’acquisition de la branche Simulation & Training de son concurrent suisse RUAG (500 salariés, 90 M EUR de CA), devenant ainsi l’un des leaders européens des services d’entraînement des forces armées.

Safran est actif via 2 filiales en Suisse : Colibrys, spécialisée dans la production de micro-capteurs de mouvement (60 salariés), et Vectronix, fabricant d’équipements optroniques (180 salariés). Outre le contrat remporté en 2019 pour la livraison et la modernisation de jumelles de vision nocturne pour l’armée suisse, Safran cherche actuellement à tirer avantage du programme des offset lié à l’acquisition des F-35 américains.

En parallèle de son activité de distribution, Schneider Electric possède deux filiales dans les équipements électriques : i/ Gutor Electronique, qui dispose d’un site de production d’onduleurs de grande puissance (200 salariés) et ii/ Feller, fabricant d’interrupteurs et de systèmes de communication et de domotique (450 salariés).

Sanofi (250 employés en Suisse) y a implanté le siège de Sanofi Genzyme, spécialisé dans les maladies rares, la sclérose en plaque, l’oncologie et l’immunologie. Le groupe a conclu en 2017 un partenariat avec la société bâloise Lonza pour construire une usine commune de production de médicaments biologiques à Visp (Valais), représentant un investissement initial à parts égales de 290 M CHF. Le site est opérationnel depuis fin 2020.

4. En dépit d’un accès difficile, la pénétration dans le secteur de la construction est remarquable

Saint-Gobain emploie près de 2 000 personnes en Suisse et y réalise un chiffre d’affaires d’environ 1 Md CHF. L’entreprise se déploie à travers plus de 40 sites dans le pays, dont 10 sites de production de matériaux de construction (laine de verre, mortiers industriels, isolation, vitrages et plaques de plâtre).

Bouygues possède 5 filiales spécialisées dans la construction de routes, de bâtiments résidentiels et de tunnels ainsi que dans les services liés à l’immobilier et à l’énergie, employant plus de 6 300 salariés en Suisse (chiffre d’affaires supérieur à 1 Md CHF). Bouygues Energie & Services a racheté les activités de techniques et gestion du bâtiment de l’énergéticien suisse Alpiq en 2018 et se trouve aujourd’hui en phase d’absorption d’Equans (1 600 salariés en Suisse), rachetée à Engie en octobre 2022 pour 6,1 Mds EUR.

Vinci est présent en Suisse via (i) Vinci Energies, avec 23 filiales dans le domaine de la technique en bâtiment réparties sur plus de 70 sites dans toutes les régions du pays, dont les effectifs comptent plus de 3 260 personnes (738 M CHF de chiffre d’affaires en 2021) ; et (ii) Vinci Construction, avec 10 filiales en Suisse.

5.Les entreprises françaises développent des activités de services informatiques en Suisse

Capgemini dispose d’une filiale suisse de services technologiques (500 salariés) et a pris une participation de 20 % dans Azqore (filiale IT d’Indosuez Wealth Management, basée en Suisse) en 2018 afin de développer ses services d’externalisation de l’informatique et des opérations bancaires. Altran, qui fait partie du groupe Capgemini depuis 2020, est aussi fortement implanté dans le pays, où il emploie plus de 300 consultants.

ATOS, présent en Suisse via plusieurs filiales spécialisées dans le conseil en informatique et la programmation informatique (600 salariés), a fait à travers Worldline l’acquisition en 2018 de l’unité de paiement de Six, l’opérateur d’infrastructures et de services de la bourse suisse (1 600 salariés) pour 2,3 Mds EUR.

6. L’activité bancaire des groupes français se focalise dans la gestion d’actifs et la banque privée

Le Crédit Agricole emploie plus de 1 700 personnes en Suisse, notamment via sa filiale de gestion de fortune (Indosuez Wealth Management), dont les 1 000 salariés gèrent 40 Mds CHF d’actifs (9 000 clients).

BNP Paribas, présente en Suisse depuis 150 ans, compte environ 1 500 salariés dans la finance d’entreprise et la gestion de fortune. La ligne de métier de financement de matières premières a été fortement réduite.

La Société générale (650 salariés) y mène des activités diversifiées, comme la gestion de fortune, la distribution de fonds de placement, la banque d’investissement (conseil en activités marchés) et le leasing automobile.

Axa est le 1er assureur en Suisse avec 2 millions de clients, assurant environ 40 % des PME du pays. Elle y compte plus de 4 500 employés dont 3 000 agents dans son réseau de distribution de plus de 340 agences, et a enregistré un volume d’affaires de 5,5 Mds CHF en 2021, soit 15 % du chiffre d’affaires consolidé du groupe.

7. La plupart des grands groupes français dans le commerce et la distribution sont implantés en Suisse

Pour les entreprises françaises, la Suisse est un marché porteur et de proximité. Danone, Moët Hennessy et Pernod Ricard y distribuent leurs produits dans l’agroalimentaire, et L’Oréal dans la cosmétique (380 salariés). 

Le groupe Kering est implanté en Suisse à travers plusieurs filiales mais y a néanmoins fortement réduit sa présence depuis 2020, en transférant une partie des effectifs de ses centres logistiques tessinois vers l’Italie et en cédant en 2022 les deux manufactures horlogères neuchâteloises qu’il détenait. 

La chaîne de magasins FNAC est très présente en Suisse romande mais peine encore à séduire au-delà des zones francophones. Début 2023, FNAC annonçait la fermeture de 10 des 13 points de vente ouverts depuis 2021 en Suisse alémanique et dans le Tessin. La Redoute Suisse (environ 100 salariés) développe ses activités de vente par correspondance, en particulier sur le segment meubles, et plus récemment en physique, avec l’ouverture d’espaces dédiés (pop-up stores).  

Decathlon s’y est installé en 2017 et y a connu une croissance rapide après le rachat de son concurrent suisse Athleticum en 2018, exploitant désormais 29 magasins (1 000 salariés).

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