Le Venezuela traverse une crise économique sans précédent. La richesse nationale a été réduite de moitié en seulement 4 ans. En 2017, le PIB par habitant équivalait à son niveau de 1955.

Cet effondrement économique a généré une migratoire sans précédent. Selon les estimations faites en 2018 par l’organisation internationale des migrations (OIM), près de 3,5 millions de Vénézuéliens (12 % de la population) avaient émigrés au cours des 4 dernières années. Ces migrants se sont principalement rendus dans les pays du voisinage, notamment la Colombie (1 million de migrants vénézuéliens), le Pérou (635.000), l’Equateur (220.000), le Chili (187.000), l’Argentine (130.000), le Brésil (85.000), Guyana (36.400), Trinidad et Tobago (40.000), la République Dominicaine (28.500), Curaçao (26.000), Aruba (16.000) et la Bolivie (7.500). 

Les raisons de ces vagues d’émigration sont principalement économiques. Malgré les importants revenus pétroliers (947 Mds USD entre 2000 et 2019), le taux de pauvreté est passé de 45 % en 1998 à 87 % en 2017. Cette paupérisation s’illustre par la chute du pouvoir d’achat. En 2013, il fallait 2 salaires minimums pour couvrir le panier alimentaire d’une famille de 4,5 personnes. En 2018, pour les mêmes besoins, il fallait 23 salaires minimums. Selon une étude menée par ENCOVI, 93 % des personnes interrogées indiquaient avoir des revenus insuffisants pour couvrir leurs besoins alimentaires.

La faiblesse des revenus entraine des carences alimentaires. Selon ENCOVI, 86 % des personnes interrogées en 2016 mangeaient au plus 2 fois par jour. Parmi les sondées, 72 % affirmaient avoir perdu 8,7 kg en seulement quelques années. Les carences alimentaires ont continué de s’aggraver puisqu’en 2017, l’étude révélait que 2/3 de la population avait perdu 11,4 kg en moyenne. Qui plus est, 9/10ème de la population était incapable de couvrir ses besoins alimentaires. Selon Caritas, 2/3 des enfants de moins de 5 ans et la moitié des femmes enceintes souffraient de malnutritions en 2018.

La malnutrition, les pénuries de vaccins et le manque de médicaments entrainent une crise sanitaire aigue. Elle s’illustre notamment par la recrudescence des maladies autrefois éradiquées, notamment la diphtérie, la tuberculose, la malaria et la rougeole.

A cette situation sanitaire dégradée, se rajoute l’effondrement des services publics. Selon ENCOVI, 7 foyers sur 10 ne reçoivent pas quotidiennement l'eau courante et 1 foyer sur 4 subit régulièrement des coupures d'électricité. L’absentéisme à l’école s’accroit à cause des coupures d’eau et d’électricité (1 foyer sur 3) et du manque de nourriture (1 foyer sur 5).

 

Sources : Article de Marla Dukharan, Carribean Monthly Economic Report (février 2019) et les enquêtes ENCOVI sur les conditions de vie de la population vénézuélienne (universités UCAB, UCV et USB).